Inauguration du QG de campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle de 2017, le 16 novembre. | Cyril Bitton / french-politics pour Le Monde

Cette fois-ci, le Front national n’a pas été pris de cours. Dès l’annonce de la victoire de François Fillon contre Alain Juppé au second tour de la primaire de la droite, dimanche 27 novembre, le parti d’extrême droite a dégainé sur les réseaux sociaux des visuels mettant en cause le programme ou les prises de position passées de l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Immigration, réforme de la durée légale du temps de travail, de la sécurité sociale, suppression de 500 000 postes dans la fonction publique, soutien à Hillary Clinton… Les frontistes ont visiblement mis à profit la semaine écoulée depuis le succès surprise du Sarthois au premier tour, le 20 novembre, pour s’intéresser à ce candidat imprévu, qui pourrait compliquer la tâche de Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle de 2017.

C’est avant tout sur le terrain économique que les deux camps devraient s’affronter dans les semaines à venir. Dans son discours de victoire, prononcé dimanche, M. Fillon a dénoncé un Front national qui conduirait la France à la « faillite » en cas d’accession au pouvoir. Le parti lepéniste, de son côté, s’attache à dépeindre le député de Paris comme un candidat promoteur d’une « politique ultralibérale », « contre le peuple », là où Mme Le Pen entend parler en son nom.

« Ce n’est pas un bon candidat pour Marine »

Pour le secrétaire général du parti d’extrême droite Nicolas Bay, l’ancien chef du gouvernement n’a « pas la capacité à rassembler l’électorat populaire ». Une difficulté potentielle déjà cernée par certains responsables au sein du parti Les Républicains. Dans le même temps, le FN continue de s’accrocher à sa ligne économique aux accents interventionnistes – qui ne manque pas de faire débat en interne – pour ne pas s’aliéner cette catégorie de la population.

L’angle d’attaque choisi par les marinistes permet de souligner la différence de nature qui séparerait l’électorat LR et celui du FN : d’un côté, les classes moyennes supérieures et favorisées, de l’autre, les classes populaires. Entre droite et extrême droite, l’affrontement sur les valeurs et les questions régaliennes a perdu en vigueur ces dernières années, à mesure que la porosité a progressé parmi leurs bases respectives sur ces questions. Reste l’économie, donc.

La victoire de M. Fillon pourrait barrer la route à Mme Le Pen vers un électorat de droite traditionnel, centré sur les préoccupations sociétales, au sein duquel certains frontistes se voyaient tailler des parts de marché. « Il y a une droite catholique de l’Ouest qui se disait en se bouchant le nez : On va peut-être voter Marine Le Pen” si Alain Juppé est candidat. Là, divine surprise, Fillon sort du chapeau, note un cadre. Ce n’est pas un bon candidat pour Marine. » C’est un candidat qui pourrait, en tout cas, contribuer à figer chacun dans ses positions.

Fillon : « c'est une victoire de fond, basée sur des convictions »
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