Nuon Chea (à gauche) et Khieu Samphan, lors de leur procès pour crimes contre l’humanité devant le Tribunal spécial de Phnom Penh. | SOK HENG NHET / AFP

En août 2014, ils avaient été jugés coupables de crimes contre l’humanité par le Tribunal spécial de Phnom Penh parrainé par l’Organisation des Nations unies (ONU). La condamnation à vie de Nuon Chea, aujourd’hui âgé de 90 ans, et Khieu Samphan, 85 ans, deux des plus hauts dirigeants khmers rouges encore vivants, a été confirmée mercredi 23 novembre en appel. Entre 1975 et 1979, deux millions de Cambodgiens, soit un quart de la population, sont morts d’épuisement, de famine, ou à la suite de tortures et d’exécutions.

Le juge Kong Srim a maintenu, lors de son long énoncé du verdict devant quelque 700 Cambodgiens venus assister à l’audience, que les deux hommes, membres du premier cercle de Pol Pot, avaient marqué le tribunal par leur « complet manque de considération pour le sort du peuple cambodgien » et souligné que l’étendue de leurs crimes était « considérable ». Nuon Chea, l’idéologue du régime, et Khieu Samphan, le chef de l’Etat de l’ex-« Kampuchéa démocratique », ont écouté, impassibles, la lecture du verdict.

Le verdict a été retransmis à la télévision nationale, malgré les attaques répétées contre le tribunal de l’homme fort du Cambodge, l’inamovible premier ministre, Hun Sen, qui plaide la nécessaire réconciliation nationale.

Un « message » de non-impunité

Les Etats-Unis, par la voix de leur ambassade à Phnom Penh, ont, quant à eux, « salué » la décision et assuré de leur soutien le tribunal jugeant les crimes de cette « page la plus sombre de l’histoire du Cambodge ». David Scheffer, le représentant de l’ONU au Tribunal spécial de Phnom Penh, a estimé de son côté que la condamnation à vie de deux anciens hauts dirigeants était un « message » de non-impunité, tant pour les dirigeants nord-coréens ou syriens que pour l’organisation Etat islamique. « Ils devraient tous prendre note du fait que ce qui s’est passé aujourd’hui dans ce tribunal peut les atteindre », quarante ans après, a ajouté M. Scheffer.

Avant Nuon Chea et Kieu Samphan, le tribunal, critiqué pour ses lenteurs, avait condamné à la perpétuité « Douch », de son vrai nom Kaing Guek Eav, chef de la prison de Phnom Penh S-21, où 15 000 personnes avaient été torturées avant d’être exécutées. Nuon Chea et Khieu Samphan sont en parallèle jugés dans le cadre d’un deuxième procès consacré au génocide de minorités, aux mariages forcés, aux viols et autres crimes perpétrés dans les camps de travail. Le verdict est attendu pour la fin de 2017.