Un bureau de vote à Orléans. | Cyril Bitton / french-politics pour Le Monde

Les bureaux de vote ne désemplissent pas pour le premier tour de la primaire de la droite, dimanche 20 novembre. Si la plupart des participants décrivent un scrutin qui se déroule sans souci, quelques votants ont rencontré des difficultés.

Si vous aussi constatez des anomalies, vous pouvez nous décrire votre expérience dans notre appel à témoignages.

  • Des personnes inscrites sur les listes non référencées dans les bureaux de vote

C’est une anomalie constatée à plusieurs endroits : des citoyens inscrits sur les listes électorales au 31 décembre 2015 et qui se sont rendus dans le bureau de vote que leur a désigné le site de la primaire n’ont pas trouvé leur nom dans les listings.

C’est le cas, par exemple, à Orléans où notre envoyée spéciale a pu constater que des personnes n’étaient pas inscrites sur les listes du bureau ou elle se trouve alors qu’elles étaient censées l’être. Le président suppléant du bureau de vote a alors contacté la haute autorité de la primaire, qui a tranché : ces électeurs sont bien autorisés à voter dans leur bureau « théorique », à condition qu’elles se présentent avec leur carte d’électeur. Leur nom a été ajouté sur les listes à la main.

« Je n’ai pas pu voter ce dimanche, mon nom ne figurait pas sur les listings ! Je suis juste inscrite sur les listes depuis plus de 30 ans... » s’agace Nathalie, de Villeurbanne, dans un témoignage envoyé au Monde.fr « J’ai bien entendu laissé mon nom aux assesseurs et appelé sur le numéro de la primaire. Pas d’explication pour le moment. Je ne compte pas en rester là », assure-t-elle.

  • Des difficultés à voter pour certains Français de l’étranger

Les 58 472 Français de l’étranger préalablement inscrits pouvaient commencer à voter par voie électronique sur la plateforme du site de la primaire dès samedi soir 19 heures.

Samedi, plusieurs d’entre eux ont fait part d’une impossibilité de voter, un problème technique ayant rendu la plateforme temporairement inaccessible dans certaines zones. Contacté par Le Monde, Thierry Solère, le président de la commission d’organisation de la primaire à droite, assurait samedi soir qu’« il n’y a pas eu de bug mais un réglage technique sur le site, qui a empêché une partie des Français de l’étranger de voter en ligne ». Mais ce ralentissement, qui « n’était pas généralisé », n’a pas arrêté le vote et les choses sont rapidement rentrées dans l’ordre : « Beaucoup pouvaient voter, certains non. Comme le site est très sécurisé, il y a plusieurs filtres ».

Ce dimanche, de nouvelles anomalies nous sont remontées de la part de certains Français de l’étranger.

Enseignant à Rio de Janeiro, Alex témoigne de son parcours du combattant :

« Depuis Rio, j’ai payé 2 euros par carte bleue et puis... plus rien ! Rien dans ma boîte aux lettres ni ailleurs. Le jour du premier tour, je tente de recevoir des codes qui ont été promis pour le 10 novembre. J’appelle le numéro vert et on me renvoie sur un numéro pour les Français de l’étranger. Je viens d’appeler... cinq fois ! Personne rne épond et après 10 minutes d’attente, ça coupe. C’est assez décevant ! »

Diplomate à Lima, au Pérou, Alain nous écrit ne pas avoir reçu les codes pour voter alors qu’il a payé les 4 euros pour les deux tours et fait correctement sa demande pour voter.

  • Des soucis d’organisation

Plusieurs participants à la primaire ont signalé des problèmes d’organisation. « La répartition des votants est faite en dépit du bon sens, 80 % des votants doivent passer à la même table, les files d’attente se font sans ordre et aucune information n’est donnée sur les différentes étapes et les lieux où elles se déroulent », regrette cet électeur de Saint-Malo, qui nous a écrit pour pointer une « improvisation très décourageante ».

La constitution des files d’attente suscite des critiques. William, un Parisien qui a voté dans le 11e arrondissement décrit deux files, « une pour les noms de A à M, la seconde pour les noms de N à Z ». Le problème, continue-t-il, c’est qu’une « grande majorité des noms sont compris entre A et M » , ce qui se traduit pas « 1h 20 d’attente pour voter pour la 1ère file, 15 minutes pour l’autre ». Et ce, sans « aucune personne pour orienter les gens ». « A revoir pour le prochain tour, conclut ce quadragénaire, car bon nombre de personnes ont renoncé ».

« Pas de priorité pour les personnes âgees ou handicapés, souligne Olivier. Beaucoup font la queue dehors sous la pluie avant de comprendre qu’ils ne devraient pas le faire. Encore plus abandonnent. »

  • Un manque d’enveloppes en région parisienne

Un de nos journaliste signale que le bureau du 11e arrondissement de Paris où il se trouve n’a plus d’enveloppes. La pénurie semble généralisée à Paris, à tel point que, selon LCI, la haute autorité de la primaire a demandé de l’aide à la mairie de Paris, qui a répondu favorablement.

  • Dans les Bouches-du-Rhône, un délégué filloniste dit avoir été refoulé d’un bureau

Un incident de scrutin s’est déroulé ce matin avant même l’ouverture des bureaux à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), comme l’a relaté L’Obs. Dans cette ville dont le maire et député, Bernard Reynes, est également président du comité de soutien de Nicolas Sarkozy dans la circonscription, Jean de Suzzoni, le délégué désigné par l’équipe de François Fillon, n’a pas été accepté par le président du bureau. « Il m’a dit que je n’étais pas dans les listings ni d’assesseurs, ni de délégués et qu’il ne pouvait me reconnaître dans ma fonction, a expliqué au Monde, M. De Suzzoni. Je lui ai montré les mails du cabinet de M. Fillon mais cela n’a pas suffit ».

Sur place dès 7 heures, M. De Suzzoni dit également avoir constaté que les votes ont commencé à 7 h 52 dans ce bureau, unique site de votes de la commune, soit huit minutes avant l’ouverture officielle du scrutin. Joint en milieu d’après-midi, Bernard Reynes se dit « furieux de l’ampleur prise par cette histoire ». « J’étais dans le bureau ce matin à 7 h 50 quand ce monsieur est arrivé. Il y est resté jusqu’à 8 h 30, mais il n’était inscrit ni comme délégué, ni comme assesseur. Nous ne l’avons donc pas accepté comme tel. La haute autorité nous a d’ailleurs confirmé que c’était la bonne façon d’agir ». Quant à l’ouverture prématurée du scrutin, le maire n’en démord pas : « Si le bureau était bien ouvert plus tôt, les votes n’ont commencé qu’à 8 heures ».

Du côté de l’équipe de François Fillon, on a demandé à la haute autorité de la primaire se pencher sur l’incident.