Il a décidé de tenir une position à contre-courant. Alors que les discours « anti-système » font florès parmi les responsables politiques, que ce soit aux Etats-Unis avec Donald Trump ou en France avec Marine Le Pen ou Nicolas Sarkozy, un élu de droite s’élève contre le rejet croissant des élites. Dans un ouvrage intitulé ironiquement « Salaud d’élu » (éditions Cent Mille Milliards, 260 pages, 19 euros), paru le 9 novembre, le député (Les Républicains) du Vaucluse Julien Aubert dénonce la tentation de recourir à des arguments « démagogiques » pour gagner des voix. « Tout pays a besoin d’une élite, et ce n’est pas en niant son rôle ou en lui coupant la tête qu’il se porte mieux », affirme cet énarque de 38 ans qui se présente comme « un pur produit de la méritocratie républicaine ». Et à ceux qui en douteraient, il le rappelle : « Une très large partie des élus est honnête, travailleuse et sincère, tous partis confondus. »

Elu à l’Assemblée depuis 2012, ce magistrat de la Cour des comptes, qui est opposé à Marion Maréchal-Le Pen au niveau local, tente de démonter un à un « les clichés » sur les élus – « tellement répétés qu’ils sont devenus des vérités pour les citoyens » – en s’érigeant contre le sentiment du « tous pourris » croissant dans l’opinion.

« Avantages, clientélisme, copinages, cumuls, retraites, immunités… », M. Aubert réfute un à un les maux dont on accuse les élus. Ces derniers se seraient engagés en politique simplement pour s’enrichir ? S’il admet que « les parlementaires sont indemnisés confortablement », l’auteur souligne aussi que 27 000 maires de communes de moins de 1 000 habitants touchent moins de 1 000 euros net par mois. Et de demander : « Qui accepterait de travailler plus de quarante heures par semaine pour une indemnité inférieure au smic ? » Autres idées reçues auxquelles il essaie de « tordre le cou » : un député ne dispose pas d’une voiture ou d’un logement de fonction ; un homme politique n’est pas au-dessus des lois et peut être poursuivi ; les affaires de corruption restent faibles puisque en 2014, Transparency International ne recensait que 250 décisions de justice pour 600 000 élus en France…

M. Aubert, qui fait partie des élus LR ne soutenant aucun candidat pour la primaire à droite, revendique un « livre pédagogique » pour « prendre à contre-pied, avant qu’il ne soit trop tard, tous les discours de comptoir qui favorisent la radicalisation du peuple ». Avec l’objectif revendiqué de « guérir la France de sa fièvre antidémocratique ».