Dans un monde pris au piège d’une croissance désespérément molle, Donald Trump pourrait-il, finalement, être l’homme de la situation ? Entre baisses d’impôts et relance massive de l’investissement, certaines promesses du président américain élu semblent, en tout cas, satisfaire à l’injonction martelée depuis des mois par les grandes institutions économiques internationales : activer l’arme budgétaire pour soutenir la reprise.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en prend acte dans le dernier cru de ses « perspectives économiques », présenté lundi 28 novembre. Et se permet – une fois n’est pas coutume – de réviser d’un iota à la hausse ses prévisions : la progression du produit intérieur brut (PIB) mondial est estimée à 3,3 % en 2017 (contre 3,2 % dans les projections de septembre). Pour 2018, ce « club » de trente-cinq pays riches mise sur un léger rebond, à 3,6 %.

Une « initiative budgétaire importante et efficace », lancée par la nouvelle administration américaine, stimulerait la consommation domestique et l’investissement aux Etats-Unis, estiment les experts du château de la Muette, à Paris, le siège de l’institution. La croissance y est attendue à 2,3 % en 2017 (+ 0,2 point de pourcentage par rapport à septembre) et 3 % en 2018. Finalement, grâce à des retombées bénéfiques pour le reste de la planète, « la croissance mondiale pourrait retrouver un peu de vigueur », est-il écrit.

En la matière, les Etats-Unis ne sont pas censés faire cavalier seul. A l’unisson avec le Fonds monétaire international, l’OCDE lance un appel à une relance budgétaire mondiale coordonnée. Et juge que la zone euro, notamment l’Allemagne, pourrait faire davantage.

Un léger espoir est permis

D’abord, car la politique monétaire a atteint ses limites. Ensuite, parce que les taux d’intérêt extrêmement bas sont vecteurs d’opportunités. Enfin, les efforts de consolidation budgétaire de ces dernières années ont permis de réduire les ratios de dette sur PIB dans bien des pays et offrent une plus grande marge de manœuvre.

Pour réussir à donner un coup de fouet à l’activité, le surcroît de dépense publique doit être correctement dosé et, surtout, bien ciblé. L’OCDE préconise des investissements qui favorisent la croissance comme la recherche et développement, la formation des salariés ou les infrastructures « vertes ».

Un léger espoir est permis, mais le tableau général reste peu engageant. Dans la zone euro, la croissance est revue légèrement en hausse, à 1,7 % en 2017 (+ 0,2 point par rapport à septembre). Mais, selon l’institution, ses perspectives restent grevées par un chômage élevé, les fragilités du secteur bancaire et les « incertitudes sur l’intégration européenne », aggravées depuis le Brexit, en juin. En France, le PIB ne devrait progresser que de 1,3 % en 2017.

Inquiétudes sur le protectionnisme

Pour ce qui concerne le programme économique de Donald Trump, l’OCDE est loin de lui accorder un blanc-seing général. Sans nommer le milliardaire, contempteur du libre-échange, l’institution s’inquiète d’un regain de mesures protectionnistes.

Son économiste en chef, Catherine Mann, rappelle que plus de 25 % des emplois des pays de l’OCDE dépendent des exportations.

« Le protectionnisme et les inévitables représailles commerciales qui s’ensuivraient annihileraient l’essentiel des retombées des initiatives budgétaires sur la croissance domestique et mondiale, élèveraient les prix, pèseraient sur le niveau de vie et laisseraient les pays dans une situation fiscale dégradée », a-t-elle mis en garde.