Le candidat à la primaire de la gauche Arnaud Montebourg, le 28 novembre dans son QG de campagne du 15e arrondissement de Paris. | OLIVIER LABAN-MATTEI / MYOP pour « Le Monde »

Arnaud Montebourg a présenté sa candidature à la primaire de la gauche jeudi 1er décembre. L’ancien ministre de l’économie entame ainsi sa deuxième campagne, espérant réaliser un meilleur score que lors de la précédente élection interne : en 2011, il avait terminé troisième du scrutin qui avait désigné François Hollande candidat.

  • Avocat, élu, entrepreneur : les différentes vies d’Arnaud Montebourg

Adhérent du Parti socialiste (PS) depuis 1981, Arnaud Montebourg commence son parcours d’élu en 1997, quand il devient député. Mais le jeune homme – 35 ans à l’époque – a déjà une carrière derrière lui. Dans les années 1990, il est avocat, défend Christian Didier, l’assassin de René Bousquet, puis Christine Villemin, la mère du petit Grégory. Il est aussi l’avocat de l’Association des contribuables parisiens, qui a obtenu le déménagement d’Alain Juppé, locataire d’un appartement dont la Ville de Paris était propriétaire au loyer très bas.

En 1992, il devient premier secrétaire de la Conférence des avocats du barreau de Paris. Mais il se lasse. « J’avais fait le tour, je m’ennuyais. J’avais plaidé de belles affaires, j’avais fait déménager Alain Juppé qui occupait un logement de la Mairie de Paris », confiait-il au Monde en 2013. Ce sera donc un retour dans sa Bourgogne natale, qui devient son fief politique : Arnaud Montebourg est élu député de Saône-et-Loire en 1997 puis président du conseil général du même département en 2008.

Après son départ de Bercy, en août 2014, il se lance dans le monde de l’entreprise, suit une formation dans une école de commerce réputée, crée une société, puis est nommé vice-président du conseil de surveillance de la chaîne d’ameublement Habitat.

  • L’espoir d’être le recours à gauche

Lors de la primaire socialiste de 2011, Arnaud Montebourg s’est offert une belle troisième place avec 17,2 % des suffrages, loin devant Ségolène Royal (6,9 %) ou Manuel Valls (5,6 %). Cinq ans plus tard, l’ancien avocat nourrit davantage d’ambitions et se rêve cette fois vainqueur de la compétition interne… voire de la présidentielle.

Lui qui a quitté le gouvernement en 2014 sur fond de désaccords politiques espère pouvoir rassembler la gauche déçue du hollandisme sur son nom et éviter la dispersion des voix au premier tour de la présidentielle en 2017. La primaire « peut avoir des effets collatéraux positifs », estime-t-il ainsi dans une interview au Monde, « en amenant les candidats hors primaire à s’interroger sur une candidature qui ferait échouer ce premier rassemblement ». Il espère ainsi un ralliement des écologistes, des radicaux et pourquoi pas des communistes, malgré leur soutien à Jean-Luc Mélenchon.

  • Le « made in France » comme une ligne politique

Marinière Armor Lux sur le dos et blender Moulinex dans les mains, Arnaud Montebourg a réussi à incarner en une photo la promotion du « made in France ». C’était en couverture du Parisien magazine, en octobre 2012. Depuis, l’ancien ministre continue de faire de cet anglicisme une ligne politique, avec pour objectif de relancer la production française.

C’est par exemple dans cet esprit qu’à l’hiver 2012, le ministre s’était battu pour la sauvegarde du site sidérurgique de Florange, en Moselle, allant jusqu’à proposer sa nationalisation temporaire. L’épisode s’était transformé en affrontement avec Jean-Marc Ayrault, le premier ministre de l’époque, qui avait finalement favorisé un accord avec ArcelorMittal, propriétaire de l’usine.

En se lançant dans la primaire de la gauche de 2017, M. Montebourg poursuit cette ambition : il prône par exemple le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME), qui passerait par l’attribution de 80 % des marchés publics à ces PME pendant une période de huit ans, « le temps que la France se réindustrialise ».

  • Pour une VIe République

Arnaud Montebourg prône d’importantes réformes institutionnelles. Il suggère de réduire le nombre de députés de 577 à 350, dont 50 élus à la proportionnelle afin que les partis politiques « exclus de la représentation parlementaire » soient représentés. Les sénateurs, eux, ne seraient plus que 200, contre 348 actuellement : 100 tirés au sort parmi les électeurs, « un par département, afin d’assurer l’entrée de citoyens dans le système politique », et 100 membres du Conseil économique, social et environnemental.

Il propose aussi l’élection au suffrage universel dans chaque région d’un « commissaire chargé de la réduction du chômage » et de la formation professionnelle.

L’idée d’un changement de République est ancienne chez Montebourg, qui militait déjà pour une modernisation des institutions au sein du Nouveau Parti socialiste, un courant fondé en 2003 avec Vincent Peillon et Julien Dray.

  • Le verbe haut

Arnaud Montebourg est connu pour sa truculence. Elle lui a d’ailleurs valu quelques ennuis quand, en 2007, il avait déclaré sur Canal+ : « Ségolène Royal n’a qu’un seul défaut, c’est son compagnon. » Le bon mot, qui visait François Hollande, alors premier secrétaire du PS, lui avait valu une suspension d’un mois de sa charge de parte-parole de la candidate.

On se souvient aussi de cette scène pittoresque de la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse en août 2014, qui avait précipité son départ du gouvernement. « Je vais lui envoyer une bonne bouteille de la cuvée du redressement, au président ! », avait lancé devant les journalistes celui qui était encore ministre de l’économie, avant de prononcer un discours très critique de la politique gouvernementale.

Plus récemment, M. Montebourg a mis en émoi son camp en invitant les électeurs de droite à participer à la primaire de la gauche. « Il y en a, j’en rencontre, je les invite à venir à la primaire – ceux qui le souhaitent – participer aux choix politiques de l’avenir du pays (…). Et je leur propose de battre le président de la République avec ma candidature », a-t-il lancé sur RTL le 24 novembre. Avant de rétropédaler quelques minutes plus tard, assurant qu’il s’adressait aux « électeurs de gauche et tous ceux qui veulent bien se joindre ».