Marine Le Pen, candidate du FN à la présidentielle, à Mayotte, le 30 novembre. | DAVID LEMOR / AFP

Une fois de plus, le Front national (FN) se retrouve dans la position du commentateur, voué à compter les points et à tenter de déterminer si la situation évolue en sa faveur. En l’absence d’adversaires désignés, Marine Le Pen ne voulait pas commencer sa campagne avant le mois de février 2017 et bien lui en a pris, tant les surprises se succèdent, de la victoire de François Fillon à la primaire de la droite jusqu’au renoncement de François Hollande, jeudi soir 1er décembre.

La présidente du FN, qui était dans l’avion du retour d’un déplacement à Mayotte au moment où le chef de l’Etat a annoncé sa décision, n’a réagi à la nouvelle que vendredi matin, à son arrivée en métropole… à l’occasion d’une visite au salon du cheval, au parc des expositions de Villepinte, au nord de Paris.

« Ce renoncement ne m’étonne pas. J’avais analysé que si Nicolas Sarkozy n’était pas candidat, François Hollande ne le serait pas non plus », a-t-elle déclaré. Et la députée européenne de se montrer confiante quant à la perspective d’affronter au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 François Fillon et Manuel Valls, vu comme le candidat putatif du Parti socialiste : « Aujourd’hui, je vais avoir contre moi les doublures. Ils ont souvent les défauts des premiers rôles, mais sans en avoir les maigres qualités. »

Fillon et Valls, « doublures » de Sarkozy et Hollande

Pour le FN, le renoncement de M. Hollande accrédite la thématique du « coup de balai », sur laquelle la formation d’extrême droite a fondé une partie de son succès. « L’éjection de la vie politique des responsables de ces dernières années est révélatrice d’un phénomène de fond : ceux qui échouent et tentent de revenir, les Français n’en veulent plus, estime Nicolas Bay, secrétaire général du FN. A cet égard, Fillon et Valls sont dangereux pour leurs camps respectifs. »

Face au renouvellement de l’offre proposé par rapport à la présidentielle de 2012, le parti d’extrême droite veut introduire l’idée que MM. Fillon et Valls, respectivement ex-premier ministre et premier ministre en exercice, sont les héritiers en droite ligne de MM. Sarkozy et Hollande. « Il faut que le grand coup de balai général continue. On ne peut pas continuer avec les doublures », a jugé le vice-président du FN, Florian Philippot. Certains frontistes mettent néanmoins en garde contre la certitude d’une victoire de Manuel Valls à la primaire socialiste, en janvier 2017. « Montebourg à ses chances », note un proche de Marine Le Pen.

Toujours est-il que les nouvelles têtes d’affiches proposées pourraient contribuer à réactiver le clivage droite-gauche, que le FN considère caduc, et mettre à mal la stratégie frontiste qui consiste à se poser comme la seule alternative possible. « On va assister ces prochaines semaines au bal des prétendants, tente de se rassurer M. Bay. Ils sont tous disqualifiés pour avoir exercé le pouvoir. » En clair, sortez les sortants.

Zapping : les réactions des politiques au renoncement de François Hollande
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