Les vidéos de nos smartphones ont une faiblesse : beaucoup de plans sont gâchés par des secousses ou des mouvements brutaux. Ces problèmes de stabilité empêchent souvent d’excellentes vidéos amateur de passer pour du travail de professionnel. Sur le tournage d’un long métrage, filmer stablement est un métier à part entière. Les opérateurs de « steady cam » font partie des techniciens les mieux payés du cinéma français. Le tout petit stabilisateur de DJI, facturé 330 €, promet de démocratiser cet art subtil.

Après test, la promesse est bel et bien tenue. Les trois bras motorisés de l’Osmo Mobile confèrent aux vidéos une stabilité impériale, dans l’immense majorité des cas. Nul besoin de filmer avec beaucoup d’application, les plans prennent instantanément une dimension cinématographique.

On a beau faire un gros mouvement brusque et involontaire, les trois petits moteurs de l’Osmo corrigent ces remous, maintenant le smartphone parfaitement droit. L’horizon reste aligné au cordeau, et les images passeraient presque pour « pro ». Dans certains cas, la caméra paraît même flotter au dessus du sol, de façon irréelle, comme dans une superproduction américaine.

Que se passe-t-il lorsqu’on tourne le bras volontairement pour pointer l’objectif vers un autre sujet ? L’Osmo s’arrange pour que le mouvement soit parfaitement fluide, du début à la fin. La rotation du smartphone est amortie et adoucie. Le gain de fluidité est évident, même sur les mouvements de caméra les plus simples. Lorsqu’on balaye l’horizon de gauche à droite par exemple.

Le résultat est beau, mais le comportement de l’Osmo est un peu déroutant pour l’apprenti cinéaste. Ses mouvements sont lents et difficiles à anticiper. Lorsqu’on filme un proche, on n’arrive pas toujours à le suivre. Il faut quelques heures pour s’habituer aux réactions de l’Osmo, et réapprendre à filmer.

En contrepartie, l’Omso offre une énorme liberté : on peut bouger selon son inspiration. La stabilisation est une véritable incitation à filmer en se déplaçant. On se surprend à tourner autour d’un proche qui se promène dans un paysage ensoleillé. On passe à côté d’une sculpture en la rasant, puis on se retourne, on descend au sol, on remonte...

Des plans impossibles

Des plans impossibles deviennent réalisables. On peut suivre un chat se dandinant à ras du sol, puis monter avec lui sur une armoire. De mauvaises idées se transforment en bonnes idées. On peut dévaler une dune de sable, en filmant une personne qui court. Nul besoin de faire attention à ses pas, le sol peut être mou ou dur, plat ou accidenté : la vidéo est stable. Voici justement quelques belles images filmées dans les dunes :

Quelques essais vidéo avec le DJI Osmo Mobile
Durée : 01:01

La seule chose que l’Osmo fasse mal, c’est filmer de très près. Lorsqu’on remonte le long de la tige d’une fleur, lorsqu’on suit le manche d’une guitare, les images perdent leur stabilité.

Tranquillité d’esprit

Le smartphone est fixé très solidement à l’Osmo. On le serre avec une grosse mollette métallique : aucun risque qu’il ne se décroche. Le manche de l’Osmo est très sécurisant, il tient parfaitement en main. Le danger de faire tomber le mobile disparaissant, on se concentre plus sur l’image, on tente des plans plus aventureux. L’Osmo intègre un bouton rouge fort pratique qui lance l’enregistrement. Sa batterie tient cinq heures et son poids n’est pas excessif.

Pour les mariages et les anniversaires, l’Osmo intègre un assistant très utile. Deux astuces automatisent le tournage. Une gâchette, située devant le manche, bloque l’orientation du smartphone. On peut bouger ou se baisser : l’objectif reste pointé vers le même endroit. Autre astuce : on peut designer à l’Osmo un personnage, qu’ils suivra automatiquement :

Résultat : on reste concentré sur le moment à vivre. On profite de tout en filmant de belles images. La plupart du temps, le suivi est efficace. Mais il faut savoir qu’il décroche parfois, si le personnage bouge très rapidement, ou s’il se rapproche beaucoup de l’objectif.

Un outil efficace pour les youtubeurs et les sportifs

L’Osmo s’impose comme un bel outil pour les youtubeurs et autres vloggers (blogueurs vidéo). Il permet de tourner machinalement des images impeccables, tout en gardant sa concentration pour autre chose. Fort pratique, on peut passer du mode selfie au mode caméra frontale en une seconde, d’un triple clic sur la gachette. A noter, l’application smartphone de l’Osmo permet aussi de diffuser les vidéos sur Facebook en direct.

Pour filmer un sportif, on peut tout simplement courir à côté de lui. L’Osmo est à l’aise à bord d’un bateau, d’une voiture, d’une moto. On peut filmer la route sous tous les angles. On peut fixer l’Osmo au guidon d’un VTT ou sur le gilet d’un coureur, grâce à un accessoire vendu séparément. Mais attention, un smartphone filme beaucoup moins « large » qu’une caméra d’action. Et il n’est pas conçu pour encaisser les chocs.

Frustrant pour les experts

Les professionnels et les grands passionnés de vidéo seront les plus difficiles à convaincre. La différence de stabilité est certes frappante, lorsqu’on utilise un smarpthone moyen de gamme. Mais avec un iPhone 7, elle ne saute pas aux yeux. Sans l’Osmo, lorsqu’on filme à pas de loup, avec la douceur et le savoir-faire d’un expert, les images sont étonnamment stables. Si l’on rajoute l’Osmo, l’amélioration est loin d’être toujours frappante. Lorsqu’on suit un personnage à pied par exemple, qu’on tourne lentement autour de lui, le gain en stabilité est notable, mais guère spectaculaire. Il faut être d’un naturel perfectionniste pour en être frappé. La différence est beaucoup plus nette lorsqu’on filme des sportifs. On peut d’ailleurs se permettre un petit accident de tournage : choir sur ses fesses en filmant à reculons ne gâche pas totalement le plan.

L'Osmo Mobile réagit différemment en fonction du smartphone
Durée : 02:26

La différence saute aux yeux, également, lorsqu’on filme un plan séquence long et complexe, avec des changements de cadrage, des mouvements de caméra variés. Mais n’imaginez pas reproduire le plan séquence d’un grand réalisateur. En tournage, les mouvements de l’Osmo sont difficiles à prévoir. Il est quasiment impossible d’obtenir une succession de plans précis. Rien que pour réussir à garder son sujet dans son cadre, il faut de nombreuses tentatives.

A moins de s’entraîner pendant vingt heures au maniement du petit joystick placé sous le pouce, qui permet de corriger le cadrage en hauteur et en largeur. Le suivi automatique du sujet n’est pas d’une grande aide. Il place le personnage au milieu du cadre, interdisant de composer l’image adroitement. Pire, lorsqu’on change la valeur de plan, le suivi a tendance à décrocher.

L’Osmo intègre heureusement une fonction supplémentaire qui risque bien de faire craquer les experts. On peut créer des timelapses de paysages, embellis par un mouvement de caméra. On filme des couchers de soleil aussi virtuoses que ceux des documentaires animaliers.

En résumé

L’Osmo est un outil séduisant pour les amoureux d’images animées. C’est une assurance contre les vidéos ratées, et un outil libérateur, qui permet d’envisager des vidéos aux mouvements riches et complexes. L’Osmo est polyvalent, il pourra servir pour les voyages, les mariages, les fêtes, voire pour filmer du sport. Mais l’Osmo convaincra plus les apprentis vidéastes que les experts. Car pour en tirer le meilleur, il faut maîtriser l’outil à la perfection, ce qui demande beaucoup d’entraînement.