• RACHMANINOV
    Tharaud plays Rachmaninov

    Concerto pour piano n°2 op. 18. Morceaux de fantaisie op. 3. Vocalise op. 34. Romance et Valse pour six mains op. 22
    Sabine Devieilhe (soprano), Alexandre Tharaud, Alexander Melnikov, Aleksandar Madzar (piano), Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, Alexander Vedernikov (direction)

Pochette de l’album « Tharaud plays Rachmaninov », œuvres de Rachmaninov par le pianiste Alexandre Tharaud avec Alexander Melnikov, Aleksandar Madzar (piano), Sabine Devieilhe (soprano), Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, Alexander Vedernikov (direction). | ERATO/WARNER MUSIC

Le pianiste Alexandre Tharaud ne fait rien comme personne, surtout quand il s’attaque aux monstres sacrés de la musique classique. Cette fois, une confrontation avec Sergueï Rachmaninov (1873-1943) et son fameux Concerto pour piano n°2 – pour Tharaud, l’une des musiques les plus jouissives jamais écrites. Le Français n’a jamais appartenu à la catégorie « pianivores broyeurs d’ivoire ». Et l’on n’imaginait pas a priori le héros de Rameau et Bach au piano, des miniatures stylisées de Satie, Poulenc et Chabrier, d’un Chopin étique et racé, verser dans l’hyper-romantisme slave. Mais c’est compter sans le goût du risque de notre expert en contrepied, qui rend sa part d’urgence et de svelte fulgurance à une musique trop souvent victime de son taux élevé de cholestérol expressif, comme en témoigne çà et là la direction « à la russe » d’Alexander Vedernikov à la tête du Royal Liverpool Philharmonic Orchestra. On se réjouira que le programme s’adjoigne aussi les grâces éthérées de la Vocalise op.34 (modulée par la cristalline Sabine Devieilhe), les rares Romance et Valse op.22 pour six mains (avec les pianistes Alexander Melnikov et Aleksandar Madzar), ainsi que les cinq Morceaux de fantaisie op.3 pour piano seul. Un quatuor d’Alexandre en forme de trèfle à quatre feuilles, dont Tharaud est assurément le roi de cœur. Marie-Aude Roux

1 CD chez Erato/Warner Classics.

  • FANNY VICENS
    Schrift
    Matthias Pintscher : Figura III. Keiko Harada : Bone +. Dmitri Kourliandski : Shiver. Stefano Gervasoni : Album di figure doppie. Januibe Tejera : Tremble. Bernhard Lang : Schrift 3. Franck Bedrossian : Bossa Nova.
    Fanny Vicens (accordéon).

Pochette de l’album « Schrift », de Fanny Vicens. | STRADIVARIUS

Ceux qui ne connaissent l’accordéon que sous un jour traditionnel, de la danse à la chanson en passant par le cinéma, voire par certaines transcriptions du répertoire classique, découvriront par ce disque qu’il a une vie propre depuis des lustres sur la scène contemporaine. Le propos de Fanny Vicens n’est, toutefois, pas de réactualiser l’image de l’instrument – d’autres s’y sont attelés avant elle, souvent avec moins de talent – mais d’animer un parcours musical conçu avec finesse et défendu avec brio. S’il y a ici militantisme, c’est donc en faveur des œuvres (étendues sur vingt ans) et des compositeurs (pas tous connus), de la musique, et non de l’accordéon. Il y a ceux (Harada, Kourliandski, Lang) qui misent avant tout sur les modes de jeux inédits et ceux qui cultivent l’identité de l’accordéon (son souffle, ses anches) pour atteindre à une expression personnelle. Ces derniers sont évidemment les plus séduisants. Matthias Pintscher dans une dimension très plastique, Franck Bedrossian dans une perspective poétique, Stefano Gervasoni dans le renouvellement ludique et Januibe Tejera (révélation du programme) dans le timbre, façon harmonica de taille XXL. Pierre Gervasoni

1 CD Stradivarius.

  • OLIVIA RUIZ
    A nos corps-aimants

Pochette de l’album « A nos corps-aimants », d’Olivia Ruiz. | POLYDOR/UNIVERSAL MUSIC

Après une pause courant 2015 et début 2016, Olivia Ruiz, devenue maman en novembre 2015, est repartie en studio avec de nouveaux textes et mélodies pour un cinquième album, A nos corps-aimants. Lequel a été réalisé par la chanteuse avec Edith Fambuena, accompagnée pour cinq des douze chansons de Tony Berg, déjà à ce poste de direction artistique pour le précédent disque, Le Calme et la Tempête. Un nouvel album qui a sa part de fantasque joueur comme dans Mon corps mon amour, Ame en dentelle, Dis-moi ton secret ou Tokyo Eyes. Et qui aussi, par des claviers lointains, des entrelacs de guitare, des subtilités dans les programmations électroniques, aborde des rives sensibles et tendres comme dans La Dame-oiselle, Nino mi nino, Nos corps-aimants ou Duerme Negrito, classique du répertoire folklorique hispanophone d’Amérique du sud. Une combinaison d’univers, d’approches variées qui fonctionne fort bien. Sylvain Siclier

1 CD Polydor/Universal Music.

  • ALAIN SOUCHON ET LAURENT VOULZY
    Le Concert

Pochette de l’album « Le Concert », d’Alain Souchon et Laurent Voulzy. | COLUMBIA RECORDS/WARNER MUSIC-SONY MUSIC

  • Amis depuis le début des années 1970, vite devenus complices artistiques, concevant pour l’un ou l’autre la plupart de leurs chansons, Alain Souchon et Laurent Voulzy ont enregistré ensemble un album, devenu l’un des gros succès de l’année 2014. Une tournée avait suivi, d’avril 2015 à septembre 2016, dans les grandes salles en France, Suisse et Belgique et les principaux festivals accueillant la chanson (Vieilles Charrues, Paleo, Colmar, Fête de l’Humanité…). Suite logique, voici un souvenir en deux CD et un DVD de cette aventure amicale, enregistré et filmé lors des concerts au Zénith de Paris en décembre 2015. Les compositions les plus connues du duo sont là avec les chansons nouvelles, dans un traitement qui allie avec soin acoustique et électrique. La réalisation du film (Thierry Gautier, Sylvain Leduc et Laurent Voulzy) est en accord avec l’élégance musicale, en mouvements lents, qui prennent le temps de montrer un visage, les musiciens, à l’écart du montage hystérique des plans qui prévaut dans les captations de concert. Sylvain Siclier

2 CD et 1 DVD Columbia Records/Warner Music-Sony Music.

  • PRAMOD KUMAR/ZAKIR HUSSAIN
    Inde du Nord : Raga Madhuvanti – Raga Kirwani

Pochette de l’album « Inde du Nord : Raga Madhuvanti – Raga Kirwani », par Pramod Kumar et Zakir Hussain. | OCORA RADIO FRANCE/HARMONIA MUNDI

Quand il est mort, à l’âge de 45 ans en 1983, le maestro Ravi Shankar (1920-2012), éminence du sitar indien, aurait dit de Pramod Kumar qu’il avait été son meilleur élève. Né dans une famille brahmane de la région de Lahore, Pramod Kumar, après une formation de percussionniste (au tabla) et à la danse kathak, a suivi son enseignement du sitar et de la musique hindoustanie (musique classique de l’Inde du Nord) pendant près d’une trentaine d’années. Développant un style qui lui sera propre, un son empreint de sonorités douces et vibrant de lyrisme intime, il montrera, à l’instar de son maître, un certain goût pour les rencontres au-delà de son monde musical. Notamment après son installation en France à la fin des années 1970 (il y jouera entre autres avec le contrebassiste François Rabbath et le percussionniste iranien Djamchid Chemirani), où il réalisa en 1972 son premier enregistrement avec la futur star mondiale du tabla, Zakir Hussain. La réédition de cet album permettra de le redécouvrir ou de le découvrir pour les oreilles plus tardivement happées par les envoûtants scintillements de la musique indienne. Patrick Labesse

1 CD Ocora Radio France/Harmonia Mundi.