De la fumée s’échappe de l’ouest de la ville d’Alep, deuxième ville de Syrie, après un bombardement le 20 novembre. | GEORGE OURFALIAN / AFP

« Près d’un million de Syriens sont aujourd’hui assiégés » par les belligérants en Syrie, a indiqué, lundi 21 novembre, le patron des opérations humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien. Le nombre de personnes assiégées est passé de 393 700 il y a un an à 486 700 il y a six mois et atteint désormais 974 080, a-t-il annoncé.

S’adressant au Conseil de sécurité, il a constaté une « augmentation massive » depuis un an de l’utilisation de cette « tactique cruelle », « en particulier par le gouvernement syrien ».

« Punition collective »

De nouvelles localités se sont ajoutées à la liste des zones qui ne sont plus ravitaillées ou secourues par les humanitaires, dont un quartier de Damas et « de nombreuses zones » dans la Ghouta orientale, qui entoure la capitale. Dans ces endroits les habitants « sont isolés, affamés, bombardés et privés d’aide médicale et d’assistance humanitaire afin de les forcer à se soumettre ou à fuir ». « C’est une tactique délibérée (...), une forme cruelle de punition collective », a souligné M. O’Brien.

Cette tactique est appliquée « de manière monstrueuse par la partie au conflit qui en premier lieu devrait défendre et protéger ses propres citoyens, même ceux qui ne sont pas d’accord avec leurs dirigeants », a-t-il affirmé, en référence au gouvernement syrien.

« Stratégie de guerre totale »

M. O’Brien a appelé une nouvelle fois à lever tous ces sièges mais a déploré que pour l’instant, le Conseil de sécurité soit « apparemment incapable ou réticent » à y mettre fin. Le conseil était réuni pour débattre comme il le fait régulièrement de la situation humanitaire en Syrie, et particulièrement à Alep Est, bombardée par les aviations syrienne et russe.

Durant cette réunion, l’ambassadrice américaine, Samantha Power, a égrené devant le Conseil de sécurité les noms d’une douzaine de généraux et colonels syriens accusés d’avoir ordonné d’attaquer des cibles civiles ou de torturer des opposants. « Ils doivent savoir que leurs exactions sont documentées et qu’un jour ils devront rendre des comptes », a-t-elle affirmé.

Juste avant la réunion, l’ambassadeur français, François Delattre, a estimé que « la situation est horrible, catastrophique » dans la grande ville du nord de la Syrie. Il a accusé le régime syrien de suivre « une stratégie de guerre totale pour reprendre Alep à tout prix ». L’ambassadeur britannique, Matthew Rycroft, a qualifié de son côté de « barbare » la campagne de bombardements menée par Moscou et Damas.

Depuis mardi 15 novembre, un déluge de roquettes, d’obus et de barils d’explosif a provoqué la mort d’au moins 107 civils identifiés, dont 17 enfants, à Alep, dans les quartiers est de la deuxième ville de Syrie, tenus par les groupes rebelles, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Les forces du président Al-Assad sont déterminées à reprendre coûte que coûte la partie orientale d’Alep, qui leur échappe depuis 2012. Elles contrôlent l’ouest de cette cité au riche passé historique – un secteur dans lequel deux civils ont été tués par des roquettes tirées par les rebelles, selon les médias officiels. Selon des analystes, Damas et ses alliés veulent aller vite avant la prise de fonctions de Donald Trump, le 20 janvier.

Aucun hôpital en état de fonctionner dans l’est d’Alep, affirme l’OMS

Plus aucun hôpital n’est en état de fonctionner dans la partie est de la ville syrienne d’Alep, contrôlée par les rebelles sous le siège de l’armée syrienne, annonce l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un communiqué, en citant des rapports de ses partenaires dans la zone.

Les établissements hospitaliers ont été la cible répétée des bombardements du régime de Damas, notamment depuis l’assaut massif lancé la semaine dernière pour reprendre le contrôle de ces quartiers.

« Il n’y a actuellement aucun hôpital en service dans la partie assiégée de la ville. Plus de 250 000 hommes, femmes et enfants vivant dans l’est d’Alep sont désormais privés d’accès à des soins hospitaliers », ajoute l’OMS.