• Jean-Sébastien Bach
    Suites françaises, BWV 812 à 817

    Murray Perahia (piano)

Pochette de l’album « Jean-Sébastien Bach. Suites françaises », par le pianiste Murray Perahia. | DEUTSCHE GRAMMOPHON

Après une blessure mal opérée, Murray Perahia a dû interrompre momentanément sa carrière au début des années 1990. La musique de Bach est alors entrée dans la vie du pianiste virtuose américain, qui en a gravé maintes interprétations majeures, des Suites anglaises (1998 et 1999) aux Partitas dix ans plus tard, en passant par les concertos enregistrés dans la foulée des monumentales Variations Goldberg (2000). Pour son arrivée chez Deutsche Grammophon après quarante ans passés chez Sony, Perahia livre les Suites françaises qu’il a enregistrées en studio à la Radio de Berlin en 2013. On retrouve avec bonheur sa manière, les troublantes épousailles de la dynamique et du chant, des phrasés amoureusement modelés, un toucher poétique aux couleurs pavoisées. C’est l’esprit même de la danse qui prévaut dans cette sonorité à la fois puissante et subtile qui modèle la musique avec le recueillement et la ferveur d’une création neuve, dégagée de l’interférence du monde, des époques, des normes et des modes. Un Bach éternel, en quelque sorte. Marie-Aude Roux

2 CD Deutsche Grammophon.

  • The Rolling Stones
    Havana Moon

Pochette de l’album « Havana Moon », de The Rolling Stones. | ROLLING STONES RECORDS-EAGLE VISION/UNIVERSAL MUSIC

En plus de cinquante ans d’existence, les Rolling Stones ont joué à peu près partout dans le monde, à l’exception des terres glacées des pôles. Et, jusqu’au 25 mars 2016, Cuba ne figurait pas encore dans leur carnet d’adresses. Leur concert au stade Ciudad Deportiva aurait attiré 1,2 million de spectateurs venus découvrir le groupe britannique. Outre la grande scène, les écrans, les projecteurs et les décors de leur tournée en Amérique latine, les Stones sont arrivés avec tout ce qu’il fallait pour enregistrer et filmer. Qu’ils aient été plutôt en forme ce soir-là ou que la postproduction ait rattrapé des erreurs, en tout cas, Havana Moon, témoignage de cette soirée en 2 CD et 1 DVD, a plutôt bonne allure. Avec les compositions les plus célèbres du duo Jagger-Richards et peu de surprises dans le répertoire et l’interprétation – une reprise du Havana Moon composé en 1957 par Chuck Berry aurait été assez maline. Sylvain Siclier

2 CD et 1 DVD Rolling Stones Records-Eagle Vision/Universal Music.

  • Bonga
    Recados de Fora

Pochette de l’album « Recados de Fora », de Bonga. | LUSAFRICA/SONY MUSIC

C’est une voix à nulle autre pareille. Eraillée, brisée, mélancolique. Même dans les moments où les instruments (flûte, accordéon, guitares, cuivres et percussions) dansent. A 74 ans, après plus de trente albums, le chanteur angolais Bonga, installé à Lisbonne, reste le plus populaire passeur du semba et du rebita, les musiques « patrimoniales » de l’Angola. Il appelle à la mobilisation quand « des gens fuient, des gens pleurent, d’autres sont en prison pour s’être exprimés » (Ngo Kuivu, « J’ai compris »), accoste d’autres terres lusophones : Brésil et Portugal (Sodade, Meu Bem, Sodade, composé par le Brésilien Zé do Norte), Cap-Vert (la morna Odji Maguado), avec, en invités, les Cap-Verdiens Chico Serra (piano) et Bau (violon et cavaquinho). Patrick Labesse

1 CD Lusafrica/Sony Music.

  • Le Concert de la Loge
    Haydn – La Reine
    Henri-Joseph Rigel : Symphonie n4. Giuseppe Sarti : air de Didone abbandonata. Johann Christian Bach : air d’Endimione. Joseph Haydn : Symphonie n° 85, « La Reine de France ».
    Sandrine Piau (soprano), Julien Chauvin (violon et direction)

Pochette de l'album « Haydn –La Reine », du Concert de la Loge. | APARTE/HARMONIA MUNDI

Moins de deux ans après sa création, Le Concert de la Loge apparaît déjà comme une formation d’une rare plénitude. Son premier CD est de toute beauté. Programme aux multiples correspondances (notamment entre symphonique et lyrique), livret richement documenté et interprétation de haut vol, qui tient moins à l’emploi des instruments anciens qu’à l’intelligence de la lecture musicale. Joseph Haydn, compositeur fétiche de l’ensemble, en bénéficie avec une Symphonie (la 85e, surnommée « La Reine de France ») aussi majestueuse que légère. Mais les « petits maîtres » qui l’entourent sont tout aussi valorisés par le jeu exaltant du Concert de la Loge. Avec des cordes idéalement fouettées, Henri-Joseph Rigel constitue un entremets de choix avant deux régals de vocalité pré-mozartienne (Giuseppe Sarti, Johann Christian Bach) servis tout feu tout flamme par Sandrine Piau. Pierre Gervasoni

1 CD Aparte/Harmonia Mundi.