Philippe Martinez sur la fin du salariat traditionnel
Durée : 06:11

Les start-up qui emploient de simples particuliers, souvent en autoentrepreneur et donc sans contrat de travail, œuvrent à « une évolution dangereuse qui précarise les travailleurs », a estimé, dimanche 27 novembre, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, interrogé dans l’émission « Questions politiques » de France Inter, en partenariat avec Le Monde.

Ce modèle, utilisé par certaines start-up de livraison des repas, ou par Uber avant une décision de la justice française, permet de ne pas payer un certain nombre de cotisations et prive les personnes recourant à ces services d’un certain nombre de protections et garanties attachées au salariat traditionnel.

Ce modèle constitue, selon M. Martinez, un « phénomène de mode » en voie d’extinction : « Il y a de plus en plus de salariés qui créent des associations » pour attaquer en justice afin de voir leur relation contractuelle avec ces entreprises requalifiées en véritable contrat de travail (en France, mais aussi aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne). « Malheureusement, ils ne viennent pas assez à la CGT. (…) Il faut qu’on fasse des efforts », a-t-il aussi déploré.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

Pour le dirigeant du principal syndicat français, « il faut un contrat de travail, une protection sociale, des conventions collectives, pour ne pas faire soixante-dix heures payées au smic. La liberté qui signifierait que d’un contrat en CDI on passerait à un partenariat commercial, c’est du pipeau. Il faut qu’ils aient un contrat de travail et des garanties collectives. »

Interrogé pour savoir s’il était possible de reconnaître à certaines entreprises, comme Uber, d’avoir permis à certains de trouver un emploi, notamment dans certains quartiers, Philippe Martinez s’est interrogé sur la raison pour laquelle « ces jeunes-là ne trouvent pas plus facilement d’emplois à qualifications égales » :

« Ce sont souvent des bac + 2 ou des bac + 5, qui sont obligés de faire ces boulots-là pour avoir du travail, c’est un problème. Pourquoi à qualification égale un fils d’immigré ou quelqu’un des quartiers a plus de mal à trouver du boulot que quelqu’un de blanc avec un nom bien français ? C’est une vraie question. Uber apporte une réponse : tu as bac + 5 et tu seras payé au smic pour conduire une voiture. »

Pour Philippe Martinez, l’argument selon lequel ce modèle permet à des travailleurs de la flexibilité et de faibles horaires n’est pas recevable :

« Cela arrange certains, souvent les étudiants. Trouvons une autre solution. Pourquoi les étudiants, un sur deux, sont obligés de travailler pour financer leurs études ? Il faut développer une allocation pour que ces jeunes, quelle que soit la situation familiale de leurs parents, puissent faire leurs études dans de bonnes conditions. C’est une proposition, ça dérange, ça coûte de l’argent, il faut en piquer à ceux qui en ont, les grandes multinationales. »

Selon M. Martinez, la flexibilité est l’autre nom de la précarité :

« De plus en plus, le travail précaire se développe, ce sont souvent les femmes qui sont ciblées pour ce genre de boulot. On a déjà du mal avec son salaire, on ne va pas vivre avec ses salaires amputés de moitié ! »