Les annonceurs ont interpellé jeudi 24 novembre le gouvernement, s’inquiétant d’un décret de la loi Macron sur la transparence dans la publicité numérique, soumis à la Commission européenne et au conseil d’Etat, qui tarde à être publié.

« Attendue depuis août 2015, la publication officielle du décret relatif à la prévention de la corruption et à la transparence de la publicité sur le digital n’est toujours pas faite », déclare l’organisation dans un communiqué. Il s’agit d’un « délai inhabituel et surtout dangereux par rapport aux risques qui pèsent en France sur le marché publicitaire digital en plein développement », souligne-t-elle.

Les dispositions de la loi Sapin de 1993 contre la corruption et pour la transparence dans la publicité ont été étendues à la publicité numérique par la loi Macron.

Un marché estimé à près de 3,5 milliards d’euros en 2017

« Nous tirons la sonnette d’alarme », a expliqué à l’AFP Pierre-Jean Bozo, directeur général de l’Union des annonceurs (UDA). « On verra quand on aura les chiffres 2016 qu’Internet est passé comme premier média devant la télévision » pour les dépenses des annonceurs. Or le responsable dénonce « une zone grise, une zone de jungle » sur ce marché attendu à près de 3,5 milliards d’euros en 2017.

« Nous voulons que ce décret passe avant la fin de l’année, faute de quoi nous allons imaginer d’autres moyens d’action de façon à assurer la transparence du marché publicitaire. »

Si ce décret n’est pas publié, l’UDA entend saisir la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour mener des enquêtes sur des cas particuliers, stipule l’UDA. Mais elle pourrait aussi lancer un audit d’investigation sur les relations entre médias, agences de conseil média et les annonceurs.

Une enquête de ce type réalisée pour les annonceurs américains de l’ANA par le cabinet K2 a ébranlé le secteur cette année en révélant des « pratiques non transparentes, et notamment des commissions aux agences médias » généralisées.

« On demande la neutralité du conseil média prodigué par les agences média » a noté M. Bozo. « On s’est aperçu que comme les médias étaient requis de rémunérer les agences, les plans de communication que préconisaient les agences médias étaient ceux qui les rémunéraient le plus et pas ceux qui étaient les plus efficaces pour les annonceurs », a-t-il dénoncé.