Une veillée est organisée après l’attaque perpétrée sur le campus de l’Ohio State University à Columbus, le 28 novembre 2016. | PAUL VERNON / AFP

Le 25 août, The Lantern, le journal de l’Ohio State University, à Columbus, avait publié un bref entretien avec un nouvel étudiant. Abdul Razak Artan y faisait part de sa foi musulmane et du problème que constituait l’absence de salles de prière sur le vaste campus. « J’ai voulu prier dehors, mais j’ai eu peur, vu tout ce que racontent les médias » sur l’islam, avait-il raconté.

Trois mois plus tard, lundi matin 28 novembre, le jeune homme a foncé volontairement sur des étudiants de l’établissement avant d’en attaquer d’autres à l’arme blanche. Onze personnes ont été blessées dont deux étaient toujours hospitalisées mardi matin. L’assaillant a été tué par un officier de sécurité présent sur les lieux.

Né en Somalie et arrivé avec sa famille aux Etats-Unis en 2014 après avoir transité par le Pakistan, Abdul Razak Artan était inscrit en troisième année de logistique. Il avait publié quelques instants auparavant sur sa page Facebook un message sans ambiguïtés. « Je n’en peux plus. Amérique ! Cesse ton ingérence dans les pays étrangers, surtout dans l’Oumma musulmane. Nous ne sommes pas faibles. Nous ne sommes pas faibles, souviens-toi de ça. Nous ne vous laisserons pas en paix tant que vous ne laisserez pas les musulmans en paix ».

Eviter les amalgames

Mardi, le site de propagande de l’organisation Etat islamique (EI) a assuré qu’Abdul Razak Artan était un de ses « soldats ». Il a « mené son opération en réponse aux appels à cibler les citoyens de pays de la coalition internationale » qui combat l’EI en Irak et en Syrie, a indiqué une « source » anonyme à l’« agence » Amaq, citée par SITE, le centre américain de surveillance des sites djihadistes.

Le président du conseil municipal de Columbus, Zach Klein, a qualifié l’attaque de lundi d’« incident isolé ». Soucieux d’éviter des amalgames avec les communautés musulmane et somalienne de la ville, il s’est rendu mardi matin en compagnie d’autres membres du conseil à la mosquée et au centre islamique Ibn Al-Taymiyah de la capitale de l’Ohio.

L’EI avait déjà revendiqué en septembre l’attaque au couteau perpétrée par un Somalien dans un centre commercial de Saint-Cloud, dans le Minnesota. Huit personnes avaient été blessées et l’assaillant avait été tué par un policier qui n’était pas en service. Cet Etat du nord des Etats-Unis abrite la plus importante communauté somalienne du pays. En juin, trois jeunes membres de cette communauté ont été condamnés à de la prison à vie pour avoir organisé une filière de recrutement au profit de l’EI. Six autres personnes avaient été arrêtées dans le même coup de filet alors qu’elles envisageaient de rejoindre la Syrie.