Le président de l’Agence mondiale antidopage, sir Craig Reedie (à gauche) et son directeur général, Olivier Niggli. | ANDY BUCHANAN / AFP

Il y a « de la lumière au bout du tunnel ». C’est Rob Koehler, le directeur général adjoint de l’Agence mondiale antidopage (AMA), qui fait ce diagnostic à propos de l’Agence russe antidopage (Rusada), bannie par l’organisation depuis la révélation d’un dopage d’Etat au pays de Vladimir Poutine.

« Je pense que nous sommes sur la bonne voie », a déclaré M. Koehler à Glasgow, lors de la réunion du comité de fondation de l’AMA, faisant le point sur la lutte antidopage en Russie.

M. Koehler relève toutefois que l’AMA n’a toujours pas « accès à certaines villes fermées », que les contrôles (effectués par l’Agence antidopage britannique) ont été réalisés en nombre limité mais dans des bonnes conditions. Il a aussi noté que la localisation des athlètes russes posait toujours problème.

Le dirigeant de l’AMA a aussi expliqué que ses équipes n’avaient pas accès aux échantillons stockés au laboratoire antidopage de Moscou. Les prélèvements sont en effet mis sous scellés car ils font l’objet d’une enquête fédérale russe.

Autant d’éléments qui rendent, tout de même, ledit tunnel considérablement long.

« Nous ne sommes pas pressés »

La chaîne russe Russia Today a diffusé les images d’une conversation privée entre le secrétaire général de l’AMA, Olivier Niggli, et le président, Craig Reedie, où semble apparaître une divergence de vues sur l’attitude à adopter vis-à-vis de la Russie.

Le Suisse semble avoir une position plus stricte que l’Ecossais, soucieux « d’encourager [Vitali] Smirnov », le président de la Commission russe de lutte contre le dopage. M. Niggli, de son côté, lui murmure : « Nous voulons qu’ils puissent revenir mais pas à n’importe quelle condition. (…) Nous ne sommes pas pressés de les voir revenir. Ils reviendront s’ils prennent les bonnes mesures. »

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Durée : 01:17

Parmi ces bonnes mesures, M. Koehler a salué la création de la Commission russe contre le dopage, mandatée par Vladimir Poutine pour réorganiser la lutte antidopage. Il a acté les départs du vice-ministre des sports, Iouri Nagornikh, et de Natalia Zhelanova, la conseillère de l’ancien ministre des sports, Vitali Mutko, mentionnés dans le rapport McLaren de l’AMA pour leur rôle présumé dans le vaste scandale de dopage en Russie.

M. Koehler a toutefois noté que le ministère des sports russe n’avait pas accepté les conclusions du rapport McLaren, évoquant des éléments « falsifiés ».

« Il n’y a pas de dopage d’Etat en Russie »

De son côté, M. Smirnov, a souligné que la Rusada avait exclu de son comité exécutif les représentants de l’Etat et que le laboratoire de Moscou était désormais contrôlé par l’Université de Moscou et non plus par le ministère des sports.

« Il n’y a pas de dopage d’Etat en Russie », a assuré, devant la presse, l’ancien ministre des sports russe (de 1981 à 1990). « Si des gens ont fait des erreurs, cela ne veut pas dire que tout le pays a fait des erreurs », a-t-il ajouté, expliquant notamment que l’ancien vice-ministre des sports, Iouri Nagornikh, « n’était pas membre du gouvernement ».

Dick Pound, l’ancien président de l’AMA (de 1999 à 2007), a quant à lui estimé que la Russie devait « reconnaître le problème pour avancer ». « Vous ne pouvez pas soigner un alcoolique tant qu’il n’a pas reconnu son problème », a jugé le Canadien devant la presse.

La première partie du rapport McLaren, commandé par l’AMA à la suite des révélations de l’ancien patron du laboratoire antidopage de Moscou par la presse américaine, avait été publiée le 18 juillet.

Elle avait dévoilé les rouages du « système de dopage d’Etat » mis en place en Russie de 2001 à 2015, sous la supervision des autorités russes et avec l’aide des services secrets et avait conduit à l’exclusion de 118 sportifs russes des Jeux de Rio. Le rapport définitif sera publié le 9 décembre.