Compilation Hit Z Road by Zegut : sortie le 8 avril 2016
Durée : 01:23

Sa gouaille est intacte, ses yeux bleus toujours aussi perçants et sa barbe encore plus longue et blanche. A 64 ans, Francis Zégut est en pleine forme. Et, s’il n’a pas envie de « s’accrocher aux branches », l’animateur prévoit de lâcher le micro « quand sa fille aura passé son bac », soit dans deux ou trois saisons. En attendant, ­« Zégut » fête ses 40 ans de radio à RTL, puis à RTL2.

Jeudi 17 novembre, de 22 heures à minuit, l’animateur de « Pop-Rock Station », sera en direct du « Grand Studio » pour une émission en public. Au programme, un live du groupe français de rock Last Train. « Ça fait deux ans que je les suis. Ce sont des mômes qui étaient au collège ensemble. Ils ont commencé il y a douze ans. Il y a de la guitare dans leur histoire. Ça me fait du bien. Je ne suis pas ­contre l’électro quand c’est super-bien fait, mais là je retrouve mes ­racines », lance-t-il pour justifier ce choix qui peut apparaître surprenant. En effet, le nom de Francis Zégut est irrémédiablement associé au hard rock. Dans les années 1980, ses hurlements ont bercé les « graisseuses et les graisseux » qui écoutaient « Wango Tango » le soir tard sur RTL.

Pour cette émission anniversaire, Francis Zégut va également tendre son micro à quelques auditeurs ­fidèles, comme Cyril Calmeau, un biker qui se déplace désormais en fauteuil roulant après un grave accident de moto. « Il a trouvé une autre passion dans l’illustration et le dessin. C’est lui qui a réalisé la couverture de Hit Z Road, vol. 2 », raconte-t-il. Cette compilation de 71 titres est livrée avec un album de photos que l’animateur a prises lors de son dernier road trip aux Etats-Unis. Le disque, qui ne réunit pas que des morceaux de hard rock, débute avec… Cry Me a River, interprété par Julie London en 1955. « Plus qu’une compilation, il s’agit d’une programmation. Comme le petit climax que j’essaye de créer chaque soir à la radio en mélangeant les époques et les sons », explique l’animateur. « Même si j’ai toujours autant d’amour pour le metal, j’ai évolué avec le temps. Quand j’avais 15 ans, j’écoutais Led Zeppelin et mon premier 45-tours fut Love Me Do des Beatles, en 1962. J’ai baigné dans le classic rock, les Stones, les Who. Plus tard, j’ai fini par apprécier les Cocteau Twins et Dead Can Dance qu’écoutait ma copine. J’ai toujours été curieux. »

Francis Zégut sur RTL2 en août 2014. | ELODIE GRÉGOIRE

Une chose cependant ne change pas chez Francis Zégut, c’est son indépendance. A l’heure où les stations FM sont ultra-formatées, et que les titres diffusés sont soumis à des tests et passent à la moulinette de logiciels de programmation, lui continue de composer sa playlist à l’ancienne.

Selon ses goûts et son humeur, il mélange de vieux morceaux à des nouveautés qu’il pioche dans ses 500 Go de morceaux MP3 stockés sur un disque dur. Seule concession, il accepte de donner à l’avance sa liste au programmateur de la station « pour éviter, précise-t-il, les doublons juste après ou avant l’émission ».

Alors que les radios libres se développaient sur la bande FM au cours des années 1980, Francis Zégut est resté fidèle à la station périphérique, et ce pendant plus de vingt-cinq ans. Dans les coulisses tout d’abord, après qu’un copain, en 1976, lui propose de le remplacer comme standardiste de l’émission de Max Meynier « Les Routiers sont sympas ». Puis au micro, lorsqu’on lui demande, au début des années 1980, de faire une maquette d’émission sur le hard rock.

Une famille

La radio est comme une famille pour cet enfant qui fut placé un temps en famille d’accueil. « Je me suis retrouvé au trou du cul du monde, dans une ferme en Normandie, chez des vieux, avec des camarades qui me traitaient de Parigot tête de veau. J’étais très seul. L’amour de la musique m’est venu à cette période. J’écoutais alors Salut les copains”. La radio ouvrait une petite fenêtre avec un peu de lumière. Ça me donnait envie de chanter », confie-t-il avec émotion.

Dans les années 1990, il s’intéresse à l’émergence du « nouveau Far West » qu’est Internet. Avec ­Arnaud Chaudron, il devient un des premiers geeks à animer des émissions de radio baptisées successivement « Zik Mag », « Plug In » ou « Zikweb ». Puis, au tournant des années 2000, il fait partie, avec Philippe Bouvard, de la charrette de départs organisée par la direction de RTL qui souhaite rajeunir l’antenne. Une nouvelle carrière commence à RTL2. « J’étais comme le roseau. J’ai plié, mais je n’ai pas cassé. Quand on m’a demandé de rejoindre RTL2 pour l’incarner, je n’ai pas pris ça pour une punition, même si je ne connaissais rien à la FM. »

Francis Zégut reste cependant un cas à part à la radio. « Elle a ­cultivé beaucoup d’amuseurs, mais pas d’animateurs musicaux », regrette-t-il. Une anomalie que l’on regarde avec intérêt, alors que les plates-formes musicales concurrencent les stations qui diffusent en boucle les mêmes ­titres. « Il faut des référents car, au bout de quelques mois, on en a marre d’une playlist toute faite. C’est comme ça qu’on se démarquera, sauf si l’on pense que la musique n’est qu’un accompagnement », estime Francis Zégut.