Matteu Maestracci dans son émission « Le Clasico ». | Christophe ABRAMOWITZ

Depuis la rentrée, ­Matteu Maestracci est préoccupé par son apparence. Ce mercredi soir, le journaliste, pur produit de Radio France où il a fait pratiquement toute sa carrière, a opté pour une chemise noire. Dès 21 heures, son « Clasico » est diffusé simultanément à la télé et à la radio sur France Info, un bouleversement pour celui qui vient de fêter ses 36 ans. « Déjà, pendant mes études, je détestais la caméra. J’ai toujours préféré la radio où l’on peut se camoufler », avoue cet adepte du sweat à capuche qui a dû composer avec un styliste. La radio, il est tombé dedans petit, lorsque, enfant, il retrouvait dans les studios de la locale de Radio France en Corse son père, animateur d’une émission consacrée au rock insulaire.

Même s’il déteste être filmé, le journaliste sportif, qui souhaitait changer de secteur, n’a pas pu refuser la proposition de Laurent Guimier, le patron de la station, de présenter la tranche 21 heures-minuit. Pendant la première heure, Matteu Maestracci dirige « Le Clasico » un talk-show consacré au sport. Jadis très en vogue le soir, ce concept était néanmoins inédit en semaine sur les ondes de France Info. Comme l’indique le nom de l’émission, le foot domine. Pour autant, une place est accordée aux autres sports, en fonction de l’actualité, précise Matteu Maestracci.

« Sobre sur le ton »

Dans le studio télé de France Info, construit cet été au cœur de la Maison de la radio, Matteu Maestracci reçoit des journalistes pour parler tranquillement de sport. « L’idée, c’est d’être sobre sur le ton, pas bruyant ou cacophonique, avec du fond et de l’info », résume-t-il. « Le Clasico » invite aussi régulièrement des sportifs, des dirigeants de clubs, des patrons de fédération ou, tout simplement, des personnalités passionnées de sport. « Nous sommes très attentifs à l’équilibre du plateau pour ne pas avoir que des personnes qui se coupent la parole ou des experts. On ne fait pas un show », explique-t-il. Avec une pointe d’humour, Matteu Maestracci relance ses inter­locuteurs tout en regardant la ­caméra, un exercice qu’il a mis quelques semaines à maîtriser, il le reconnaît.

Depuis qu’il est filmé, le journaliste a appris à sourire et à ne pas faire trop de gestes. « C’est compliqué pour un Méditerranéen comme moi qui tripote son stylo comme un doudou. » L’autre contrainte pour Matteu Maestracci est de prendre garde à ne pas ­donner l’impression à l’auditeur qu’il y en a plus à la télévision. Ce qui n’est d’ailleurs pas le cas puisque France Info n’a pas les droits pour diffuser les images des matchs en direct.

Chaleur et humour

Etrangement, seule la première demi-heure du « Clasico » est disponible à la télévision. Néanmoins, Matteu Maestracci continue de regarder la caméra dans la deuxième partie. A 22 heures, le journaliste sportif se mue en « anchorman ». Il réintègre alors les studios radio pour présenter une tranche d’information.

Loin des spots, dans une atmosphère feutrée, on retrouve le rythme habituel de la station ponctué par les flashs, les rubriques ou des interviews. Compte tenu de l’heure tardive, beaucoup de sujets ont été préparés en amont, sous la direction de Julien Brigot, le rédacteur en chef du 21 heures-minuit. Avec sa voix chaleureuse et sa pointe d’humour, Matteu Maestracci apporte un ton particulier à cette tranche d’info. Et ça fonctionne : France Info est désormais leader le soir.