LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine, on se plonge dans le regard restauré du Saint Jean-Baptiste de Léonard de Vinci, on s’extasie devant les prousses techniques des artistes Disney, on regarde le marionnettiste Alexandre Haslé faire tomber « La Pluie  », on flirte avec le diable et on arpente Paris Photo.

ARTS. Retrouver le « Saint Jean Baptiste » restauré au Louvre, à Paris

Après une minutieuse restauration de dix mois, le Saint Jean-Baptiste, de Léonard de Vinci (1452-1519), est de nouveau visible, depuis mercredi 9 novembre, dans la Grande Galerie de peinture du Louvre, à Paris. L’œuvre a bénéficié d’« une restauration esthétique destinée à améliorer [sa] lisibilité, indique Sébastien Allard, directeur du département des peintures du Louvre. Le tableau, complètement englué de vernis, était devenu orange. La croix, la peau de bête comme les détails de la chevelure n’étaient plus visibles, au point qu’on s’interrogeait sur l’autographie. Il s’agit du tableau où Léonard est allé le plus loin dans le velouté des chairs, et le sfumato. »

Au premier abord, le tableau paraît encore bien sombre. Puis l’œil s’habitue à la palette de couleurs d’une grande sobriété, toute en ombre et lumière, voulue par le peintre. Si le visiteur patiente, une sorte d’intimité s’installe comme dans le face-à-face d’une conversation privée ; la bienveillance, mêlée d’espoir, de générosité, de sérénité, qu’expriment le regard et le sourire esquissé de Jean-Baptiste, opère. Ses boucles aux reflets blond vénitien rayonnent, la croix et la peau de bête sont bien là, dans l’ombre encore. Florence Evin

Musée du Louvre, Paris 1er. Tous les jours, de 9 heures à 18 heures, sauf le mardi, nocturnes jusqu’à 21 h 45 les mercredis et vendredis.

EXPOSITION. Disney, les prouesses techniques derrière la magie au musée Art ludique, à Paris

« L’Art des studios d’animation Walt Disney, le mouvement par nature », une exposition du musée Art ludique consacrée à Disney. | ART LUDIQUE

Le musée Art ludique invite le plus célèbre studio d’animation du monde à ouvrir ses coulisses au grand public. « L’Art des studios d’animation Walt Disney, le mouvement par nature », appréhende le travail des artistes sous l’angle de l’innovation, dans un parcours rythmé par les révolutions animées que les studios fomentèrent.

Au fil de l’exposition qui recense 350 œuvres essentiellement graphiques, prêtées par l’Animation Research Library (ARL, les archives des studios), dont certaines jamais montrées au public, chacune de ces découvertes est présentée en célébration de la virtuosité technique autant qu’artistique. Que les moins technophiles des visiteurs se rassurent : la science derrière la magie n’est qu’un fil rouge qu’Art ludique suggère, notamment grâce à un audioguide synthétique bien conçu. L’enjeu est de rendre aux centaines de petites mains méconnues l’admiration qu’elles méritent. Noémie Luciani

Art ludique - Le Musée, 34, quai d’Austerlitz, Paris 13e. Tel. : 01-45-70-09-49. Jusqu’au 5 mars 2017. De 11 € à 16,50 €

MARIONNETTES. Alexandre Haslé fait de nouveau tomber « La Pluie » au Lucernaire, à Paris

« La Pluie », un spectacle d’Alexandre Haslé d’après un texte de Daniel Keene. | LE LUCERNAIRE / CIE LES LENDEMAINS DE LA VEILLE

Le comédien, metteur en scène et marionnettiste Alexandre Haslé (compagnie Les Lendemains de la veille) a décidé de recréer son spectacle, La Pluie, quinze ans après les premières représentations à Aubervilliers en avril-mai 2001. Adaptée d’un court texte de l’écrivain et dramaturge australien Daniel Keene, cette création a tourné pendant huit années en France et à l’étranger.

Elle revient à Paris, sur les planches du Lucernaire, dans une version revisitée, mais qui, selon Alexandre Haslé, « demeure d’une triste et affligeante actualité », notamment avec la tragédie des migrants en Méditerranée. La pièce s’articule autour du récit d’Hanna, une vieille femme qui raconte comment, dans sa jeunesse, des gens pressés de monter dans un train lui ont confié des objets de toutes sortes – un petit garçon, notamment, lui avait donné une bouteille contenant de l’eau de pluie. A travers ces objets abandonnés, petits ou grands, en papier mâché ou en chiffon, elle évoque, pour leur rendre hommage, la mémoire de tous ces « voyageurs » qui ne sont jamais revenus de leur destination finale. Cristina Marino

Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e. Tel. : 01-45-44-57-34. Jusqu’au 26 novembre, du mardi au samedi à 19 heures. De 11 € à 26 €.

THÉÂTRE. Faust retrouve une jeunesse au Théâtre de la Colline, à Paris

De gauche à droite : Antoine Cegarra, Arthur Igual, Michèle Goddet dans « Angelus novus AntiFaust », mis en scène par Sylvain Creuzevault. | COMPAGNIE

Si Faust vivait aujourd’hui, qui serait-il ? Le metteur en scène Sylvain Creuzevault et sa bande d’acteurs répondent à la question, dans un spectacle, Angelus novus AntiFaust, qui convoque le mythe, à travers Goethe, et le conduit sur les chemins de la science et de la politique de notre XXIe siècle, en passant par Karl Marx.

Il faut accepter de se perdre, parfois, dans les propositions que nous fait cet « ange nouveau », tant elles sont multiples. Mais cette perdition ouvre la voie d’une autre forme de conscience, aiguisée par la perception sensorielle : Sylvain Creuzevault offre des images de toute beauté, dans la lignée de celles de Romeo Castellucci, et la troupe est portée par les ailes du désir d’embrasser un Faust revu et corrigé à la lumière du temps, en particulier les comédiennes, remarquables. Brigitte Salino

Théâtre national de la Colline, 15, rue Malte-Brun, Paris 20e. Tél. : 01-44-62-52-52. Vendredi et samedi à 20 heures ; dimanche à 15 h 30. De 15 € à 30 €.

PHOTOGRAPHIE. Une pluie d’images à Paris Photo au Grand Palais, à Paris

Montage de Paris Photo au Grand Palais à Paris, le 8 novembre 2016. | FREDERIC STUCIN POUR LE MONDE

La grande foire de l’image fixe, Paris Photo, fête son vingtième anniversaire, du 10 au 13 novembre, au Grand Palais à Paris. Il y en a pour tous les goûts, des photos anciennes et des tirages noir et blanc des années 1930, des images de mode et des paysages mélancoliques, même si la photo contemporaine occupe le devant de la scène.

Dans la foire, le premier étage est le plus spectaculaire, avec son espace réservé aux grands formats – avec, par exemple, la belle série du Japonais Issei Suda, « Fushikaden », 138 images présentées sur trois murs. Il ne faut pas manquer non plus la section livres, qui présente les meilleures productions d’ouvrages photographiques de l’année. Enfin, pour les amateurs de plus petits prix et de découvertes, les foires « off » sont nombreuses : Offprint et Polycopies pour les livres, Fotofever et le Salon de la photo pour les images. Claire Guillot

Paris Photo au Grand Palais, Paris 8e. Du 10 au 13 novembre. Entrée : 30 €. Offprint, Polycopies, Fotofever et Salon de la photo.