Cette vague de violences ternit l’image du gouvernement birman, dirigé de facto par Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paixi. | POOL / REUTERS

La police du Bangladesh a annoncé mercredi 23 novembre qu’elle allait renvoyer en Birmanie 70 membres de la minorité musulmane des Rohingya, dont des femmes et des enfants, arrêtés en franchissant la frontière pour fuir les violences de leur région.

Plus de 2 000 Rohingya auraient pénétré au Bangladesh ces derniers jours pour fuir les opérations militaires de l’ouest de la Birmanie, certains rapportant des récits de destruction, de meurtres et de viols de femmes de leur communauté par les soldats birmans. Selon des responsables de la communauté rohingya, 500 personnes auraient encore franchi la frontière dans la nuit de mardi à mercredi, profitant de l’obscurité.

L’armée bangladaise a fait savoir que 800 Rohingya ont été empêchés d’entrer sur le territoire au cours des trois derniers jours. L’armée birmane mène des opérations dans une région frontalière du Bangladesh, où vivent un grand nombre de membres de la minorité musulmane, à la suite d’attaques meurtrières contre des postes de police au début d’octobre.

Inquiétudes

Selon l’ONU, 30 000 personnes ont été déplacées à cause des violences qui ont fait des dizaines de morts depuis octobre dans l’Etat d’Arakan (appelé Etat de Rakhine par le régime birman, situé dans l’ouest de la Birmanie), où se concentre la minorité rohingya.

Les expulsions de Rohingya du Bangladesh suscitaient des inquiétudes au sein de leur communauté. « L’armée [birmane] a brûlé leurs villages et tué leurs proches. Ils tueront ces innocents qui fuient leur foyer pour sauver leur vie », a dit un leader rohingya sous couvert d’anonymat.

Cette vague de violences ternit l’image du gouvernement birman, dirigé de facto par Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix. Son arrivée au pouvoir au printemps avait éveillé l’espoir de voir enfin se terminer les conflits qui ensanglantent depuis des décennies des régions frontalières du pays.