LA LISTE DE NOS ENVIES

Cette semaine, avant de passer au musée d’Orsay, qui a concocté un week-end de festivités pour célébrer ses 30 ans d’existence, on se précipite à la galerie J. Kugel pour y admirer des horloges à automates créées au XVIe siècle, ainsi qu’au « cirque noir » qui a planté son chapiteau au Monfort, à Paris. On réserve aussi l’un des trois concerts où se produit, à Versailles et dans la capitale, le violoniste et chef d’orchestre Thibault Noally, et on met le cap vers les Trans Musicales de Rennes. Dans le train on pourra commencer la lecture du livre du graffeur Alexandre Stolypine, aka « Psyckoze Nolimit », qui connaît les catacombes parisiennes mieux que quiconque.

EXPOSITION. Des automates sidérants à la galerie J. Kugel, à Paris

Des automates du XVIe siècle exposés à la galerie J. Kugel, à Paris
Durée : 01:06

Derniers jours pour visiter une des expositions les plus rares de l’année, qui avait été prolongée d’un mois à cause du succès public – mérité – qu’elle a rencontré : les frères Kugel, antiquaires au sens moderne, mais aussi dans l’ancienne acception du terme, c’est-à-dire curieux de la découverte et de la connaissance qu’apporte l’Antique, ont réussi le petit exploit de réunir une trentaine de mécaniques sidérantes, des horloges à automates créées au XVIsiècle, qui sont autant des trésors d’ingéniosité que des chefs-d’œuvre d’orfèvrerie.

C’est en la matière la plus grande collection jamais assemblée. Pour l’essentiel fabriqués à Augsbourg, ville du sud de l’Allemagne qui comptait les meilleurs artisans de l’époque, encouragés par la présence dans la cité des plus puissants banquiers d’alors, la famille Fugger, ces merveilles de complexité, le plus souvent réalisées en bronze doré, ont orné la table des princes ou servi de cadeaux diplomatiques. Parmi les plus fervents amateurs, figurent les Turcs et les Chinois. On en lira toute l’histoire dans le catalogue de l’exposition, qui est un modèle du genre. Harry Bellet

Galerie J. Kugel, 25, quai Anatole-France, Paris 7e. Tous les jours, de 10 h 30 à 19 heures, jusqu’au samedi 3 décembre. Entrée libre.

MUSIQUE CLASSIQUE. Thibault Noally dirige Les Accents, à Versailles et à Paris

Le violoniste et chef d’orchestre Thibault Noally a été à très bonne école. Cet ancien élève de la Royal Academy of London, né en 1982 à Roanne (Loire), occupe depuis 2006 le poste de premier violon des Musiciens du Louvre de Marc Minkowski.

Musicien brillant mais homme discret, cet artiste apprécié dans nombre d’ensembles de musique baroque a commencé à enregistrer pour le label Aparté en compagnie du claveciniste Francesco Corti et de l’ensemble Pulcinella d’Ophélie Gaillard, quand il ne se produit pas en soliste, comme dans le magnifique récital Bach, Biber, Telemann, A violino solo, sorti en 2013. A Salzbourg, il est l’un des rares instrumentistes à avoir été invité à jouer sur les instruments ayant appartenu à Mozart.

Mais c’est à la tête de son ensemble, Les Accents, fondé en 2014 au Festival international de Musique baroque de Beaune (Côte-d’Or), que cet amoureux de l’art lyrique se produira le 3 décembre dans le rarissime oratorio Le Triomphe de la Justice divine, de Porpora, qui ouvre le cycle de concerts de Noël à la Chapelle royale de Versailles. Un événement qui sera suivi de deux concerts parisiens : le 5 décembre au Théâtre Grévin, avec la jeune mezzo Léa Desandre dans des motets de Vivaldi, puis le 9 décembre à l’église des Billettes dans un programme de musique baroque italienne justement intitulé « Follia Veneziana », reprenant une partie du disque Venezia 1700 qui vient de sortir chez Aparté. Marie-Aude Roux

Concerts avec Les Accents, Thibault Noally (violon et direction). Chapelle royale du Château de Versailles (78). Le 3 décembre à 20 heures. Tél. : 01-30-83-78-89. De 17 € à 90 €. Théâtre Grévin, Paris 9e. Le 5 à 20 h 30. Tél. : 01-48-24-16-97. De 22 € à 38 €. Eglise luthérienne des Billettes, Paris 4e. Le 9 à 20 h 30. Tél. : 01-42-77-70-09 (06-77-58-30-40). De 10 € à 20 €.

THÉÂTRE. Daria Deflorian et Antonio Tagliarini content l’histoire de quatre retraitées grecques à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, à Paris

« Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni » (« Nous partons pour ne plus vous donner de soucis »), de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, au Théâtre de la Colline en septembre 2015. | ELISABETH CARECCHIO

Les Italiens Daria Deflorian et Antonio Tagliarini reviennent avec un spectacle qui avait été très remarqué la saison dernière : Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni (« nous partons pour ne plus vous donner de soucis »). Ils se sont inspirés du Justicier d’Athènes, le roman de Petros Markaris, pour mettre en scène l’histoire de quatre retraitées grecques vivant seules, sans famille et sans enfant, qui ont décidé de mettre fin à leurs jours, comme plus de 3 000 de leurs compatriotes, victimes de la crise.

Les quatre retraitées, qui ne voulaient pas être une charge, sont convoquées très délicatement sur le plateau par Daria Deflorian et Antonio Tagliarini (accompagnés d’Anna Amadori et de Valentino Villa), qui se tiennent à une distance juste, avec émotion mais sans pathos. C’est du beau théâtre, humble et humain. Brigitte Salino

Ateliers Berthier de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, 1, rue André-Suarès, Paris 17e. M° Porte de Clichy. Tél. : 01-44-85-40-40. De 15 € à 36 €. A 20 heures, dimanche à 15 heures. Durée : 1 heure. En italien surtitré.

PORTES OUVERTES. Le Musée d’Orsay fête ses 30 ans, à Paris

Visuel (détail) des 30 ans du Musée d’Orsay à Paris, les 2, 3 et 4 décembre 2016. | © RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE D'ORSAY)

En plus d’un accès libre et gratuit pendant 48 heures, de vendredi soir à dimanche soir, le Musée d’Orsay a concocté un week-end de festivités pour célébrer ses 30 ans d’existence.

Avec deux temps forts : une soirée d’ouverture confiée au chorégraphe José Montalvo, qui s’est inspiré de l’esprit du lieu et de ses collections pour créer un spectacle-performance sur la représentation des corps (près de trente interprètes, danseurs, chanteurs et musiciens traverseront les salles du musée), et l’organisation d’un grand bal costumé en écho à l’exposition « Spectaculaire Second Empire », le samedi soir.

En journée sont prévues des visites, des rencontres, des danses, des projections de films sur le musée ou encore des ateliers et des parcours-jeu pour les enfants et les familles. Egalement à découvrir : une trentaine de prêts exceptionnels par des musées partenaires, à rechercher à travers le musée. Emmanuelle Jardonnet

Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion-d’Honneur, Paris 7e. Du vendredi 2 décembre à 19 heures au dimanche 4 à 18 heures.

FESTIVAL. Les Trans Musicales fusionnent les styles à Rennes

La 38e édition du festival de musiques se déroule à Rennes, du 30 novembre au 4 décembre. | TRANS MUSICALES DE RENNES 2016

Avec 48 artistes français sur les 101 groupes ou chanteurs programmés, du 30 novembre au 4 décembre, cette 38e édition des Trans Musicales de Rennes témoigne plus que jamais de la richesse et de la diversité de la scène musicale hexagonale. Souvent issus de l’underground, certains peuvent prétendre à une ambition nationale (voire au-delà), à l’instar de l’Ardennaise Fishbach, qui présente pendant cinq soirs ses refrains synthétiques au Théâtre de l’Aire libre.

Pôles principaux du festival, les quatre scènes du Parc Expo multiplieront les trouvailles inclassables fusionnant frontières, styles et époques. Parmi les plus excitants agitateurs de ces télescopages, le psychédélisme tribal des Sud-Africains de Bantu Continua Uhuru Consciousness (BCUC), le trio folk-rock estonien de Trad.Attack !, l’electro occitane de Super Parquet ou le flamenco expérimental de Nino de Elche. Stéphane Davet

Trans Musicales, à Rennes, du 30 novembre au 4 décembre. De 5 € à 30 €.

SPECTACLE. Le duo Stereoptik installe son « cirque noir » au Monfort, à Paris

Après sa création en juillet 2015 au Festival d’Avignon, où il avait « fait souffler un vent de poésie et de fraîcheur » (Le Monde daté du 23 juillet 2015), et une tournée à travers la France, le spectacle de Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet, Dark Circus, plante son chapiteau au Monfort (Paris 15e), jusqu’au 17 décembre. Une occasion à ne pas rater pour découvrir en famille (avec des enfants à partir de 7 ans) le petit monde magique créé en direct sur scène, à chaque représentation, par ces deux plasticiens et musiciens.

Comme pour leurs précédents spectacles, ils bricolent tout à vue sur le plateau, entre le théâtre d’ombres, d’objets et de marionnettes, le concert acoustique et électronique (toujours en live), le cinéma muet et le dessin animé.

A partir d’une histoire originale inventée par l’auteur et illustrateur Pef (le père du célébrissime Prince de Motordu) – celle d’un cirque sombre où tous les numéros finissent de façon tragique et dont le slogan est « Venez nombreux, devenez malheureux ! » –, ils ont imaginé une série de tableaux très graphiques et visuels, pour la plupart en noir et blanc, filmés par de petites caméras et projetés sur un grand écran.

Ils mêlent avec virtuosité dessins à la main (au feutre, fusain, crayon, sable, encre, etc., sur de grandes feuilles de papier et de toile cirée) ; manipulations de figurines en carton découpé ou en porcelaine, parfois devant des paysages qui défilent, ou dans des petits bacs remplis d’eau ; musiques et sons, avec quelques paroles (assez rares), surtout les annonces des numéros de cirque faites par un M. Loyal au visage sinistre et au look de rocker fatigué. Le tout avec un humour noir des plus réjouissants, qui sied parfaitement à ce Dark Circus. Cristina Marino

Le Monfort, Paris 15e, jusqu’au 17 décembre, du mardi au samedi à 20 heures.

GRAFFITI. Trente ans de création dans les catacombes avec Psyckoze

Teaser "Psyckoze, intime errance cataphile"
Durée : 01:54

A Paris, le terme de « catacombes » revêt deux réalités, avec d’un côté un ossuaire officiel, de l’autre un réseau de 300 kilomètres de galeries courant sur les carrières de pierre qui ont permis de bâtir la ville à la surface. Un territoire de l’ombre façonné par l’histoire de la capitale, et qui est assidûment fréquenté depuis les années 1980 par des « cataphiles » de tous horizons.

Le graffeur Alexandre Stolypine, aka « Psyckoze Nolimit », connaît ces « catas » mieux que quiconque, lui qui les a explorées depuis son adolescence et y a bâti une œuvre protéiforme sur trente ans, en parallèle de sa pratique dans la rue ou dans son atelier. Cette expérience au long cours donne lieu à un livre, Intime errance cataphile, où il dépeint la vie dans cette brèche urbaine à travers les époques, avec ses personnages charismatiques, ses lieux emblématiques, ses usages, ses fêtes, ses groupes et ses luttes intestines, notamment autour de la question du patrimoine et de la mémoire du graffiti.

« Psy » dédicacera sa publication à l’occasion de sa sortie, samedi 3 décembre, au sous-sol de la Galerie du Jour. L’occasion de rencontrer cette figure généreuse du milieu et de voir Traces, un court-métrage qu’il a réalisé sur une de ses œuvres-maîtresses à plus de vingt mètres sous terre. Emmanuelle Jardonnet

Galerie du Jour, 44, rue Quincampoix, Paris 4e. Samedi 3 décembre de 16 heures à 19 heures. Intime errance cataphile, h’Artpon éditions, 35 €.