Les forces kurdes irakiennes ont détruit des habitations d’Arabes dans les territoires disputés du nord de l’Irak, déplore dimanche 13 novembre l’ONG Human Rights Watch (HRW).

Dans son rapport, l’ONG américaine dénonce « des destructions illégales de bâtiments et d’habitations, et dans plusieurs cas de villages entiers, entre septembre 2014 et mai 2016 », sans préciser ce qu’il en est depuis la bataille pour la reprise de Mossoul, engagée le 17 octobre.

Les forces kurdes ont profité ces dernières années d’opérations lancées contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) pour reprendre et consolider leur présence dans des territoires disputés entre eux et le gouvernement fédéral à Bagdad.

Ces destructions ont touché « 17 villages et localités à Kirkouk et quatre autres dans le gouvernorat de Ninive », dont Mossoul est le chef-lieu. Elles ont été faites par « le feu, des équipements lourds ou par explosif », détaille HRW.

Des images satellitaires laissent envisager des destructions dans 62 autres villages repris par les forces kurdes, mais l’ONG estime que le manque de témoignages ne lui permet pas de tirer de « conclusions définitives » sur ces cas.

Déplacement de population

Elle a par ailleurs dit avoir présenté ses conclusions au gouvernement du Kurdistan irakien, qui a annoncé l’ouverture d’une enquête et répondu à certaines allégations.

Les autorités d’Erbil ont ainsi affirmé que la plupart des destructions ont été provoquées par les frappes aériennes de la coalition internationale contre l’EI dirigées par les Etats-Unis. D’autres seraient dues, selon Erbil, à des explosions provoquées par l’EI, précise HRW.

La dispute sur ces territoires, situés à la lisière de la région autonome du Kurdistan, trouve son origine dans l’arabisation au début des années 1990 de ces zones par le président déchu Saddam Hussein, qui a chassé des dizaines de milliers de Kurdes, contraints de fuir vers le nord.

D’après HRW, Massoud Barzani, président de la région autonome kurde, a déclaré ne pas avoir l’intention d’autoriser les Arabes à retourner dans les régions où ils s’étaient installés avec l’aide du régime de Saddam Hussein. « Ces zones demeurent, à ses yeux, des territoires kurdes », explique l’ONG.

En janvier, avant l’actuelle offensive sur Mossoul, Amnesty International accusait déjà les forces kurdes d’avoir détruit des milliers de maisons dans le nord de l’Irak dans une tentative apparente de déplacer les populations arabes.