LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine, découvrez la nouvelle websérie d’Arte Créative : Il revient quand Bertrand ?, testez la première application pour mobile dédiée aux séries courtes lancée par Canal+ avec T.A.N.K et laissez-vous submerger par la noirceur du chef-d’œuvre suédois Jour polaire.

Romance et voyeurisme

IRQB ? (7/10) - Si l'adversaire est uni, sème la discorde
Durée : 10:44

Je ne sais pas comment vous voyez les choses, mais pour Bertrand, thésard et vingtenaire au cœur tendre, on ne couche pas pendant un break. Sa petite amie Magali ne voit pas les choses de la même manière. A peine vient-elle de lui imposer une pause dans leur vie-cocooning – en le virant de leur appartement – qu’elle accueille chez eux, via Airbnb, un coloc blondinet tendance surfeur… Ce qui, vous en conviendrez, ne se fait pas puisque Magali et Bertrand ne sont jamais qu’en mode « réflexion », pas séparation. La preuve, ils ne se sont même pas « défriendisés » sur Facebook.

Bertrand le-gentil-naïf se retrouvera en fait dans une planque idéale pour espionner sa belle. Il va être hébergé par Gus(tave), qui crèche juste au-dessus de chez Magali : un ancien militaire qui passe son temps à « observer » (il n’accepte pas le terme « épier ») sur grand écran les faits et gestes de ses voisins dans l’immeuble, via la webcam de leur ordinateur. De la vraie « téléréalité », en somme.

Passé le premier épisode qui n’est pas le meilleur, la websérie ll revient quand, Bertrand ?, fort bien interprétée, se visionne avec gourmandise. Drôle et maline sur le fond comme sur la forme, elle joue avec les codes de la technologie numérique comme avec ceux de la comédie romantique, et se joue de nous en nous rendant aussi bien voyeurs que critiques. Martine Delahaye

ll revient quand, Bertrand ?, websérie écrite par Hélène Lombard et Julien Sibony d’après une idée originale de Camille Duvelleroy, Méline Engerbeau et Hélène Lombard. Avec Bertrand Usclat, Vincent Debost, Louise Coldefy (France, 2016, 10 x 10 min). Sur le site Arte Créative.

Western en voiture

La série « T.A.N.K. ».

Alexandre n’est pas du genre à s’embarrasser de circonvolutions. Le plan est simple et le chemin tout tracé : se débarrasser de ses menottes après une énième évasion, aller récupérer à l’autre bout du pays le butin de son dernier braquage, et s’évanouir dans la nature. Pour semer la police lancée à ses trousses sur les pistes du somptueux désert marocain, il va s’emparer, dans une station-service, d’une puissante Mercury, ignorant bien sûr qu’elle est chargée à ras bord de cocaïne. Ce qui fera un poursuivant de plus à semer.

Mêlant avec art de belles courses-poursuites et beaucoup d’humour, notamment grâce au jeu d’Alban Lenoir, s’apparentant à un western en voiture qui prendrait le temps de nous faire des clins d’œil, T.A.N.K. a séduit, lors du festival de la fiction à La Rochelle, cette année. Au point de recevoir le prix de la meilleure websérie et celui de la meilleure réalisation, remis à Samuel Bodin.

Conçue spécifiquement pour smartphones et tablettes, T.A.N.K. fait partie des webséries lancées le 25 novembre via l’application payante Studio + (groupe Canal+) dédiée aux séries courtes et qui proposera chaque semaine une nouvelle création. M.De.

T.A.N.K., websérie écrite par Tristan Schulmann et Samuel Bodin d’après une idée originale de Raphaël Rocher. Avec Alban Lenoir, Zita Hanrot, Renaud Rutten (France, 2016, 10 x 7 minutes). Sur l’application Studio +.

Polar polaire

JOUR POLAIRE Bande Annonce
Durée : 00:23

Jour polaire, de Mans Marlind et Björn Stein, s’inscrit dans la vogue de séries policières multilingues et transfrontalières, sises en pays nordiques. Le meurtre d’un Français dans une région minière de la Suède justifie en partie la coproduction franco-suédoise de cette série diffusée par Canal+ : il permet de mettre en scène une policière française, Kahina Zadi, jouée par Leïla Bekhti (incroyable de présence dans un rôle à la fois très psychologique et très physique), dépêchée sur les lieux pour collaborer avec un procureur (joué par Gustaf Hammarsten) et la police locale. L’intrigue de Jour polaire est d’une sophistication et d’une intrication rares et l’on y parle anglais (pour l’essentiel), suédois et français, sans oublier des incises en langue sami (parlé par la minorité laponne). Cette référence à la culture sami indigène et au racisme que connaît désormais la Suède est au centre du propos des auteurs. Et ce n’est pas l’un des moindres intérêts de cette série exceptionnelle, filmée de manière spectaculaire. Renaud Machart

« Jour polaire », de Mans Marlind et Björn Stein. Avec Leïla Bekhti, Gustaf Hammarsten, Peter Stormare, Denis Lavant, Olivier Gourmet (Fr.-Suède, 2016, 8 × 53 min). Sur Canal+ à la demande.