Quatre Français et un Marocain, soupçonnés d’avoir voulu commettre un attentat le 1er décembre, ont été présentés vendredi 25 novembre à la justice à Paris, en vue d’une mise en examen par des juges antiterroristes, a déclaré le procureur de la République de Paris lors d’une conférence de presse.

François Molins a également annoncé l’ouverture d’une information judiciaire « des chefs de participation à une association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d’atteinte aux personnes, d’acquisition, détention, transport, offre et cession illégale d’armes et de munitions de catégories A et B, le tout en réunion et en relation avec une entreprise terroriste ». Le parquet a requis leur placement en détention provisoire.

« Allégeance » à l’Etat islamique

Les cinq suspects avaient fait « allégeance » à l’Etat islamique (EI) et étaient en contact avec un « donneur d’ordre dans la zone irako-syrienne », qui leur a donné des « instructions communes (…) par le biais d’applications cryptées », a précisé le procureur, ajoutant : « Les éléments saisis à Strasbourg (…) ont en effet permis de découvrir des écrits très clairs d’allégeance à Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] et glorifiant la mort en martyr ».

« Les exploitations techniques réalisées sur des éléments saisis lors de perquisitions à Strasbourg ont permis d’établir qu’une action était envisagée par le groupe strasbourgeois le 1er  décembre sans qu’on puisse toutefois déterminer à ce stade la cible précise choisie parmi toutes celles que le groupe envisageait », a exposé François Molins, évoquant leur « volonté manifeste de trouver et repérer des cibles pour agir à très court terme ».

Prolongation exceptionnelle des gardes à vue

Quatre Français, âgés de 35 à 37 ans et inconnus des services antiterroristes, ont été arrêtés à Strasbourg. Deux d’entre eux sont soupçonnés d’avoir séjourné en Syrie en 2015. Le cinquième homme gardé à vue, un Marocain de 46 ans arrêté à Marseille, avait été signalé pour radicalisation par les services de renseignement du Portugal, pays où il résidait, après plusieurs voyages suspects en Europe.

Les gardes à vue des suspects, entendus depuis dimanche par les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ont été prolongées jeudi, de manière exceptionnelle, au-delà de quatre-vingt-seize heures. Une telle prolongation, qui peut porter les gardes à vue à une durée totale de cent quarante-quatre heures, soit six jours, n’est possible que lorsque les investigations font craindre une menace d’attentat imminent ou pour des nécessités de coopération internationale.

Les investigations, qui avaient débuté en février, avaient déjà conduit à l’interpellation de deux Français, le 14 juin, en plein Euro de football, soupçonnés d’avoir contracté des crédits à la consommation pour financer des activités terroristes.

L’arrestation de ces cinq hommes a permis de « mettre en échec une action terroriste envisagée de longue date », a affirmé lundi le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve. Cet attentat déjoué survient dans un contexte de menace terroriste maximale en France. Le pays a été frappé depuis près de deux ans par une vague d’attaques djihadistes sans précédent. Dix-sept attentats ont été déjoués depuis le début de l’année, d’après le ministre. Sept l’avaient été en 2015.