Depuis l’élection de Donald Trump, les personnalités défilent à travers les portes tambour de la tour Trump sur la Ve Avenue. | © CARLO ALLEGRI / REUTERS

C’était la première rencontre entre le président élu et un dirigeant étranger. Jeudi 17 novembre, Donald Trump a échangé avec le chef du gouvernement japonais, Shinzo Abe. Sur les images de cette rencontre, on voit la fille de Donald Trump, Ivanka, ainsi que son époux, Jared Kushner. De quoi relancer les interrogations sur le rôle politique que pourrait jouer le couple auprès du président.

Depuis son élection à la présidence des Etats-Unis, mardi 8 novembre, Donald Trump cherche à dissiper l’impression d’improvisation entourant son équipe de transition. Après avoir beaucoup consulté, il procède aux premières nominations à des postes régaliens.

Tandis que les personnalités défilent à travers les portes tambour de la tour Trump sur la VAvenue de New York, les médias, comme le Washington Post, spéculent sur la composition de la future administration. Le compte Twitter de Donald Trump donne des indications sur l’état d’avancement de la transition.

Traduction : « Le processus est très organisé tandis que je décide de la composition du cabinet et d’autres nominations. Je suis le seul à savoir qui seront les finalistes ! »

Traduction : « Mon équipe de transition, qui travaille de très longues heures et fait un fantastique boulot, rencontrera plein de super candidats aujourd’hui. »

L’influence croissante de Jared Kushner

Au sein de l’équipe de transition présentée le 11 novembre, sa famille est fortement présente. Outre les trois enfants de Donald Trump, Eric, Donald Jr. et Ivanka, le clan familial inclut aussi son gendre, Jared Kushner, à l’influence croissante. Lors de la première rencontre entre Donald Trump et le président sortant, Barack Obama, à la Maison Blanche, Jared Kushner a été vu marchant dans les jardins de la Maison Blanche, aux côtés du chef de cabinet de Barack Obama, Denis McDonough.

Jared Kushner, le mari d’Ivanka Trump, arrive à la tour Trump, le 14 novembre 2016. | © CARLO ALLEGRI / REUTERS

Selon les médias américains, c’est lui qui a manœuvré pour éloigner Chris Christie, le gouverneur républicain du New Jersey, de Donald Trump. Quand il était procureur général du New Jersey, Chris Christie a fait emprisonner, en 2004, Charles Kushner – homme d’affaires influent dans le New Jersey et contributeur aux campagnes démocrates –, et père de Jared, pour fraude fiscale et subornation de témoins.

Ancien élève d’Harvard, diplômé de droit de la New York University, Jared Kushner a pris les rênes de l’entreprise immobilière créée par son père et a réalisé une série d’opérations immobilières juteuses à Manhattan. Il a racheté il y a dix ans l’alors très élitiste journal The New York Observer. Il est issu d’une famille juive orthodoxe proche des démocrates, et sa discrétion contraste avec l’exubérance de sa belle-famille.

Son statut a rapidement évolué au sein de la galaxie Trump : en juillet, Vanity Fair évoquait l’évolution de son statut, de « Mini-Me » de Donald Trump à « Raspoutine » du milliardaire.

Selon le New York Times et le Wall Street Journal, il aurait rencontré un avocat pour étudier quelles seraient les possibilités légales pour qu’il rejoigne l’administration du 45président des Etats-Unis. Donald Trump aurait exprimé le désir de voir son gendre le suivre à la Maison Blanche, qu’il souhaite diriger comme il a mené ses affaires : en famille.

Loi contre le népotisme

Il reste que le président devra respecter les dispositions de la Federal Anti-Nepotism Law (loi fédérale contre le népotisme) de 1967. Ce texte interdit aux titulaires d’une charge fédérale d’employer les membres de leur famille. Cette loi, adoptée sous Lyndon Johnson, était une réponse à la nomination de Robert F. Kennedy au poste d’attorney general par son prédécesseur John F. Kennedy.

Le site Politico a consulté des avocats ayant travaillé pour les administrations Obama et George W. Bush : tous s’accordent à considérer qu’une nomination de Jared Kushner contreviendrait à la loi de 1967, même si M. Kushner n’était pas payé. Ainsi, Jimmy Carter n’a pu faire entrer son fils comme stagiaire à la Maison Blanche, rappelle Richard W. Painter, responsable de l’éthique de l’administration George W. Bush au New York Times.

Aux débuts de la présidence de Bill Clinton, des opposants avaient engagé des poursuites contre le président qui avait nommé son épouse à la tête d’un groupe de travail sur les politiques de santé. En vain, car la première dame n’avait pas de poste attitré.