Le projet de la tour Saint-Gobain à la Défense. | VALODE et PISTRE ARCHITECTES

Les entreprises françaises de menuiseries en aluminium s’indignent d’avoir été « évincées » par Vinci, disent-elles, de la réalisation des façades vitrées de la tour Saint-Gobain à la Défense, dans les Hauts-de-Seine, le groupe leur ayant préféré un sous-traitant turc aux prix « anormalement bas ».

« Les façadiers français évincés de la tour Saint-Gobain crient leur colère », écrit dans un communiqué, mardi 22 novembre, le Syndicat national de la construction des fenêtres, façades et activités associées (SNFA), qui représente cent quatre-vingt-cinq entreprises qui conçoivent, fabriquent et installent des menuiseries en aluminium.

« Nos façadiers vont mourir »

Chargé de la construction en cours de cette tour de trente-neuf étages dans le quartier d’affaires de la Défense, le groupe Vinci « a récemment choisi l’entreprise turque Metal Yapi » pour réaliser les façades vitrées de l’ouvrage, rapporte le SNFA.

« Les raisons de ce choix : à nouveau des prix anormalement bas ! », dit l’organisation, dénonçant « un nouveau coup dur pour les entreprises françaises, une fois de plus privées d’un important marché ». Aujourd’hui Metal Yapi « ne dispose en France que d’un établissement de moins de cinq personnes, qui n’est même pas affilié à la convention collective du bâtiment », écrit l’organisation.

« La totalité des composants des façades ainsi que la main-d’œuvre de fabrication et d’installation seront donc intégralement de provenance hors Europe”. »

« Pour nous, il est impossible de travailler, en respectant toutes les règles, dans les conditions financières imposées par les entreprises générales » de grands groupes de BTP et de leurs filiales, a déclaré à l’AFP Jean-Luc Marchand, délégué général du SNFA. « Nos façadiers vont mourir », avertit-il.

Quelque 25 000 m2 de façades vitrées doivent être réalisées sur cette tour, conçue par le cabinet d’architecte français Valode et Pistre, dont la livraison est prévue pour le troisième trimestre 2019.

Des sous-traitants controversés

Metal Yapi, « sous-traitant de Bouygues pour les façades de l’immeuble du Monde, a déjà défrayé la chronique en 2004 », dit le SNFA. Ce chantier avait donné lieu à « des conditions déplorables de travail et d’hébergement de ses salariés, qui ont fait polémique », rappelle l’organisation, qui y voit la conséquence d’« invraisemblables écarts de prix avec les entreprises françaises ».

Pour le SNFA, ces cas de sous-traitance étrangère aux conséquences « désastreuses » sont « loin d’être isolés et deviennent même une pratique courante ». Ainsi la façade de la tour Carpe diem, confiée à la société chinoise Yuanda, et elle aussi située à la Défense, a souffert de « fuites importantes » qui ont nécessité un colmatage pendant plusieurs mois, rapporte M. Marchand. Quant à la façade de la tour D2, elle a été confiée au sous-traitant Kyotec, qui lui-même « sous-traitait toute sa fabrication en Turquie » et a déposé le bilan avant la fin du chantier.

Pour le SNFA, les entreprises françaises sont « en mesure d’offrir des prestations de nettement meilleure qualité (…) à condition de recevoir une juste rémunération ».