Le président Recep Tayyip Erdogan, lors d’un discours à Ankara, le 24 novembre. | ADEM ALTAN / AFP

Plus de 6 000 enseignants turcs ont été rétablis dans leurs fonctions, a annoncé vendredi 25 novembre le ministère de l’éducation. Ils avaient été suspendus ou limogés par milliers dans la foulée du coup d’Etat raté du 15 juillet contre le président Recep Tayyip Erdogan. C’est la première fois que les autorités turques annoncent la réintégration d’un tel nombre de fonctionnaires.

Les enquêtes ouvertes sur ces enseignants, suspendus car « soupçonnés d’avoir des liens avec des organisations terroristes », « sont toujours en cours », a précisé le ministère.

100 000 personnes touchées par la purge

Plus de 100 000 personnes, notamment des professeurs, militaires et magistrats, ont été arrêtées, limogées ou suspendues à la suite la tentative de putsch imputée par le gouvernement turc au prédicateur Fethullah Gülen, qui vit aux Etats-Unis et nie toute implication dans le coup de force.

Dépassant le cadre de la chasse aux putschistes présumés, la purge vise toutes les personnes soupçonnées de liens avec des « organisations terroristes », expression qui désigne aussi bien le réseau guléniste que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ou encore l’organisation Etat islamique (EI).

Mardi encore, 15 726 personnes ont été limogées, dont près de 7 600 membres des forces de la sécurité intérieure, 2 700 du ministère de l’intérieur et 1 200 du ministère de l’enseignement. En outre, 550 associations, 9 médias et 19 structures médicales privées ont été fermés par décrets.

Inquiétude des partenaires occidentaux

L’ampleur de la purge suscite l’inquiétude des partenaires occidentaux d’Ankara, qui redoutent que l’état d’urgence instauré ne serve de prétexte au gouvernement pour réprimer des opposants. Le Parlement européen a préconisé jeudi, dans une résolution non contraignante adoptée à Strasbourg, le gel des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne en raison des mesures répressives « disproportionnées » prises par Ankara dans le cadre de l’état d’urgence.

A cause de cette purge, de nombreux établissements scolaires manquent de professeurs, s’est alarmé en septembre Hüseyin Ozev, dirigeant du principal syndicat d’enseignants d’Istanbul, qui estime à au moins 40 000 le nombre de postes inoccupés.

Dans le cadre de l’état d’urgence, les autorités turques ont pris des mesures pour accroître leur contrôle sur les universités, dont les recteurs sont désormais nommés par le président Erdogan.

Purges en Turquie : "C'est sans précédent"
Durée : 04:43