Donald Trump à son arrivée à Indianapolis (Indiana) le 1er décembre. | TIMOTHY A. CLARY / AFP

L’imprévisibilité revendiquée par Donald Trump n’épargne désormais plus le domaine de la diplomatie, soumis d’ordinaire aux règles de la prudence. La dernière manifestation en a été la conversation téléphonique entre le président élu des Etats-Unis et la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, vendredi 2 décembre.

En réaction, la Maison Blanche, occupée jusqu’au 20 janvier par Barack Obama, a réaffirmé son soutien à la politique de « la Chine unique ». « Il n’y a aucun changement dans notre politique de longue date », a déclaré à l’AFP Emily Horne, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

Il s’agit d’une première depuis la rupture des relations diplomatiques, en 1979, consécutive au rapprochement débuté cinq ans plus tôt entre Washington et Pékin, qui considère l’île comme faisant partie intégrante de son territoire. Malgré cette rupture, les échanges ont été prolongés à un niveau différent, illustrés par la présence à Washington du Taipei Economic and Cultural Representative Office, et à Taipei du American Institute, qui traitent l’un comme l’autre des affaires consulaires.

Pendant la campagne électorale, M. Trump avait vivement dénoncé l’agressivité commerciale de la Chine, l’accusant de manipuler sa monnaie. Il avait alors agité la menace d’imposer des taxes d’importation de 45 % pour les produits venant de Chine. Un sujet qui a cependant été évité lors du premier entretien du milliardaire avec le président chinois Xi Jinping, pendant lequel ce dernier avait plaidé pour un « respect mutuel ».

Des proches de Donald Trump à Taiwan

Au cours de leur conversation de vendredi, la présidente taïwanaise et M. Trump « ont pris note des liens étroits en matière économique, politique et de sécurité entre Taïwan et les États-Unis », selon le compte rendu diffusé par l’entourage du milliardaire. Ce dernier, qui ne s’est jamais exprimé sur Taïwan pendant la campagne, aurait-il l’intention de modifier la position américaine ? Cette conversation n’a certainement pas échappé à Pékin, qui devrait réagir vivement à ce précédent.

D’autant que l’entourage de l’homme d’affaires compte des proches de Taïwan. L’économiste Peter Navarro, contempteur de la politique commerciale de la Chine, fait partie des conseillers du candidat républicain en matière d’économie. La presse taïwanaise avait fait écho en juillet, en marge de la Convention républicaine d’investiture de Cleveland, du compte rendu élogieux pour la démocratie de l’île que ce dernier avait dressé à cette occasion. Pour la première fois, la plateforme programmatique du Grand Old Party avait d’ailleurs intégré les « Six assurances » données à Taïwan par le président républicain Ronald Reagan pour protéger l’île des visées de Pékin.

En octobre, un futur membre de l’équipe de transition de M. Trump, Edwin Feulner, ancien président du think-tank conservateur Heritage Foundation, avait pu rencontrer la présidente Mme Tsai. Le futur chef de cabinet de la Maison Blanche nommé par M. Trump, Reince Priebus, l’a également rencontrée, en octobre 2015, alors qu’elle n’était encore que dirigeante du Democratic progressive party. Alors président du Republican National Committee, M. Priebus s’était également rendu à Taipei pour le centenaire de la République de Chine, un titre que Pékin considère comme usurpé.

La conversation avec M. Trump intervient alors que l’élection de Tsai Ing-wen à la présidence de Taïwan, en janvier, a ouvert une période de tensions renouvelées avec Pékin.