Grenoble EM propose des conférences et ateliers, souvent facultatifs, sur une quinzaine de thématiques : intelligence émotionnelle, prise de parole en public, confiance en soi… | Wikimedia commons

« Connais-toi toi-même » Bien qu’elle n’enseigne pas la philosophie, Grenoble Ecole de management (GEM) pourrait reprendre à son compte la maxime socratique. Voilà en effet une quinzaine d’années que l’établissement s’intéresse au développement personnel, allant jusqu’à en faire, il y a deux ans, l’un des quatre piliers de son modèle pédagogique, fondé par ailleurs sur la « posture active » des élèves, les projets en groupe et la gestion des imprévus. Tout au long de l’année, GEM propose ainsi conférences et ateliers, souvent facultatifs, sur une quinzaine de thématiques : intelligence émotionnelle, prise de parole en public, confiance en soi… Parmi les nouveautés de 2016-2017, des séances de « yoga du rire » seront l’occasion de lâcher prise et d’évacuer son stress, avant d’identifier les causes de celui-ci lors du débriefing.

Prendre du recul

En effet, le principe commun aux ateliers est d’amener les étudiants à prendre du recul sur eux-mêmes grâce à la technique de l’écoute active. « En me mettant à la place de celui qui parle, j’ai ressenti la satisfaction d’être pris en considération, ainsi que l’apaisement de voir mon idée comprise par l’autre. A l’inverse, j’ai mesuré l’effort de concentration nécessaire à une véritable écoute », témoigne Sébastien ­Cornuau, 21 ans, qui a ensuite appliqué cette méthode avec ses camarades dans un projet collectif. « Apprendre à communiquer est essentiel pour bien travailler en groupe, estime-t-il. Non seulement à l’école, mais surtout plus tard, dans le monde professionnel. »

Plus largement, c’est la capacité d’adaptation que GEM souhaite développer chez ses étudiants. « Les entreprises attendent des jeunes qu’ils soient prêts à passer d’une mission à l’autre, tout en contribuant à des projets transversaux », constate Armelle Godener, directrice de la pédagogie. D’où la nécessité, selon elle, « d’être à l’affût des opportunités et de développer des compétences dont on sent qu’elles pourraient manquer bientôt. Cela impose de s’interroger pour savoir ce que l’on fait bien ou pas ».

Dans cette perspective, des ateliers de théâtre visent à faire prendre conscience aux étudiants de l’image qu’ils renvoient, à travers leur posture, leur gestuelle, leur souffle. « J’ai acquis certains réflexes en situation professionnelle, atteste Johanna Mirgon, en troisième année. Aujourd’hui, je pense à la manière de me tenir et de placer mes mains. Et le travail d’improvisation nous apprend à mieux réagir face, par exemple, à son supérieur hiérarchique. »

Dédramatiser pour progresser

Autre utilisation du théâtre, plus originale : la possibilité de présenter son rapport de stage sous forme d’une saynète. C’est ainsi que Johanna a mis en scène une réunion organisée quand elle travaillait dans une start-up new-yorkaise. « Alors que nous préparions un événement important à ­Times Square, une information mal transmise avait créé une situation de crise, raconte la jeune femme. En me mettant en scène, moi la stagiaire française, face au directeur irlandais des opérations, j’ai pu faire ressortir l’importance de la communication interne au sein d’une petite équipe, qui plus est multiculturelle. » Le tout avec un peu d’humour, pour dédramatiser la situation.

Joué par des élèves, le sketch constitue le point de départ d’une discussion, et non pas une soutenance classique où l’étudiant est seul face au jury. « Là, il y a vraiment de l’interaction, apprécie Johanna Mirgon. On partage nos expériences en analysant le fonctionnement des entreprises. » « Ce système permet d’exprimer des choses qui n’auraient jamais émergé lors d’une soutenance », observe de son côté Armelle Godener, qui évoque notamment des cas de harcèlement moral. Quant aux étudiants moins à l’aise avec le théâtre, ils peuvent opter pour l’écriture d’une nouvelle afin de « transformer une situation stressante en une expérience formatrice ».

De la même manière, dans l’atelier « prise de lead », les étudiants explorent les ressorts de la décision en partant de leur vécu, afin de comprendre pourquoi il est souvent aussi difficile de trancher. Certains, en recherche de stage, évoquent leur dilemme quand il faut choisir entre une PME ou un grand groupe. « L’objectif est de repérer certains mécanismes et de lever des freins », explique Armelle Godener, qui souhaite « généraliser le processus : à la rentrée 2018, tous les élèves du programme grande école devront se confronter à cette prise de recul et à ce travail de remise en cause, à travers au moins trois temps forts obligatoires chaque année ». Une formation qui pourrait avoir un impact au-delà. Car si GEM se concentre sur les compétences utiles en entreprise, le développement personnel ne s’arrête évidemment pas aux portes de l’école.

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