Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de droite, en meeting au Palais Nikaia à Nice, mardi 15 novembre 2016. | JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

Un vrai pragmatique. Alors qu’il avait fait d’Alain Juppé sa cible quasi exclusive ces dernières semaines, Nicolas Sarkozy a décidé d’adapter son discours à la nouvelle donne, à droite, en cette fin de campagne de la primaire : la progression continue de François Fillon dans les sondages. Au point de menacer les positions de l’ex-chef de l’Etat, solidement installé à la deuxième place depuis plusieurs mois. En hausse de 10 points, le député de Paris serait au coude à coude avec M. Sarkozy au premier tour, derrière Alain Juppé, et l’emporterait au second tour aussi bien face au maire de Bordeaux que contre l’ex-chef de l’Etat, selon un sondage Opinionway diffusé mardi 15 novembre.

La menace Fillon plane ? M. Sarkozy attaque, en condamnant la volonté de son rival d’augmenter de deux points le taux normal de TVA contre une baisse massive des cotisations des entreprises. « J’assume de refuser toute hausse de la TVA, car je ne suis pas candidat pour imposer aux classes populaires et aux classes moyennes une mesure aujourd’hui à l’opposé de ce dont l’économie française a besoin », a-t-il lancé, mardi, lors d’un meeting à Nice (Alpes-Maritimes) au palais Nikaia.

Fillon, le « collaborateur »

Manière de faire passer l’ex-premier ministre pour un candidat qui baissera le pouvoir d’achat des Français quand lui se targue de promettre, à l’inverse, « une baisse de l’impôt sur le revenu de 10 % pour tous les contribuables ». Dans la foulée, M. Sarkozy s’est permis d’administrer une leçon de politique fiscale à son ex-premier ministre, qui prétend détenir le projet le plus crédible pour redresser le pays : « Les impôts baisseront parce qu’on reformera la retraite, l’assurance-chômage, le RSA, l’assurance-maladie, pas par des tours de passe-passe fiscaux ! »

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Le matin même, l’ex-président avait déjà rabaissé celui qu’il avait qualifié de « collaborateur » lors du précédent quinquennat, en lâchant sur RTL : « Je décidais des réformes que François Fillon mettait en œuvre. » Sans oublier de rappeler qu’il avait été « élu » alors que son ex-chef de gouvernement avait moins de mérite puisqu’il avait été « nommé »… L’ambiance du meeting de Nice renforçait l’impression qu’e M. Sarkozy avait intégré la menace Fillon. Alors qu’il a l’habitude d’employer un ton martial face à ses militants, il a souvent pris le soin de dérouler son discours sur un ton posé, mardi soir. Parfois même en chuchotant… Comme s’il tentait de séduire l’électorat du député de Paris, qui apprécie la radicalité de M. Fillon sur le fond, sans la brutalité sur la forme.

Juppé, candidat « d’une petite élite »

Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de droite, en meeting au Palais Nikaia à Nice, mardi 15 novembre 2016. | JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

S’il a décidé de cibler son poursuivant, M. Sarkozy a surtout concentré ses attaques contre Alain Juppé, qui le devance dans les sondages, en le dépeignant comme « le candidat d’une petite élite » et de « la pensée unique » quand lui serait celui du « peuple » ; comme l’artisan d’une « alternance dans l’héritage de François Hollande » quand lui garantirait une « alternance forte »… Devant près de 3 500 de ses partisans, il a reproché à son rival sa prudence et sa modération : « Le cauchemar français, c’est la victoire du parti de la faiblesse et du renoncement. »

Dans cette ville frappée par les attentats de juillet et où le Front national réalise de gros scores, l’ex-président a sans surprise tenu un discours musclé sur l’immigration et la lutte contre le terrorisme, en déclinant ses principales propositions : rétablissement des « contrôles à toutes nos frontières », enfermement préventif des fichés « S », suspension du regroupement familial… « Je serai le président du rétablissement de l’autorité », a-t-il promis après avoir dressé un portrait sombre d’une France « gravement menacée de toutes parts ».

Le matin même, l’homme d’affaires Ziad Takieddine s’est invité dans la campagne de M. Sarkozy. A cinq jours du premier tour, il a affirmé dans un entretien à Mediapart avoir remis à l’ex-président et à son camp cinq millions d’euros provenant du régime Kadhafi en 2006 et 2007. Selon un communiqué de son avocat, M. Sarkozy a opposé un « démenti formel » à ces nouvelles accusations de M. Takieddine, en mettant en cause son « absence de crédibilité » et en promettant des « poursuites judiciaires ».

Enquête sur le financement de la campagne de Sarkozy : « Des circuits financiers extrêmement tortueux »
Durée : 03:12
Images : Donald Walther / Le Monde.fr