La partie en porte-à-faux de l’Anneau du souvenir réalisé par l’architecte Philippe Prost à Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais) | AAPP

L’architecte Philippe Prost (55 ans) est le seul français à être nominé pour l’édition 2016 du Concours international de l’Institut royal des architectes britanniques (Riba). L’auteur de l’Anneau du souvenir, le Mémorial International de Notre-Dame de Lorette (Pas-de-Calais) inauguré le 11 novembre 2014, est encore en lice aux côtés de Menos é Mais (Portugal) associés à Joao Mendes Ribeiro (Portugal), Zaha Hadid (Irak-Grande-Bretagne), David Chipperfield (Grande-Bretagne) associé à Taller Abierto de Arquitectura y Urbanismo (Mexique), DRDH Architects (Grande-Bretagne) et Grafton Architects (Irlande).

Le lauréat de cette distinction, qui récompense un projet construit hors de Grande Bretagne, sera désigné le 24 novembre à Londres sous la présidence de l’architecte, Prix Pritzker 2007, Lord Richard Rogers. Sur les trente projets initialement sélectionnés, seuls les six derniers ont été visités par les membres du jury.

Le Mémorial commémore le centenaire de la guerre de 1914-1918. Posé et légèrement enterré sur une colline dominant les plaines de l’Artois, l’Anneau du souvenir est une ellipse de 350 mètres de circonférence en béton fibré ultra-haute performance. « Lorsqu’on la parcourt, une ellipse est une forme plus dynamique que celle d’un cercle », indique Philippe Prost. Sur le mur intérieur sont apposés 500 panneaux verticaux en acier inoxydable doré sur lesquels ont été gravés les noms de tous les combattants de la Grande Guerre tombés dans le Nord-Pas-de-Calais, la région à l’origine de ce projet de 4,5 millions d’euros.

579 606 noms, par ordre alphabétique

579 606 noms, inscrits par ordre alphabétique et sans aucune distinction d’origine, de race ou de religion. Du Népalais Athet, membre du corps britannique à l’« Allemand » Zywitz, probablement d’origine tchèque, parmi 42 nationalités de tous les continents. Cet « enfer du Nord », dont la majorité des victimes est issue du Commonwealth, a été oblitéré par la prégnance mémorielle de Verdun où l’armée française a connu de très lourdes pertes.

Tandis que la paroi extérieure de l’anneau est toute de béton « gris couleur de guerre », selon l’architecte, la face intérieure où sont inscrits les noms se pare de reflets mordorés changeants suivant les heures du jour. « À travers notre projet, nous avons voulu donner une forme à la Fraternité, une expression de la Paix, explique Philippe Prost. Allier l’art et la nature pour les mettre au service de la Mémoire ».

Tout proche, la Nécropole militaire de Notre-Dame-de-Lorette, élevée à l’issue du conflit. Elle se compose d’une tour-lanterne de 52 mètres de haut et d’une basilique, toutes les deux inaugurées en 1925. Philippe Prost dit avoir voulu répondre à la verticalité de ces deux édifices.

« J’ai voulu travailler sur l’horizontalité pour apaiser le site, explique-t-il. Je voulais que l’on soit face à la plaine comme l’on est au bord de l’eau, face à l’Océan ». L’architecte a voulu poser l’anneau en léger porte-à-faux avec la pente de la colline. Comme pour symboliser un équilibre toujours menacé. « L’Europe est en paix depuis 70 ans, conclut Philippe Prost. C’est un bien précieux et fragile. »