Labeyrie cherche patron. L’annonce a été lancée le 7 novembre, à l’issue d’un conseil de surveillance. Lors de cette réunion, les actionnaires du groupe d’agroalimentaire et son dirigeant, Xavier Govare, ont constaté leurs divergences et officialisé le départ de ce dernier. M. Govare présidait à la destinée de Labeyrie Fine Foods depuis 2002. « Le conseil de surveillance a demandé à l’ensemble des directeurs généraux d’assurer l’interim », explique Jacques Trottier, directeur général de Labeyrie.

Ce départ intervient alors que Labeyrie Fine Foods est confronté aux difficultés conjuguées sur ces deux métiers historiques : le foie gras et le saumon. La crise sanitaire qui a frappé, il y a quasiment un an jour pour jour, la filière foie gras du Sud-Ouest a secoué l’ensemble des acteurs. A la suite de l’apparition de virus de grippe aviaire hautement pathogène dans de nombreux départements touchant volailles comme canards, le gouvernement avait décidé d’imposer un vide sanitaire de quatre mois pour la filière palmipède du Sud-Ouest. De nouvelles règles sanitaires ont été imposées aux élevages, renchérissant les coûts. Résultat, moins de canards et donc de foies gras disponibles en France cette année et pour un prix plus élevé.

Cela se traduit, pour Labeyrie Fine Foods, « par une baisse de volume de foie gras d’environ 10 % cette année et par une réduction des marges de cette activité pour l’exercice clos au 30 juin 2016 », selon M. Trottier. La société a privilégié ses clients distributeurs prêts à répercuter une hausse des prix au consommateur, estimée par la profession entre 15 % et 20 %.

Marque sur une gamme de jambon

A ces difficultés sur le marché du foie gras sont venues s’ajouter celles du marché du saumon. « Cette année est compliquée. Quand on est assis sur deux métiers, souvent l’un peut compenser l’autre. Cela n’a pas été le cas », affirme M. Trottier. En cause, le prix élevé du saumon qui s’est maintenu tout au long de l’année, quand certains espéraient un repli durant l’été. « La matière première a augmenté de 50 % à 60 % depuis un an », précise M. Trottier.

Les industriels du saumon fumé ont négocié une hausse des prix de 10 % avec la distribution. Ils militent maintenant pour une revalorisation similaire en fin d’année. Autre inquiétude : le manque de disponibilité de saumons de certaines origines, comme l’Ecosse, l’Alaska ou le saumon bio. L’aquaculture a bien du mal à répondre à une demande mondiale en hausse de 7 % par an.

Dans ce contexte, Labeyrie s’attelle à une nouvelle diversification de son offre. L’entreprise a décidé d’afficher sa marque, depuis début novembre, sur une gamme de jambon. Elle a choisi de s’approvisionner de l’autre côté des Pyrénées. Jambon bellota, pata negra, mais aussi serrano, font partie de l’assortiment. Comme toujours Labeyrie souhaite commercialiser en grande distribution un produit jusqu’alors réservé aux épiceries fines, en démocratisant quelque peu son prix.

Logique de diversification

« Nous allons proposer le bellota trente-six mois à 165 euros le kilo, quand il est commercialisé dans les épiceries à 250, voire à 300 euros le kilo », souligne M. Trottier. L’objectif de Labeyrie est d’écouler la première année 150 tonnes de charcuterie ibérique pour un chiffre d’affaires en magasin de 15 millions d’euros.

Cette logique de diversification est au cœur de la stratégie de Labeyrie Fine Foods depuis de nombreuses années. Ainsi la marque se décline aussi en produits traiteurs, avec une gamme de plats préparés, concoctés en version festive pour les fêtes de fin d’année. De même sur une gamme d’apéritifs et de desserts surgelés. Sous la marque Blini, le groupe a développé une offre d’« apéritif cosmopolite » et de snacking.

Enfin, le label Delpierre chapeaute une activité de ventes de poissons et de crustacés. L’ensemble a affiché un chiffre d’affaires de 988 millions d’euros pour l’exercice clos le 30 juin 2016.

Mais Labeyrie Fine Foods a un nouvel actionnaire depuis deux ans. En l’occurrence le fonds PAI. Depuis l’été 2014, l’entreprise est contrôlée à 84 % par une holding détenue à parité par le fonds PAI et la coopérative Lur Berri. Ce nouvel actionnaire a appuyé les récentes acquisitions comme l’achat de 50 % d’Aqualande, un spécialiste de la truite, la reprise du traiteur Sucrés Salés ou du belge Père Olive. Mais PAI, qui avait évoqué une sortie en Bourse dès 2018, est pressé. Ce sera donc un nouveau patron qui devra concrétiser ses ambitions.