L’envoyé spécial de l’ONU Staffan de Misruta s’entretient avec le ministre des affaires étrangères syrien, Walid Muallem, le 20 novembre à Damas. | HO / AFP

« D’ici à Noël, en raison de l’intensification des opérations militaires, on verra un écroulement [...] de ce qui reste à Alep-Est, et vous pourriez avoir deux cent mille personnes fuyant vers la Turquie, ce qui serait une catastrophe humanitaire. » La mise en garde de Staffan de Mistura, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, témoigne de l’impuissance qui saisit la communauté internationale alors qu’une nouvelle offensive du régime de Bachar Al-Assad plonge depuis une semaine Alep dans la terreur.

Depuis mardi 15 novembre, un déluge de roquettes, d’obus et de barils d’explosif a provoqué la mort d’au moins 107 civils identifiés, dont 17 enfants, dans les quartiers est de la deuxième ville de Syrie, tenue par les groupes rebelles, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Damas semble déterminé à reprendre coûte que coûte cette partie orientale d’Alep, qui lui échappe depuis 2012.

Une « stratégie de guerre totale » de la Russie et du régime syrien, de nouveau dénoncée dimanche par Jean-Marc Ayrault. Selon le ministre des affaires étrangères français, elle « ne peut aboutir qu’à la partition de la Syrie et à renforcer encore plus Daech », l’organisation Etat islamique.

Pas d’administration autonome rebelle

« Il y a une urgence absolue », a dit M. Ayrault, ajoutant que la France allait prendre « tous les contacts nécessaires pour qu’on puisse contribuer à une initiative qui permette de stopper » la guerre et de relancer les négociations de paix, au point mort depuis juillet, sans date annoncée de reprise.

Dans le même temps, le régime syrien a rejeté sèchement l’idée de l’ONU d’installer une « administration autonome » des insurgés à l’Alep-Est qu’il devrait reconnaître de facto, en contrepartie du départ des djihadistes affiliés à Al-Qaida. « Aucun gouvernement au monde n’accepterait cela », a déclaré dimanche le ministre des affaires étrangères syrien, Walid Mouallem.

Pourtant, « le temps est compté et nous menons une course contre la montre, s’est alarmé l’envoyé onusien Staffan de Mistura. Ce que nous entendons de nos collègues [dans les agences] humanitaires, c’est que, particulièrement à Alep-Est mais aussi dans d’autres parties de la Syrie, il y a une crainte grandissante qu’il y ait une accélération des activités militaires au lieu d’initiatives humanitaires ou politiques. »