Des amis lui avaient tant vanté les mérites des écoles de commerce qu’après une licence en gestion Alina Scrob a décidé de bifurquer vers l’Idrac. Dans cet établissement rhônalpin, elle a beaucoup apprécié de s’ouvrir à la géopolitique et de suivre des cours en anglais. Mais elle n’y est restée qu’un an. La jeune femme ressentait le besoin suivre des cours plus approfondis autour des métiers de l’audit.

Un cursus pertinent

Elle est alors revenue à l’université Lyon-III, plus précisément dans son Institut d’administration des entreprises (IAE), pour un master 2 en contrôle de gestion, spécialité audit financier. Depuis le grand cabinet parisien où elle travaille désormais en CDI, la diplômée fait valoir la pertinence de ce cursus : « On nous a donné toutes les bases théoriques nécessaires. Des professionnels venaient nous présenter des cas et des subtilités rencontrées sur le terrain, et plusieurs événements étaient organisés avec des recruteurs. »

L’époque où l’on opposait les écoles et les facs serait-elle révolue ? Comme Alina, les étudiants n’hésitent plus à comparer les programmes. Et quand il s’agit de management, les 32 IAE l’emportent de plus en plus souvent. Avec des programmes professionnalisés et un bon encadrement de petites promotions, ces instituts qui fonctionnent comme des écoles au sein des universités voient les candidats affluer.

« Nous bénéficions d’une forte reconnaissance des entreprises, avec un taux d’insertion de 94 à 95% à six mois, et d’un réseau d’anciens bien structuré. » Eric Lamarque, directeur de l’IAE de Paris

Depuis 2009, les inscriptions au Score-IAE-Message, un test d’aptitude aux études universitaires en gestion, ont grimpé de 52 %. « A côté des DUT, qui constituaient la majorité de nos promotions de licence, nous recevons de plus en plus de demandes de prépas et de BTS », note Christian Defélix, directeur de l’IAE de Grenoble.

Le moteur de cette attractivité ? « Un excellent rapport qualité-prix, répond Eric Lamarque, à la tête de l’IAE de Paris. Nos cours sont dispensés par des enseignants-chercheurs de haut niveau, nous bénéficions d’une forte reconnaissance des entreprises, avec un taux d’insertion de 94 % à 95 % à six mois, et d’un réseau d’anciens bien structuré. » Le tout pour quelques centaines d’euros par an, soit le tarif d’une inscription en fac. Seule exception : l’IAE d’Aix-en-Provence, où les masters, doublés de Masters of Science (MSc), un format international, sont facturés 4 000 euros – ce qui reste néanmoins compétitif à l’heure où les tarifs des écoles dépassent souvent les 10 000 euros par an.

Mais les IAE tirent également parti d’un ancrage régional fort, concrétisé par des pôles sectoriels, comme les affaires maritimes à Perpignan ou l’industrie pharmaceutique à Lyon. Dans son Centre international en tourisme, hôtellerie et management des événements, l’IAE de Savoie Mont-Blanc propose ainsi neuf formations du bac + 3 au MBA, avec notamment un partenariat avec le groupe Accor autour du « revenue management », ces techniques pour ajuster les tarifs aux périodes de réservation:

« Le dialogue avec les professionnels nous permet d’adapter les programmes, d’en concevoir de nouveaux, comme cette licence tournée vers les métiers de la montagne, qui ouvrira en 2017, et de favoriser des pédagogies innovantes, avec des missions confiées par des entreprises », précise la directrice du centre, Béatrice Galey.

Ses étudiants ont ainsi travaillé avec l’office de tourisme de Val-Thorens sur les moyens de « réenchanter la montagne en été ». Des réalisations à afficher sur un CV.

« L’écart est en train de se réduire. A Grenoble, tous nos étudiants partent un semestre en licence et ceux qui intègrent l’IAE en master pourront faire leur stage à l’étranger dès 2017. » Christian Defélix, directeur de l’IAE de Grenoble

Outre des expertises pointues, les IAE cultivent la diversité de leurs promotions et le sens de l’adaptation – une richesse, alors que s’estompent les frontières entre les disciplines. Créés dans les années 1950 pour former des ingénieurs au management, ils continuent d’accueillir ce public dans leur master historique en administration des entreprises.

En outre, l’enjeu de la double compétence irrigue de nouveaux parcours, par exemple le master 2 en innovation, design et luxe à l’IAE Gustave-Eiffel des universités Paris-Est Créteil (UPEC) et Paris-Est Marne-la-Vallée (UPEM), où des designers, architectes et ingénieurs côtoient des gestionnaires. « Ils apprennent à travailler ensemble, ce qui facilite l’intégration en entreprise », explique la responsable du cursus, Christel de Lassus.

De plus en plus ouverts à l’international

D’autre part, les IAE s’ouvrent de plus en plus à l’international. Si cette sphère a longtemps été l’apanage des écoles, pour Christian Defélix « l’écart est en train de se réduire. A Grenoble, tous nos étudiants partent un semestre en licence et ceux qui intègrent l’IAE en master pourront faire leur stage à l’étranger dès 2017 ». A la tête de l’IAE de Lyon et du réseau IAE France,­ ­Jérôme Rive note que « 24 % des promotions ­vivent une mobilité, de six mois à un an ». Une progression freinée par l’organisation de cursus en alternance mais qui encourage de nouveaux formats : voyages d’études dans des capitales européennes avec les masters parisiens, « International Week » à Lyon avec des séminaires assurés par des professeurs du monde entier, masters en anglais à Aix-en-Provence…

Enfin, face aux puissants annuaires d’anciens des écoles, les IAE commencent à jouer la carte du réseau. Peu d’étudiants auraient jusqu’ici profité des possibilités de mobilité inter-IAE offertes depuis 2015, mais 500 jeunes ou enseignants se seraient déjà engagés comme « ambassadeurs », pour faire des ­présentations sur les IAE dans des lycées ou en entreprises. De quoi décupler la résonance de la marque ?

Un dossier spécial et un salon, pour tout savoir sur les écoles de commerce

Retrouvez notre dossier spécial dédié aux business schools, issu de notre supplément de 20 pages paru dans « Le Monde » daté du mercredi 17 novembre, avec des décryptages, des reportages dans les écoles et les IAE ainsi que des conseils pour choisir son orientation et financer son cursus.

Des informations à compléter lors du salon des grandes écoles du Monde, samedi 26 et dimanche 27 novembre à Paris, grâce aux conférences animées par nos journalistes et en rencontrant des responsables et étudiants de nombreuses écoles de management représentées. Entrée gratuite, préinscription recommandée.