Chaunte Lowe aux Jeux olympiques de Rio, dont elle a pris la quatrième place. | IVAN ALVARADO / REUTERS

Si la saison d’athlétisme est terminée, celle des contrôles positifs se prolonge. Le Comité international olympique (CIO) a annoncé jeudi 17 novembre de nouvelles sanctions pour dopage suite à des contrôles rétroactifs réalisés sur des participants aux Jeux de Pékin et de Londres. Et, au milieu des traditionnels haltérophiles et lutteurs, habitués des communiqués du CIO, deux sauteuses en hauteur : la Russe Elena Slesarenko et l’Ukrainienne Vita Palamar.

Toutes les deux ont été contrôlées positives au turinabol, un stéroïde anabolisant. Elles n’étaient que quatrième et cinquième, respectivement, du concours olympique. Sauf qu’il y a six mois, la Russe Anna Chicherova, médaillée de bronze, avait elle-même annoncé un contrôle positif au turinabol lors du même concours, entraînant par la suite sa disqualification.

Magie du sport contemporain, la sixième du saut en hauteur des Jeux olympiques de Pékin pourrait donc se voir attribuer plus de huit ans après les faits la médaille de bronze.

« Une cérémonie des médailles sur Facebook »

Elle s’appelle Chaunte Lowe, 32 ans. Elle aime bien danser à côté du sautoir après avoir passé une barre difficile.

Favorite Olympian? Chaunte Lowe knows how to get the party started!
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Elle est aussi très présente sur les réseaux sociaux.

Chaunte Lowe a appris la nouvelle sur Facebook, grâce à deux camarades sauteuses en hauteur, la championne olympique de Pékin Tia Hellebaut et l’Allemande Adriane Friedrich, septième du même concours. « C’était une cérémonie des médailles sur Facebook ! », écrit-elle sur...Twitter.

C’est ensuite sur son compte Instagram qu’elle a annoncé la nouvelle à ses supporteurs, publiant une photo du podium de 2008 avec ce commentaire : « Je découvre donc aujourd’hui que j’aurais dû être sur cette photo. Médaillée de bronze olympique, enfin, huit ans plus tard. »

So I find out today that I was supposed to be in this picture. Finally an Olympic Bronze medalist 8 years later.

Une photo publiée par Chaunte Lowe Howard (@chauntelowe) le

Mère de trois enfants, Chaunte Lowe a échoué à la quatrième place aux JO de Rio, et à la sixième il y a quatre ans à Londres.

Une médaille loin d’être attribuée

Mais elle n’a pas encore sa médaille en main. Anna Chicherova a fait savoir, par la voix de son mari, qu’elle ferait appel devant le Tribunal arbitral du sport de la perte de sa médaille de bronze. Slesarenko et Palamar peuvent aussi faire appel.

Enfin, ce sera à la fédération internationale d’athlétisme (IAAF) de décider si cette médaille de bronze est réattribuée. Si l’échantillon de Chaunte Lowe prélevé après l’épreuve n’a pas été réanalysé, ou si Chaunte Lowe n’a pas été contrôlée ce jour-là, doit-elle pouvoir la récupérer ?

Quoi qu’il en soit, Chaunte Lowe ne récupèrera pas les primes et les contrats publicitaires auxquels elle aurait eu droit après une médaille olympique.

Le délai record avant la réattribution d’une médaille après un contrôle positif revient au titre olympique du 4 x 400 mètres masculin des Jeux olympiques de Sydney, en 2000 : l’or a été remis aux Nigérians 13 ans après, suite à la disqualification de Jerome Young, relayeur américain. Entre-temps, l’un des relayeurs nigérians était mort et deux autres Américains étaient tombés pour dopage.

Dans la cascade de contrôles positifs rétroactifs annoncés ces derniers mois, c’est la première fois qu’il faut aller, dans une épreuve d’athlétisme, jusqu’à la sixième place pour trouver une potentielle médaillée de bronze n’ayant pas été contrôlé positive.

Une situation presque devenue banale en haltérophilie. Le record revient au concours des 94 kilos à Londres, où il a fallu descendre à la cinquième place pour trouver le nouveau potentiel champion olympique (l’Iranien Saeeid Mohammadpour) et à la neuvième pour trouver le médaillé de bronze : le Polonais Tomasz Zielinski... lui-même contrôlé positif à la nandrolone aux Jeux olympique de Rio.