Lors d'une conférence de presse, Salaheddine Mezouar, président de la COP22, s'est exprimé pour faire un bilan de cette édition du sommet sur le climat en compagnie de ministres et dignitaires marocains. | ARTHUR GAUTHIER/HANS LUCAS POUR LE MONDE

La 22e Conférence des Nations unies sur le climat (COP22), conclue vendredi 18 novembre à Marrakech s’était fixé un ordre de jour technique : préciser le calendrier de mise en œuvre de l’accord de Paris adopté en décembre 2015 à l’issue de la COP21. Tard dans la soirée, les 197 délégations ont validé le principe d’une finalisation de ces discussions en novembre 2018, lors de la COP24 attribuée à la Pologne.

Mais avec l’élection du climatosceptique Donald Trump à la Maison Blanche, deux jours après le début de ses travaux, la conférence a dû faire face surtout à un risque de fracture politique. Frank Bainimarama, le premier ministre fidjien et président de la COP23 (qui sera accueillie à Bonn, en Allemagne, compte tenu des faibles capacités financières du petit Etat du Pacifique), en a pris la mesure vendredi. Et a invité dans son discours le président américain à se rendre dans le Pacifique pour y observer les effets dévastateurs du réchauffement.

La diplomatie climatique réunie dans la ville ocre a déployé beaucoup d’efforts pour rappeler sa détermination à suivre le cap tracé à Paris. Elle redoute qu’un désengagement des Etats-Unis, s’il était confirmé après la mise en place de l’administration Trump, ne crée un problème de leadership et ne provoque un appel d’air pour les pays les plus hostiles au processus. La Russie, très silencieuse pendant la COP22, semble se contenter d’une attitude attentiste. « Les pays pétroliers ne sont pas bloquants », assure par ailleurs un négociateur français.

L’UE promet de rester mobilisée

La Chine, qui a noué depuis 2014 une relation bilatérale forte avec Washington sur l’action climatique, a martelé, par la voix de son chef négociateur, que ses objectifs de réduction d’émissions restaient inchangés. « La volonté de la Chine de travailler avec les autres pays demeure », a assuré Xie Zhenhua. « L’accord Chine-Etats-Unis sur le climat, autrement dit des deux pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre, a été un jalon essentiel vers Paris, insiste Cassie Flynn, experte climat du Programme des Nations unies pour le développement. On peut espérer qu’ils restent tous deux très impliqués dans ce dossier ».

L’Union européenne a promis de rester mobilisée. Un isolationnisme américain pourrait se traduire par un renforcement de son poids diplomatique, à condition pour l’UE de régler la question de son propre leadership interne.

Pas d’avancée sur les financements

Cette deuxième COP marocaine, après celle de 2001, a permis à certaines coalitions régionales de se faire entendre. Vendredi 18 novembre, 48 pays membres du « Climate Vulnerable Forum », représentant plus d’un milliard de personnes, se sont engagés à relever leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre « avant 2020 » et à produire 100 % d’énergies renouvelables « aussi tôt que possible ».

La thématique des énergies renouvelables a par ailleurs été abordée au sommet des chefs d’Etat africains organisé le 16 novembre par le roi du Maroc, Mohammed VI, à travers l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables pour laquelle un accord de 6 millions d’euros de dons de l’Etat français a été conclu. Reste que la question plus globale du financement – les 100 milliards de dollars par an promis d’ici à 2020 par les pays du Nord pour permettre aux pays du Sud de s’adapter au changement climatique – n’a pas connu d’avancée notable.

« La plupart des pays développés sont arrivés à Marrakech sans annonces concrètes ni financements pour aider les populations les plus pauvres à s’adapter aux effets des changements climatiques et à accéder aux énergies renouvelables, estime Lucile Dufour, du Réseau Action Climat. Pour l’instant, les gouvernements s’appuient sur des dynamiques souvent entamées par les entreprises, les villes et territoires, les associations. Mais seuls les Etats peuvent fixer le cadre réglementaire qui permettra de réaliser plus rapidement la transition vers une énergie 100 % renouvelable et respecter les objectifs décidés à la COP21. »