Pour faire émerger leurs poulains, les labels ne rechignent pas à la dépense. Depuis le début de l’année, ils ont investi 4,5 milliards de dollars (4,23 milliards d’euros) dans la découverte, l’accompagnement et la promotion des artistes, affirme une enquête de l’International federation of Phonographic Industry (IFPI) publiée mercredi 29 novembre.

Bien qu’elles aient dû faire face une chute vertigineuse du marché depuis de nombreuses années – les ventes mondiales de musique ont progressé en 2015 pour la première fois depuis près de vingt ans – les maisons de disques ont maintenu leurs investissements. Elles consacrent 27 % de leur chiffre d’affaires dans le développement des artistes.

Pour devenir célèbre et imposer un jeune chanteur inconnu comme une signature internationale, l’étude de l’IFPI a calculé qu’il fallait débourser entre 500 000 dollars et 2 millions de dollars. Faire émerger un nouveau talent sur un marché majeur comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni nécessite des avances – pour donner aux artistes les moyens de travailler sur l’écriture, les répétitions – estimées entre 50 000 et 350 000 dollars.

Les frais d’enregistrement peuvent monter jusqu’à 500 000 dollars, tandis que la production vidéo coûte désormais entre 25 000 et 300 000 dollars. Il faut encore ajouter le soutien aux tournées (jusqu’à 150 000 dollars).

Le marketing et la promotion sont devenus le nerf de la guerre

Enfin les dépenses les plus importantes sont réalisées dans le marketing et la promotion (jusqu’à 700 000 dollars), devenus le nerf de la guerre, notamment dans le numérique.

Fait nouveau, les artistes locaux émergent désormais grâce au streaming. En France, en Allemagne, en Norvège ou aux Pays-Bas, le répertoire local n’a cessé de gagner du terrain ces dernières années grâce à cette diffusion Internet.

Malgré l’ampleur de ces investissements, la chance de miser sur le bon cheval reste faible. Moins de 10 % des artistes ainsi financés rencontreront le succès. Pour autant, les labels ont besoin de nouveautés et de forces vives : les artistes signés de moins de douze mois représentent aujourd’hui 21 % des contrats actifs.

Puisque la musique ne tient que par ses créateurs, une étude de l’Union européenne sur les investissements en recherche et développement (R&D) estime que le secteur musical investi ainsi « 16,9 % d’équivalent R&D » de son chiffre d’affaires. Soit un peu moins que le niveau atteint par l’industrie des logiciels et de l’informatique, mais plus que la pharmacie, la biotechnologie ou l’aéronautique…