LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine, on admire les acrobaties du cirque Gruss, on vibre au son d’orchestres en tout genre, on court au festival des Inrocks et on écoute la langue de Proust au théâtre.

CIRQUE. Cavalcades et voltiges endiablées sous le chapiteau Gruss, à Paris

Entre la magnifique allure des chevaux et le corps musculeux des acrobates, on ne cesse de s’extasier, sous le chapiteau d’Alexis Gruss, qui a installé ses caravanes et ses écuries au bois de Boulogne pour son nouveau spectacle, Quintessence. Ni clown ni fauve ni éléphant au programme, mais des chevaux – quarante, de différents types et robes – montés par trois générations de Gruss, patriarche en tête, et les acrobates de la compagnie Les Farfadais, qui croisent habilement leurs talents.

D’un numéro à l’autre, soutenus par l’orchestre de Sylvain Rolland qui joue en live pendant toute la durée du spectacle (2 h 30), l’écuyer se fait jongleur, la danseuse fildefériste, le voltigeur cavalier. Cavalcades endiablées, galops d’enfer alternent avec les numéros de voltige. Et quand, par malchance, cela dérape, pas question de rester sur un échec, on remonte en selle, avec le sourire ! Sylvie Kerviel

Chapiteau Alexis Gruss, carrefour des Cascades, porte de Passy, Paris 16e. Jusqu’au 19 février 2017. Les mardis, jeudis et vendredis à 20 heures, samedis à 16 heures et 20 heures, dimanches à 16 heures. De 20 € à 75 €.

MUSIQUES. Orchestres en fête dans toute la France

ORCHESTRES EN FÊTE

Après les acteurs Michel Blanc, Smaïn et Julie Gayet, le rappeur Abd Al Malik, le trompettiste Ibrahim Maalouf et la créatrice de mode Agnès b., c’est au tour du dessinateur de bande dessinée, Enki Bilal, de parrainer l’opération Orchestres en fête, dont la huitième édition se tiendra du 18 au 20 novembre dans toute la France.

Créée en 2008 par l’Association française des orchestres, l’événement a pour but de faire mieux connaître, comprendre et surtout apprécier le monde de la musique symphonique au travers de concerts, créations, musique de chambre (notamment dans les bars), ateliers de découverte, répétitions, « flashmobs » et rencontres avec les artistes.

D’un fest-noz symphonique avec l’Orchestre de Bretagne à Rennes aux chœurs de smartphone du « Beethoven on line » de Bernard Cavanna avec l’Orchestre de Lyon, en passant par une répétition du Château de Barbe-Bleue, de Bartok à Metz et un cycle Schumann avec Christian Zacharias et l’Orchestre de Lille, ce sont quelque vingt-trois phalanges symphoniques qui proposeront en quatre jours pas moins de 72 événements, dont 43 concerts dans toute la France, parmi lesquels un foisonnant focus de douze concerts autour du « Mythe Beethoven » à la Philharmonie de Paris. De bien riches heures en perspective. Marie-Aude Roux

Orchestres en fête. Du 18 au 20 novembre.

ARTS DE LA SCÈNE. New Settings #6 au Théâtre de la Cité internationale, à Paris

« Monumental », de Jocelyn Cottencin. | JOCELYN COTTENCIN

Avec des spectacles inclassables ayant comme point commun de convier les arts plastiques sur scène, New Settings est devenu, en six éditions, l’un des rendez-vous de l’automne à la Cité internationale, à Paris. Cette année, le programme de soutien à la création et diffusion de la Fondation d’entreprise Hermès y présente cinq spectacles. La saison s’ouvre avec Monumental, du Français Jocelyn Cottencin, et Cutting Edge, du Finlandais Kalle Nio et son groupe WHS.

Dans le premier, douze performeurs incarnent ensemble une série de monuments, sculptures ou mémoriaux auxquels ils s’emploient à donner vie à partir de leurs formes et gestuelles figées : bunker, Bourgeois de Calais, de Rodin, bourse du travail, cathédrale, château d’eau… voire émoticons ! Un exercice physique et ludique qui se déploie au milieu d’un vestiaire arc-en-ciel disposé au sol, dans lequel les interprètes puisent en continu.

Cutting Edge, première incursion de New Settings dans l’univers de la magie, est une variation autour d’un thème qui traverse l’histoire de l’humanité comme celle de l’art : la décapitation – jusqu’à son retour à l’ère d’Internet avec l’organisation Etat islamique. Or sa mise en scène se trouve aussi être le principe de l’un des grands classiques de la magie. Trois interprètes portent un spectacle conçu comme une suite de tableaux à l’esthétique noire et onirique, où les têtes défient les lois de l’attraction terrestre et populaire. Saisissant. Emmanuelle Jardonnet

TCI, 17, boulevard Jourdan, Paris 14e. Vendredi 18 : « Monumental » (19 heures), suivi de « Cutting Edge » (20 h 30). Samedi 19 : « Cutting Edge » (20 h 30). Pour consulter l’ensemble du programme : Theatredelacite.com (« BOMBYX MORI » d’Ola Maciejewska, « I Wish I Could Speak in Technicolor », de Simon Tanguy et Roger Sala Reyner, et « Man Anam ke Rostam Bovad », d’Ali Moini). Tarifs : de 7 € à 22 €.

FESTIVAL. Les Inrocks à Paris, Tourcoing, Nantes et Bordeaux

The Lemon Twigs - These Words
Durée : 03:46

Ceux qui enragent de ne plus pouvoir obtenir de billet pour la première soirée parisienne du festival Les Inrocks proposant, vendredi 18 novembre, à la Cigale, une affiche française de haut niveau (Paradis, Lescop, Her, Juliette Armanet), pourront peut-être faire un saut au Stereolux de Nantes, le lendemain. C’est en effet le principe de cet événement itinérant de déplacer plusieurs de ses plateaux entre Paris, Tourcoing (Nord), Nantes et Bordeaux, jusqu’au 22 novembre.

Au programme de cette 29e édition, quelques têtes d’affiche, tels les bluesmen touaregs de Tinariwen, l’electro chatoyante de Cassius, le néo-psychédélisme de Jagwar Ma, mais surtout une myriade d’excitantes découvertes. A ne pas rater parmi ces dernières : l’arrogance tranchante (et animalière) de jeunes Anglais (Rat Boy et les filles de Goat Girl), le minimalisme funk de Parcels, la puissance soul du Français Adam Naas, le lyrisme envoûtant de Pumarosa, l’encyclopédisme vintage des frangins américains (17 et 19 ans) des Lemon Twigs, etc. Stéphane Davet

Les Inrocks Festival, du 18 au 22 novembre, à Paris (la Cigale, la Boule Noire, le Bataclan), Tourcoing (Le Grand Mix), Nantes (Stereolux) et Bordeaux (Rock School Barbey). De 16,50 € à 30,50 €.

THÉÂTRE. Marcel Proust vu par Krzysztof Warlikowski au Théâtre de Chaillot, à Paris

TAL BITTON

Porter à la scène A la recherche du temps perdu, c’est tenter l’impossible. Krzysztof Warlikowski s’y essaye, en fin connaisseur de Marcel Proust, dont il offre une vision personnelle et passionnante de l’œuvre. Pas de madeleine, pas de temps perdu. Le metteur en scène polonais pose son regard sur deux thèmes couplés à La Recherche : l’antisémitisme et l’homosexualité.

Son spectacle, qui s’appelle Les Français, montre un monde qui se perd, à travers la chronique d’une société dont Proust prédit la fin, et Warlikowski l’apocalypse qui en naîtra, avec les camps dans les ruines de l’Europe.

Paul Celan s’invite sur la scène avec sa Fugue de la mort, le capitaine Dreyfus est convoqué dès le début pour écouter son acte d’accusation, et le monologue où Charlus compare Paris avec Pompéi ou Sodome résonne comme un désaveu cinglant d’aujourd’hui, avec ce « oui, nous nous sommes abîmés dans le dilettantisme ».

On sent une colère chez Krzysztof Warlikowski qui, avec Les Français, défend une haute idée de l’art, magnifiée par des moments d’une beauté stupéfiante où s’enlacent la vidéo, la musique et l’exaltation crucifiée des corps, à travers l’intensité affolante du jeu des comédiens. Brigitte Salino

Théâtre national de Chaillot, Paris 16e. Tél. : 01-53-65-30-00. A 19 heures. De 11 € à 35 €. Durée : 4 h 30. En polonais surtitré.