Le groupe d’énergie Edison, filiale italienne d’EDF, a longtemps été une épine dans le pied de sa maison mère, d’abord par son actionnariat complexe et ensuite par son absence de stratégie. PDG d’EDF jusqu’en 2014, Henri Proglio avait dénoué l’imbroglio italien en prenant le contrôle total au prix d’importantes cessions d’actifs à ses partenaires dans Edison.

Son successeur, Jean-Bernard Lévy, veut développer l’entreprise milanaise en recentrant ses activités d’exploration-production de gaz en Méditerranée et surtout en triplant le nombre de clients particuliers dans la Péninsule, consolidant sa place de deuxième filiale du groupe derrière EDF Energy (Royaume-Uni).

Edison est le troisième acteur dans le gaz et l’électricité en Italie, loin derrière les géants ENI et Enel. Une double-fenêtre de tir s’ouvre à la société pour asseoir son développement : la fin programmée des tarifs réglementés de l’énergie en 2018, qui va libérer quelque 20 millions de clients potentiels ; et la volonté affichée depuis des années par le pétrolier ENI de céder tout ou partie de son portefeuille de près de 8 millions de clients italiens en gaz et électricité.

Acquisition des clients d’ENI

« Nous nous mettrons sur les rangs lorsqu’ENI sera prêt », a indiqué Marc Benayoun, directeur exécutif d’EDF chargé du gaz et du pôle Italie, et administrateur délégué d’Edison, lors d’une rencontre avec la presse lundi 28 novembre. Si Edison a de gros clients industriels, il reste trop modeste sur le marché des particuliers (retail). « Nous souhaitons passer de 1,2 million à 3 ou 4 millions de clients pour avoir la taille critique et réaliser des économies d’échelle », a-t-il annoncé.

Cette offensive passera par des offres commerciales « innovantes », mais aussi par des acquisitions, a-t-il précisé. Le coût de l’acquisition de tout ou partie des clients d’ENI dépassera largement 1 milliard d’euros. « Nous serions prêts à ouvrir notre capital à un acteur italien pour financer cette opération et partager le risque », ce partenaire pouvant détenir « un peu moins d’un tiers du capital » d’Edison, a expliqué M. Benayoun.

EDF cherche à optimiser ses « capex » au moment où un mur d’investissements se dresse devant l’entreprise, surtout dans les centrales nucléaires en France (modernisation des 58 réacteurs) et au Royaume-Uni (deux EPR d’Hinkley Point). Sa filiale italienne elle-même n’est toujours pas bénéficiaire et n’a pas suffisamment réduit son endettement, qui reste de 1,2 milliard.

Recentrer ses actifs dans l’exploration-production

Edison a également lancé, à travers sa société E2i, une offre publique d’achat sur l’exploitant d’éoliennes Alerion, qui se clôture en fin de semaine. Un portefeuille de 260 mégawatts (MW) supplémentaires s’ajouterait aux 590 MW qu’il possède déjà, ce qui en ferait le numéro deux du secteur dans le pays derrière ERG Renew.

Enfin, la filiale d’EDF veut se renforcer dans l’approvisionnement gazier de l’Italie à travers des infrastructures : un nouveau terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) et le projet de gazoduc reliant la Turquie à l’Italie via la Grèce pour acheminer du gaz russe, le projet Southstream ayant été abandonné par Moscou.

Edison confirme sa volonté de recentrer ses actifs dans l’exploration-production d’hydrocarbures en se désengageant d’Europe du Nord (Norvège, Royaume-Uni), mais entend se développer en Egypte. D’énormes réserves de gaz y ont été découvertes ces dernières années et elles pourraient alimenter les besoins de l’Italie, deuxième consommateur en Europe derrière l’Allemagne.