Un survivant du crash en Colombie est pris en charge par les secours, mardi 29 novembre. | RAUL ARBOLEDA / AFP

Le Brésil est sous le choc. Le président Michel Temer a déclaré trois jours de deuil national mardi 29 novembre au matin après l’annonce de l’accident d’un avion près de Medellin, dans le nord-ouest de la Colombie, transportant quatre-vingt-une personnes, dont la prometteuse équipe de football brésilienne Chapacoense. Soixante-quinze d’entre elles ont péri, selon les autorités colombiennes, et il y a six rescapés – deux membres d’équipage, un journaliste, sur les vingt présents, selon le journal brésilien Estadao, et trois footballeurs de l’équipe.

Les joueurs du club de football de Chapecoense se rendaient à Medellin pour y affronter l’Atletico Nacional dans le match aller de la finale de la Copa Sudamericana, deuxième plus grande compétition de clubs d’Amérique latine.

Le choc est énorme au Brésil, où le football est une religion. Le modeste club Chapecoense avait supris le football latino-américain en arrivant en finale de la Sudamericana – l’équivalent de l’Europa Ligue – pour la première fois de son histoire, après avoir éliminé en demi-finale la puissante équipe argentine de San Lorenzo. « La douleur est terrible. Juste quand on était si bien partis, peut-être pas au sommet, mais on s’était fait un nom au niveau national, cette tragédie arrive. C’est très difficile, c’est une grande tragédie », a déclaré, effondré, le vice-président du club, Ivan Tozzo, sur la chaîne brésilienne SporTV.

« Le monde est en pleurs »

Il y a encore quelques années, le club de la ville de Chapeco, qui compte deux cent mille habitants, dans l’Etat de Santa Catarina, dans le sud du Brésil, n’avait pas les moyens de se payer un club de gym et se rendait aux entraînements dans un vieux bus. Même ses supporteurs manquaient d’enthousiasme. Guère plus de sept mille spectateurs assistaient aux matchs, d’après le site Globoesporte. Le Club a pourtant été admis dans la Copas Sudamericana en 2015, et il n’a jamais déçu depuis.

Les autorités colombiennes ont identifié les premiers rescapés dans la matinée, parmi lesquels trois joueurs du club – Jackson Follmann, Alan Ruschel, Hélio Zampier Neto, ce dernier étant dans un état grave. Marcos Padilha, lui, serait mort à l’hôpital, selon les médias locaux. Parmi les survivants on compte également un journaliste, Rafael Hensel, et deux membres d’équipage, Ximena Suarez et Erwin Tumiri.

Ils ont été admis dans des hôpitaux du secteur, selon la radio colombienne Caracol. La confusion régnait cependant sur les réseaux sociaux. Les noms d’autres joueurs survivants potentiels circulaient, sans confirmation officielle. Deux autres joueurs auraient été transportés à l’hôpital, mais y seraient peut-être morts. Les réactions pleuvent depuis l’annonce de la tragédie.

Très vite, plusieurs footballeurs ont adressé des messages de condoléances et de solidarité. Parmi eux, Neymar, la star brésilienne Neymar, qui a twitté dans la matinée le sigle du club ChapeCoense avec un emoji de prière. Tous les clubs brésiliens de football ont revêtu de noir leurs logos en ligne, en signe de deuil.

Le président de la FIFA a évoqué un jour « très triste pour le football ». La fédération Conmebol a suspendu la finale de la coupe, et le congrès de l’organisme du football sud-américain prévu ce mercredi à Montevideo a été reporté.

« Panne électrique »

L’appareil, un British Aerospace 146 de la compagnie bolivienne charter Lamia transportant soixante-douze passagers et neuf membres d’équipage, s’est écrasé à la suite d’une « panne électrique », selon les autorités. Le club Atletico Nacional, qui devait jouer contre l’équipe de Chapecoense, s’est rendu sur les lieux mardi pour exprimer sa solidarité et tenter d’aider les secours.

« Nous sommes sur les lieux, en respectant les opérations des services de secours et en essayant de savoir en quoi nous pouvons aider », a déclaré le président du club, Juan Carlos de la Cuesta, sur Blu Radio.

Les débris de l’appareil ont été localisés dans une zone montagneuse du secteur du Cerro Gordo, proche de la petite ville de La Union, à une cinquantaine de kilomètres de Medellin, la deuxième ville de Colombie.

L’avion, parti du Brésil, avait fait une escale en Bolivie avant de se diriger vers la Colombie. Elkin Osorio, maire de La Ceja, municipalité voisine du lieu de l’accident, a évoqué des conditions « très difficiles » pour récupérer les corps des victimes. Les opérations de recherche avaient dû être suspendues dans la nuit en raison de la « mauvaise visibilité », due à de fortes pluies. Elles ont repris mardi matin à l’aube. L’accès au site de l’accident n’est possible que par voie terrestre.