Sakina Karchaoui lors des JO de Rio. | DOUGLAS MAGNO / AFP

Quelles joueuses connaîtront un destin similaire à Paul Pogba, Samuel Umtiti et Lucas Digne parmi les Bleuettes qui disputent actuellement en Papouasie-Nouvelle-Guinée la Coupe du monde des - 20 ans ? Vendredi, les Françaises affrontent en quart de finale l’Allemagne à Port Moresby (10 h 30) et peuvent logiquement prétendre au titre après un début de compétition mitigé : matchs nuls contre les États-Unis (0-0) et le Ghana (2-2), victoire contre la Nouvelle-Zélande (2-0).

Les équipes de France de cette catégorie, qui s’illustrent au niveau mondial, sont en général d’excellents fournisseurs pour la sélection A. En 2013, les jeunes footballeurs français menés par l’ancien Turinois Pogba avaient remporté le Mondial organisé en Turquie. Trois ans plus tard, lors de l’Euro 2016, trois champions du monde des - 20 ans figuraient dans le groupe retenu par Didier Deschamps et qui s’inclinera en finale face au Portugal. L’un était inamovible (Pobga), l’autre s’est imposé à partir des quarts face à l’Islande (Umtiti) et le dernier a fait de la figuration (Digne).

Troisièmes en 2014

Au sein de l’équipe de France féminine des - 20 ans, treize joueuses ont remporté l’Euro des - 19 ans en juillet dernier en Slovaquie. Et trois ont déjà connu la joie d’une sélection avec les A : Sakina Karchaoui (7 capes), Delphine Cascarino (1 cape) et Marie-Charlotte Léger (6 capes). « Je ne sais pas si le titre de championne d’Europe confère un statut particulier puisque le groupe n’est pas exactement le même. 80 % des joueuses jouent en division 1. J’espère que certaines auront un avenir avec la sélection principale. Même si on sait que sur groupe comme ça, seules quelqu’unes auront cette chance », raconte le sélectionneur Gilles Eyquem.

L’ancien footballeur pro de Bordeaux, Cannes ou Angers rappelle à propos que dans le groupe des Françaises, troisièmes du Mondial des - 19 ans en 2014, six joueuses évoluent désormais régulièrement en sélection. Interrogé par Le Monde à l’annonce de sa nomination, le nouvel entraîneur des Bleues Olivier Echouafni assurait qu’il allait suivre de près l’édition 2016 de cette mini-Coupe du monde. L’attaquante Delphine Cascarino, joueuse de l’Olympique lyonnais, confirme cette attention particulière : « On a conscience que l’on est observé. Le sélectionneur [Olivier Echouafni] m’a confié que je devais être exemplaire lors de ce tournoi car j’ai déjà une sélection chez les seniors. On n’a pas le droit à l’erreur ».

Alors que le football féminin français ne possède pour le moment qu’un titre mondial, celui décroché en 2012 en Azerbaïdjan par l’équipe des - 17 ans, cette génération deviendrait la première sélection féminine des - 20 ans a remporté la Coupe du monde. C’est au Canada il y a deux ans que le meilleur résultat avait été atteint avec une place de troisième. À l’époque, les joueuses déjà entraînées par Gilles Eyquem s’étaient d’ailleurs inclinées face aux Allemandes en demi-finale.

MATCH 21: NEW ZEALAND v FRANCE - FIFA Women's U20 Papua New Guinea 2016
Durée : 02:20

« L’Allemagne est un adversaire que l’on respecte. Elle pratique un football que l’on connaît bien, engagé pour ne pas dire plus, mais aussi pourvu de qualité technique. On a envie de faire mieux qu’en 2014. On a connu deux blessures importantes [Perle Morroni et Marie-Antoinette Katoto] avant la compétition mais notre groupe reste solide », confie Gilles Eyquem. L’entraîneur est rejoint par sa joueuse Delphine Cascarino qui ne manque pas d’envie avant ce quart de finale : « Affronter les Allemandes, c’est encore plus motivant étant donné que Perle Morroni a été blessée lors de notre dernier match face à elles [amical 2-2 en septembre dernier]. C’est comme une revanche pour venger sa blessure. »

Sécurité renforcée

Impressionnantes depuis le début de la compétition, sacrées en octobre dernier championnes du monde des - 17 ans, les Nord-Coréennes, qualifiées pour les demi-finales au même titre que les Japonaises, pourraient bien réussir un doublé. « La Corée, systématiquement dans le dernier carré depuis quelques années, ne me surprend pas du tout. C’est une équipe très difficile à manœuvrer. Généralement, par rapport à 2014, je trouve que cette Coupe du monde est beaucoup plus relevée. Tous les quarts de finalistes sont de belles équipes », assène le sélectionneur tricolore.

À l’autre bout du monde, sur cette terre de football presque vierge, la vie de groupe est pour le moins compliqué à cause des strictes conditions de sécurité imposées. Les équipes ne sortent pas des quatre hôtels choisis pour le tournoi qui se déroule exclusivement dans la capitale Port Moresby. « Nous sommes un peu confinés. Les sorties sont plus que rares. Dans notre premier hôtel, on ne pouvait pas sortir. Dans celui où l’on vient d’atterrir, nous avons un petit parc sécurisé où l’on peut se promener. À l’extérieur, nous bénéficions d’une escorte : une voiture de police devant et une autre devant notre bus », explique Gilles Eyquem.

Loin d’un voyage touristique ou d’une partie de plaisir, de quoi se concentrer uniquement sur la compétition pour ces jeunes joueuses. « On est tout le temps à l’hôtel. On s’entraîne. On regarde les matchs dans nos chambres. En plus, le wifi ne marche pas très bien… », s’amuse, fataliste, Delphine Cascarino.