Christiane Taubira sur les dérives et la désinformation en ligne
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Les réseaux sociaux sont-ils responsables lorsqu’ils sont utilisés, comme cela a été le cas durant la campagne électorale américaine, pour diffuser des informations inventées de toutes pièces pour tromper les électeurs ? Ou sont-ils, comme l’affirment depuis leur création les PDG de ces entreprises, de simples plates-formes, par essences neutres ? « Les responsables de ces réseaux doivent être responsabilisés, ils ont une responsabilité », dit avec insistance Christiane Taubira, invitée dimanche 13 novembre de l’émission « Questions politiques » de France Inter, Franceinfo et Le Monde.

Le 10 novembre, deux jours après l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, Mark Zuckerberg, patron de Facebook, a répondu aux nombreuses critiques à l’encontre de son réseau social, accusé d’avoir pesé sur l’élection américaine : « L’idée que de fausses informations sur Facebook, qui ne représentent qu’une toute petite partie des contenus, aient influencé la présidentielle est une idée assez dingue. » Une réponse qu’il a développée dimanche dans un message sur Facebook, dans lequel il précise que, selon les équipes de Facebook, « 99 % du contenu » circulant sur le réseau social est « authentique ».

« Désinformation méthodique »

Sans aller jusqu’à préconiser une forme de censure, Mme Taubira estime que la direction de Facebook « s’exonère un peu trop facilement » des abus commis sur sa plate-forme. Pour l’ancienne garde des sceaux, « Internet est un espace de liberté, de circulation d’informations, de connaissances, de savoir, de discussions, un lieu de rencontre absolument irremplaçable. Mais cet espace virtuel ne peut pas être complètement hors de toute règle, de tout principe, de toute éthique ».

Citant pêle-mêle la « désinformation méthodique » mise en place par l’équipe de M. Trump, ou encore les usurpations d’identité dont elle a elle-même été la cible, Mme Taubira juge que les contrôles sur le réseau social sont insuffisants et donnent « une capacité de mobilisation à des choses infâmes ».

« Ce sont des réseaux qui sont très lucratifs. C’est trop facile, on ne peut pas être dégagé de toute responsabilité, dit Mme Taubira. Je conçois la difficulté de permettre toute l’effervescence de la liberté, mais [les dirigeants des réseaux sociaux] ne peuvent pas se dégager de toute responsabilité. Il faut qu’ils l’assument. »

En France, la loi prévoit que les réseaux sociaux, comme tous les espaces de discussion en ligne, bénéficient sous certaines conditions du statut relativement protecteur d’« hébergeur ». Leur responsabilité pénale est limitée tant qu’ils suppriment, après signalement, les contenus manifestement illégaux hébergés sur leur service.