Dans la salle d’opération de la fondation Alcor, en Arizona, on prépare les « patients » morts à la « cryopréservation ». Ils seront conservés à – 196 °C. | ALCOR LIFE EXTENSION FOUNDATION

Une adolescente souffrant d’un cancer en phase terminale a remporté, peu avant sa mort, une victoire sans précédent devant la justice britannique : le droit d’être cryogénisée, dans l’espoir que la médecine du futur puisse la ressusciter et la soigner. Son corps a désormais été transféré aux Etats-Unis dans un établissement spécialisé en cryogénisation.

Prise en octobre dernier par le juge Peter Jackson, de la Haute Cour de Londres, cette décision n’a été rendue publique que le vendredi 18 novembre, conformément aux souhaits de la défunte, qui avait également demandé le respect de son anonymat. En raison de son état, elle n’avait pas pu assister à l’audience.

Le père s’y opposait

Dans une lettre adressée au juge, la jeune fille, atteinte d’une forme rare de cancer, l’avait prié de lui donner une chance de « vivre plus longtemps ».

« J’ai seulement 14 ans et je ne veux pas mourir mais je sais que je vais mourir. Je crois que le fait d’être cryo-conservée me donne une chance d’être soignée et de me réveiller, même si c’est dans plusieurs centaines d’années. »

Le souhait de l’adolescente avait créé un conflit familial, son père, divorcé de sa mère, y étant opposé, et ayant exprimé des craintes quant au coût et aux conséquences du projet de sa fille.

« Même si le traitement réussit et qu’elle est ramenée à la vie dans, disons, 200 ans, elle pourrait n’avoir aucun proche autour d’elle et ne se souvenir de rien », avait-il dit au juge, avant finalement d’évoluer vers une position plus proche des aspirations de sa fille.

Le juge salue le « courage » de la jeune fille

Dans sa requête, l’adolescente demandait à la justice de donner à sa mère tous pouvoirs pour prendre les dispositions relatives à sa dépouille. Au cours des huit dernières années de sa vie, l’adolescente n’avait d’ailleurs eu aucun contact en face-à-face avec son père.

Après avoir statué en sa faveur, le juge Jackson a expliqué avoir pris sa décision dans l’intérêt de la jeune fille, et pour trancher un conflit familial, mais pas sur une base scientifique.
« Ce n’est pas surprenant que cette requête soit la seule dans son genre devant les tribunaux de ce pays, et probablement ailleurs » dans le monde, a-t-il également déclaré, selon l’agence Press Association. « C’est un exemple des nouvelles questions que la science pose à la loi », a-t-il souligné, en saluant le « courage » dont la jeune fille avait preuve face à l’épreuve qu’elle vivait.