Le marché de l’immobilier se porte relativement bien en France. N’en déplaise aux nombreux opposants à la loi ALUR (accès au logement et urbanisme rénové, du 24 mars 2014), notamment des professionnels de l’immobilier, qui prédisaient que celle-ci, qui a notamment institué de nouvelles relations entre propriétaires et locataires, allait bloquer le marché. Les ventes, à 850 000 transactions attendues cette année, battent des records, portées par des taux de crédit encore faibles. Et le marché locatif privé n’est pas en reste : il n’a jamais été aussi dynamique.

Selon la banque de données Clameur, qui publie, mardi 29 novembre, une étude réalisée auprès des gérants, l’activité des locations privées, sur les dix premiers mois de l’année, a progressé de 8,9 % au vu du nombre de baux conclus, après avoir déjà bondi de 11,5 % en 2015.

Le taux de mobilité des locataires – cet indicateur témoigne de la fluidité du marché – est, lui, au plus haut, à 33 %. Ce qui revient à dire qu’un appartement sur trois a, sur douze mois au 1er novembre, changé d’occupant.

« Cette mobilité est alimentée par la démographie, par un meilleur moral des ménages, qui envisagent à nouveau de déménager, et par le dynamisme de l’accession à la propriété qui libère des logements à louer », commente Michel Mouillart, économiste, auteur de l’étude.

Les loyers qui, jusqu’en 2015, augmentaient moins vite que l’inflation, voire diminuaient, repartent à la hausse : en moyenne + 1 % sur les dix premiers mois de 2016. Dans 25 villes de plus de 100 000 habitants, la hausse dépasse 1,5 %, comme à Mulhouse (+ 2,7 %), Nice (+ 2,3 %), Rennes, Rouen, Marseille (+ 2 %), Bordeaux et Besançon (+ 1,8 %), Le Havre, Saint-Denis, Nancy (+ 1,7 %). A Paris, l’appréciation est, en dépit de l’encadrement des loyers, de + 1 %, comme dans sa voisine Montreuil.

Inquiétudes sur une pénurie de biens

Dans ce contexte, les professionnels commencent à s’alarmer d’une éventuelle pénurie de biens à louer, souligne M. Mouillart : il y a, explique-t-il, « une sévère crise quantitative de l’offre locative, notamment à Lille et Paris, du fait de la faiblesse de la construction mais aussi de l’encadrement des loyers », en vigueur à Paris depuis le 1er août 2015 et annoncé à Lille d’ici au début de 2017.

La Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) du Grand Paris a estimé, dans un communiqué publié le 14 novembre, que 13 % des mandats de gestion confiés par les propriétaires à ses adhérents s’étaient, depuis le 1er août 2015 et l’application du plafonnement des loyers dans la capitale, volatilisés : dans 53 % des cas pour cause de vente, sinon pour passage à la location touristique, type Airbnb par exemple (23 %).

« Plusieurs de nos adhérents nous ont avoué avoir vendu leur logement à louer pour acheter à l’étranger ou réinvestir en petite couronne parisienne », confie Denys Brunel, président de la Chambre syndicale des propriétaires. Pour l’association Consommation logement et cadre de vie (CLCV), « il est encore trop tôt pour établir que l’encadrement des loyers a un effet sur l’offre ».