Entrée sud de l’Aren’Ice de Cergy-Pontoise, à l’architecte inspirée d’un bloc de glace sculpté. | CAP

Monolithe blanc aux formes épurées, marbré de verre, l’Aren’Ice de Cergy-Pontoise, dans le Val-d’Oise, apparaît au détour d’un rond-point tel un bloc de glace posé sur l’horizon. Discrètement ouverte au public le 5 novembre, la plus grande patinoire de France est officiellement inaugurée samedi 19 novembre, avec un grand show d’animations, des matchs et des spectacles (programme ici).

Dessinée par le cabinet d’architectes Chabanne et partenaires, la luxueuse structure abrite deux pistes aux normes internationales de 1 800 m2 chacune. L’une ludique, pour tout public, baignée de lumière ; l’autre, intérieur noir, pour les hockeyeurs, sertie de gradins d’une capacité de 3 000 à 4 500 spectateurs, selon qu’elle est configurée en mode sport ou spectacles. « L’orientation architecturale a été pensée par rapport au besoin sportif », explique Lionel Devaux, responsable des grands projets pour Chabanne.

N’est-ce pas disproportionné pour une agglomération de 200 000 habitants de banlieue ? Pas du tout, estime la Fédération française de hockey sur glace (FFHG), qui y a installé son siège, moyennant un loyer annuel de 380 000 euros. Tout le personnel a quitté les vieux locaux d’Issy-les-Moulineaux, certes moins loin de Paris mais tellement moins beaux qu’à Cergy.

La FFHG a aussi profité du projet, débuté en 2007, pour y créer son propre « centre national ». Cette dénomination officielle a contribué à convaincre les investisseurs et a permis de boucler le budget, de 43 millions d’euros – dont 19 millions payés par l’Etat et la région et 24 millions par la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise. Voisin de couloir de la Fédération, au premier étage, l’Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA) a, elle, décroché le contrat d’exploitation de l’Aren’Ice.

La régie de l’Aren’Ice gère le son et lumière.

Intérieur noir pour la patinoire pro de l’Aren’Ice. | CAP

Ce 19 novembre l’enceinte va être pleine à craquer. De la piste ludique, ouverte gratuitement au public dès 10 heures, à la grande salle multisports. Là, les « Jockers de Cergy », club local de hockey sur glace de D2, rencontrent les « Français volants de Paris », un choc entre le premier et le troisième au classement joué à guichets fermés devant 3 000 personnes. Un sacré changement pour les Jockers, club francilien qui compte 310 licenciés, habitué à tourner autour des 400-500 spectateurs par match.

« Cela va être un beau spectacle ! Comme dans tout derby, il y a de la rivalité. Les Parisiens sont sur une pente ascendante, cela ne va pas être facile ; nous, on a à cœur de faire bonne figure sur la nouvelle patinoire », décrypte Antoine Dubois, 31 ans, capitaine des Jockers. Les conditions sont optimales, avec une glace maintenue à – 10 degrés Celsius, des sièges munis de souffleurs à 19 °C dans les gradins, un son et lumière au top.

Répétition des danseurs sur la piste de l'Aren'Ice, le 18 novembre, veille de l'inauguration. | CAP

L’infrastructure est unanimement appréciée. « On vient d’un hangar, où les gradins étaient en dur, la sono mauvaise et nos locaux aveugles [la patinoire de la préfecture], confirme Christophe Cuzin, manageur général des Jockers. « Là, c’est un autre monde ! C’est génial. La Fédé est là, cela crée une dynamique. Mais maintenant il faut être à la hauteur. »

Objectif Ligue Magnus

L’homme voit grand pour ses 310 licenciés, dont 80 de moins de 9 ans : l’élite. La sélection féminine est championne en titre. Les garçons, eux, visent la Ligue Magnus « dans cinq à six ans ». Mais auparavant ils doivent remonter en D1. Ensuite, il faudra quadrupler le budget, actuellement de 500 000 euros annuels.

« La Ligue Magnus ? C’est réalisable, juge Antoine Dubois. Maintenant qu’on a les outils nécessaires, allons-y gaiement ! » Il manque juste de nouveaux partenaires. Et peut-être enclencher un processus de professionnalisation progressif. Actuellement, seuls les deux joueurs étrangers du club sont professionnels. Les autres sont ingénieurs informaticiens, maçon, agent immobilier, instituteur… « On forme un gros panel socioprofessionnel ! »

Samedi 19 novembre, ils vont faire un « match plein » pour l’emporter et – surtout ? – faire la promotion de leur sport, qui ne compte que 21 000 licenciés. L’inauguration de l’Aren’Ice est l’occasion de séduire des spectateurs qui connaissent peu le hockey. Et de les faire revenir, pour pratiquer ce sport « spectaculaire » ou assister au Tournoi qualificatif olympique (TQO) de la sélection féminine, les 15, 16 et 18 décembre.

En attendant la nouvelle année. Ils vont alors côtoyer les Bleus sur la glace. L’équipe nationale doit en effet s’entraîner à l’Aren’Ice pour préparer le Mondial de hockey 2017 organisé conjointement par la France et l’Allemagne du 5 au 21 mai. « Je devrais retrouver des joueurs avec lesquels je jouais en junior, espère Antoine Dubois, qui a débuté ce sport à 4 ans et demi. Mais j’aimerais surtout rencontrer les deux ou trois joueurs qui évoluent dans le championnat américain : ce sont de véritables extraterrestres. »

La patinoire grand public de l’Aren’Ice de Cergy-Pontoise. | GUILLAUME GUERIN

Accès

33, avenue de la Plaine-des-Sports (RER Cergy-Saint Christophe, puis quinze minutes à pied).