Documentaire sur C8 à 21 heures

Pendant un an et demi, Thomas Legrand, Bruno Joucla et Elise Baudoin ont suivi les candidats de la primaire de la droite. Le film était destiné à Canal+, mais la nouvelle stratégie de la chaîne exclut désormais la politique de ses programmes. C’est donc C8 qui a hérité du projet. « Cela devrait nous permettre de toucher un plus grand nombre de téléspectateurs », se console Thomas Legrand. Au départ, il était de plus prévu que le film soit montré avant le premier tour, mais la chaîne a préféré le diffuser une fois le résultat connu, de peur d’influencer le vote ou de susciter des polémiques.

Tout commence à la veille des élections régionales. Nicolas Sarkozy souhaite faire de ce scrutin le couronnement de son retour en politique. Une victoire des Républicains le sacrerait définitivement comme le candidat naturel à l’élection présidentielle, lui évitant de passer par une primaire dont il ne veut pas. Rien ne va se dérouler comme prévu. Le Front national arrive en tête dans bon nombre de territoires. L’ancien président de la République devra se plier à la primaire s’il veut retrouver l’Elysée.

Multiplier les bureaux de vote

Thomas Legrand nous emmène dans les coulisses des tractations de la préparation de cette élection inédite pour la droite. Arnaud Montebourg, qui avait réussi à créer la surprise en se positionnant à la troisième place de celle de la gauche cinq ans plus tôt, est même interrogé par les partisans d’Alain Juppé sur la marche à suivre. L’idée est simple : multiplier les bureaux de vote pour entraîner une large participation. Les soutiens de Nicolas Sarkozy finissent par accepter. Dans le camp Juppé, on se frotte les mains. Mais ce n’est finalement pas le maire de Bordeaux qui profitera de ce maillage du territoire, qui facilitera un vote rural favorable à François Fillon.

Comme ses confrères, le journaliste Thomas Legrand pensait que la primaire de la droite se résumerait à un duel Sarkozy-Juppé, et ce n’est que dans les deux dernières semaines qu’il a perçu la montée de François Fillon.

L’idée, dans ce documentaire, était de raconter comment la famille de la droite, habituée à la culture du chef, allait vivre cette confrontation inédite. « Cette thématique m’amusait particulièrement, car tous les membres des grandes familles bourgeoises n’ont pas le même poids, cela peut créer des tensions », explique Thomas Legrand.

François Fillon, Thierry Solere, Alain Juppé, Valérie Pecresse, Nicolas Sarkozy | BROTHERFILMS

Sur une musique qui pourrait être signée Nino Rota (qui a composé celle du Parrain), on suit les tribulations de cette famille qui accepte la participation du cousin éloigné Jean-Frédéric Poisson, tolère celle de l’ambitieux benjamin Bruno Le Maire, mais fait tout pour empêcher celle de Nathalie Kosciusko-Morizet, la fille rebelle. Thomas Legrand ne va toutefois pas jusqu’au bout de ce fil rouge, qui aurait pu rendre le récit de ces mois d’une compétition acharnée moins classique. « On ne fait pas la chronique de la campagne. On n’a pas non plus rationalisé a posteriori des choses. On a essayé de dégager les tendances », explique-t-il.

Près de 300 heures ont été tournées. Tous les prétendants, à l’exception de Nicolas Sarkozy, ont répondu à Thomas Legrand. Jusqu’au dernier moment, ce dernier a modifié le montage et surtout son commentaire, afin de raconter au mieux l’histoire de cette élection particulière.

Instincts primaires : coulisses d’une élection, de Thomas Legrand, Bruno Joucla et Elise Baudoin (Fr. 2016, 150 min).