Kristina Mladenovic (à gauche) et Caroline Garcia, le 5 juin 2016 à Roland-Garros. Avec deux tenues différentes. | THOMAS SAMSON / AFP

La finale de la Fed Cup oppose ce week-end la France à la République tchèque à Strasbourg, et il nous tarde de voir à quoi ressembleront, en cas de victoire des Bleues, les félicitations que la Fédération française de tennis (FFT) adressera à Caroline Garcia et Kristina Mladenovic. Car c’est peu dire que les relations entre l’institution et les n°1 et 2 tricolores (23e et 42e mondiales) ont été fraîches ces derniers temps.

La dernière fois que « Caro » et « Kiki » ont joué sous le maillot bleu, c’était aux Jeux olympique de Rio, en août, et l’histoire s’était achevée dans l’invective, à l’issue de ce qui restera dans l’histoire du tennis français comme le « textilegate ».

Rappel des faits, si vous les aviez oubliés : le 6 août dernier, les deux camarades pensaient pouvoir disputer le premier tour du tournoi olympique de double dans leurs tenues fétiches respectives, puisque la FFT leur avait assuré la veille qu’elles en avaient le droit. Le jour du match, elles avaient frôlé la disqualification, car le règlement des Jeux stipule en fait qu’une équipe de double doit jouer dans des ensembles de la même couleur. Par chance, Kristina Mladenovic disposait d’une seconde tenue que Caroline Garcia avait pu enfiler, non sans l’avoir retournée pour en faire disparaître le sponsor, différent du sien. Le duo, pourtant n°1 mondial à l’époque (désormais n°2), avait été éliminé, et Kristina Mladenovic n’avait pas tardé à s’en prendre à la Fédération :

L’« incompétente » FFT, elle, n’avait pas tardé à répliquer et à suspendre « à titre conservatoire », le 28 août, les deux joueuses ayant « bafoué l’institution fédérale et abîmé l’image du tennis ». Le moment avait été curieusement choisi : l’US Open allait débuter. « Cela ne m’a pas du tout étonnée venant d’eux, avait réagi Kristina Mladenovic. Ils sont doués pour avoir le bon timing pour des annonces comme ça... » La paire s’était tout de même hissée en finale (perdue) du tournoi de double, mais à deux mois et demi de la finale de la Fed Cup, pour laquelle la France était alors déjà qualifiée, les deux meilleurs joueuses du pays n’étaient plus sélectionnables.

Le rétropédalage raisonnable de la FFT

Moins d’un mois plus tard, le 24 septembre, la FFT décidait finalement qu’il n’était peut-être pas nécessaire de se saborder et rétropédalait, en levant la suspension des deux joueuses – tout en maintenant celle infligée à Benoît Paire, lui aussi sanctionné pour son comportement à Rio. Asseoir son autorité et défendre son honneur bafoué ? D’accord. Affronter la République tchèque sans ses deux plus gros atouts ? Il y a des limites.

Tout est donc rentré dans l’ordre. Mais même avec Garcia et Mladenovic, qui ont disputé à elles deux l’intégralité des rencontres au premier tour (à savoir le quart de finale face à l’Italie) et au second (la demie face aux Pays-Bas), l’affaire s’annonce compliquée. L’équipe emmenée par Amélie Mauresmo s’attaque à une nation double tenante du titre, et sacrée lors de quatre des cinq dernières éditions de la version féminine de la Coupe Davis – l’an passé, la France avait été éliminée par les Tchèques en demi-finale.

Si la rencontre va jusqu’au double décisif...

Karolina Pliskova, finaliste à l’US Open en septembre, et Petra Kvitova, titrée à Wimbledon en 2011 et 2014, sont respectivement n°6 et n°11 mondiales. Kristina Mladenovic reconnaît que les Françaises partent « de très loin sur le papier ». « J’ai hâte d’y être, mais j’aurais préféré affronter une autre équipe que les Tchèques, confesse Caroline Garcia. Elles ont tellement de grandes joueuses, elles pourraient constituer deux équipes avec toutes les joueuses qu’elles ont dans le Top 50 . » Elles n’en comptent en fait que quatre, soit une de plus que la France, mais leur capitaine Petr Pala partage le sentiment général : « Nous avons une équipe vraiment forte et je pense que nous y allons en tant que favoris. »

La capitaine de l’équipe de Frane de Fed Cup Amélie Mauresmo (au centre), entourée de Pauline Parmentier, Kristina Mladenovic, Caroline Garcia et Alizé Cornet (de gauche à droite), le 8 novembre 2016 à Strasbourg. | PATRICK HERTZOG / AFP

« Ce que je dis aux filles, c’est que le classement reflète 52 semaines. Nous, on a besoin de deux jours : sur cinq matches, il peut se passer beaucoup de choses, tempère Amélie Mauresmo, qui fait partie de la dernière équipe de France lauréate en Fed Cup, en 2003, aux côtés de Mary Pierce. On a des filles capables d’élever leur niveau de jeu pour battre des top joueuses. Il faut être les actrices de cet événement. C’est ce qu’elles ont fait jusqu’à présent dans toutes les rencontres. On a une marche assez haute devant nous, on va tout faire pour aller la chercher. »

Kristina Mladenovic ouvrira le bal face à Karolina Pliskova, samedi à 14 heures. Dans la foulée, Caroline Garcia défiera Petra Kvitova. Le lendemain, dès 13 heures, les adversairses seront inversées : Garcia-Pliskova, puis Mladenovic-Kvitova. Si d’aventure, après ces quatre rencontres, le score était de 2-2, alors aurait lieu le double décisif, où la paire Mladenovic-Garcia, victorieuse cette année à Roland-Garros, aurait une réelle chance. A condition de ne pas avoir de probblème de tenue.