Le logo de Volkswagen dans une usine à Wolfsburg, en Allemagne, le 25 février 2013. | Fabian Bimmer / Reuters

Le plan de réduction des coûts s’appelle « pacte d’avenir ». C’est le plus important entrepris par le groupe Volkswagen depuis des décennies. Il prévoit, d’ici à 2020, 4 milliards d’euros d’économie par an, impliquant la suppression de 30 000 emplois, dont les deux tiers en Allemagne. Le groupe automobile allemand a confirmé, vendredi 18 novembre au matin, lors d’une conférence de presse, les informations publiées la veille par le quotidien économique Handelsblatt.

Le plan était en négociation depuis plusieurs semaines entre la direction de VW et les représentants des salariés. Bernd Osterloh, le très puissant président du comité d’entreprise, négociateur en chef des intérêts des travailleurs chez VW et membre du conseil de surveillance, a obtenu que tous les sites de production soient conservés. En Allemagne, les réductions d’effectifs concerneront principalement les sites du nord du pays et se feront sans licenciement sec, via des mises à la retraite anticipées et des temps partiel liés à l’âge. A l’étranger, l’essentiel des suppressions d’emplois aura lieu en Amérique du Nord et au Brésil, où les ventes se sont effondrées.

Investissements dans la voiture électrique

Ce plan n’est pas seulement l’une des conséquences du scandale des moteurs diesel, qui frappe le groupe depuis septembre 2015. La crise a servi de prétexte pour entamer une immense restructuration chez VW qui, derrière ses résultats étincelants depuis plusieurs années, accuse une très faible rentabilité sur sa marque principale : Volkswagen. Le marché chinois, véritable vache à lait du groupe depuis plusieurs années, est en perte de vitesse. Et la révolution liée à la voiture électrique et au numérique va bouleverser le constructeur, resté longtemps étranger à ces deux tendances. Or, la voiture électrique est beaucoup plus simple à construire et implique beaucoup moins de pièces à usiner et monter. Et donc beaucoup moins de travailleurs. Pour un groupe comme VW, cette révolution implique une transformation complète de son modèle de production. « Nous préparons le tournant le plus radical que nous ayant connu dans l’industrie automobile jusqu’à maintenant » a déclaré vendredi matin Herbert Diess directeur de la marque Volkswagen.

Pour faire face à ce bouleversement, VW a également prévu de réduire ses investissements dans le développement, révèle le Handelsblatt. Ces dernières années, ceux-ci se montaient à à environ 16 milliards d’euros annuels. A l’avenir, VW dépensera moins, et orientera les fonds en priorité sur les projets d’avenir. Le groupe a annoncé la création de 9 000 emplois et un investissement de 3,5 millards d’euros dans la voiture électrique.

Herbert Diess est le grand maître de cette gigantesque restructuration. Ancien de BMW, il a rejoint VW à l’été 2015, juste avant le déclenchement du scandale diesel. Un avantage certain dans une phase où le groupe veut incarner un changement de culture. Le manager, qui jouissait chez son ancien employeur d’une réputation de « chasseur de coûts », veut ramener la rentabilité au sein de la marque Volkswagen.

23 000 emplois supprimés en Allemagne

Une tâche déjà nécessaire avant l’affaire des moteurs diesel, et devenue urgente après : c’est la marque qui va devoir endosser le gros des coûts liés au scandale. Le groupe avait mis en réserve 18,2 milliards d’euros en 2015 pour y faire face. Après l’accord américain, qui a coûté 15 milliards d’euros au groupe, il est devenu évident que la somme ne suffirait pas. Selon les experts, le coût du dieselgate pourrait s’élever au total à 30 milliards d’euros. Un poids insupportable pour la marque Volkswagen, qui a dégagé, sur les neufs premiers mois de l’année, une marge de seulement 1,6 %, ce qui correspond à un bénéfice opérationnel de 1,24 milliards d’euros. Herbert Diess veut hisser cette marge à 4 % d’ici à 2020, puis à 6 % au-delà.

La facture va essentiellement être portée par les salariés allemands. Un signe fort dans une entreprise qui compte 610 000 salariés dans le monde, dont près de 280 000 en Allemagne. Les 23 000 emplois supprimés d’ici à 2020 ne sont qu’un début. Le groupe devrait poursuivre la décrue dans les années suivantes, prenant acte du bouleversement rapide en cours dans la création de valeur de l’automobile. Avec le développement en cours du véhicule électrique et l’émergence des services de taxis, qui pourraient à terme circuler sans conducteur, le nombre de voitures vendues pourrait s’écrouler dans les prochaines décennies. Et les véhicules produits le seront dans des usines où les robots prendront peu à peu la place des hommes. Les conséquences pour l’Allemagne, pays où l’automobile est au coeur de l’industrie et de la prospérité du pays, sont gigantesques.

En attendant, VW veut continuer à gagner de l’argent avec les véhicules les plus appréciés du public. Les SUV, ces fameux 4x4 urbains qui ont connu une croissance ininterrompue depuis leur apparition au tournant des années 2000, seront développés. Et la Volkswagen I.D., un véhicule électrique à l’autonomie de 500 km, présenté lors du dernier salon de l’automobile de Paris, produit en série à partir de 2020, pourrait à terme remplacer la Golf.