Lors du premier tour de la primaire à droite, dimanche 20 novembre, dans l’école primaire André-Dessaux, à Orléans. | Cyril Bitton/french-politics pour "Le Monde"

Rémi Briais est le personnage central de ce bureau de vote d’Orléans. Smartphone en main, il court partout pour indiquer aux électeurs dans lequel des deux bureaux installés dans l’école primaire André-Dessaux ils doivent voter dimanche 20 novembre, pour le premier tour de la primaire de la droite.

D’habitude, le numéro de bureau est indiqué sur leur carte d’électeur, mais elle n’est pas utile pour la primaire de la droite : les listes constituées pour ce scrutin sont issues de la fusion de plusieurs listes électorales « classiques ». A l’école André-Dessaux, huit listes ont ainsi été regroupées, puis réparties entre les deux bureaux.

Pour orienter les électeurs rapidement, Rémi Briais entre leur adresse sur le site de la primaire et obtient le précieux numéro de bureau : 212 ou 213. C’est fastidieux, mais « l’appli est très bien faite, heureusement », dit-il entre deux renseignements. Pour lui comme pour ses collègues bénévoles, qui n’en sont pourtant pas à leur première journée électorale, il faut s’habituer aux modalités de ce scrutin inédit.


Des électeurs introuvables sur les listes

Deux étapes sont en effet ajoutées par rapport à un vote « classique » : la signature pour les électeurs de la charte d’adhésion aux « valeurs républicaines de la droite et du centre » et le paiement de la somme de 2 euros. Au moment du dépouillement quatre données seront donc vérifiées : le nombre d’enveloppes dans l’urne ; le nombre de signataires de la charte ; le nombre de signataires des registres électoraux ; la somme récoltée grâce aux 2 euros de participation demandés à chaque votant. Tous ces chiffres devant bien entendu correspondre. « Ça complique pas mal les choses pour nous », explique Guylaine Lambelé qui s’occupe de la charte et des 2 euros de participation. « Mais c’est essentiel pour la réussite de ce vote, pour qu’il soit crédible », estime-t-elle.

Le fonctionnement du scrutin n’est pas non plus évident pour les électeurs. Dans la matinée, « un paquet » d’entre eux ne se sont pas présentés au bon endroit. Ceux-là, sont renvoyés vers le bon bureau. Mais d’autres repartent bredouille. Principal cafouillage de cette matinée : quelques électeurs, six avant midi, ne sont pas inscrits sur les listes de l’un des deux bureaux de l’école André-Dessaux alors qu’ils sont censés l’être.

C’est le cas de Véronique, 48 ans. Elle s’est présentée une première fois pour voter mais n’a pas pu. Le président suppléant du bureau de vote, Philippe Cheneau, a alors contacté la Haute autorité à la primaire qui a tranché vers 11 heures : les personnes dans le cas de Véronique sont autorisées à voter dans leur bureau « théorique », à condition qu’elles se présentent avec leur carte d’électeur. Le document garantit en effet que les votants se sont présentés dans le bon bureau, évitant ainsi la fraude. Recontactée dans la foulée par Philippe Cheneau, Véronique est revenue et son nom a été ajouté à la main sur le registre. Elle a « perdu une heure », mais a fini par voter. La semaine prochaine, elle devrait pouvoir se présenter directement dans ce bureau.


« On est surpris ! »

La gestion de ces ajustements est aussi compliquée par l’affluence importante ce matin. Une bonne nouvelle pour l’équipe, même si les douze personnes qui la constituent sont débordées. « On est surpris !, lance Philippe Cheneau entre deux coups de fil, on a du mal hein ! » Depuis l’ouverture, à 8 heures, le bureau ne désemplit pas. A midi, la participation s’élevait à environ 600 votants sur un peu plus de 6 000 inscrits.

Jean B., 53 ans, est arrivé avant 10 heures, il n’a donc pas eu à faire la queue trop longtemps. Pour lui, c’était important de voter aujourd’hui, « parce qu’on a l’occasion de s’exprimer et que c’est important en démocratie ». Son choix s’est porté vers un candidat « minoritaire », il n’en dira pas plus, hormis qu’il a décidé en fonction de ses convictions et de son programme, pas des sondages.

Nicolas, 38 ans, a lui voté « utile ». Il a choisi François Fillon, « le plus présidentiable » alors qu’il penchait plutôt pour Jean-Frédéric Poisson, dont il se sent plus proche en terme de convictions. Même chose pour Laurence, 54 ans, et son mari Etienne, 60 ans. Eux « préfèrent » Bruno Le Maire, mais ils pensent qu’il ne passera pas au second tour. Laurence a donc choisi François Fillon, par élimination, Etienne préfère garder son vote pour lui.

Valérie, 45 ans, aussi a mis un bulletin François Fillon dans l’urne « parce qu’il remontait dans les sondages ces derniers temps ». « Je n’étais pas très déterminée, j’ai choisi ce matin ! » confie-t-elle.

A 12 h 30, Rémy Brisais n’a plus de batterie sur son téléphone. Il doit repasser chez lui. Après un rapide aller-retour, l’affluence n’a pas faibli. Il lance le site de la primaire. « Allez c’est reparti. »