A l’issue de son audition au tribunal de grande instance de Paris mercredi 7 décembre, Ziad Takieddine pouvait ressortir sous le statut de témoin assisté ou être mis en examen. Le juge Serge Tournaire a choisi la seconde option.

M. Takieddine a été mis en examen pour « complicité de corruption d’agent public étranger » et pour « complicité de détournements de fonds publics en Libye », a expliqué son avocate Me Elise Arfi. A son arrivée au tribunal le matin même, vers 9 h 30, M. Takieddine avait déclaré :

« Il est temps qu’on fasse la lumière sur tout, et c’est à la justice de le faire. »

L’homme d’affaires franco-libanais était entendu dans le cadre de l’enquête qui porte sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Des soupçons auxquels il a contribué, notamment en révélant au site Mediapart avoir remis trois valises contenant 5 millions d’euros d’argent libyen à M. Sarkozy et Claude Guéant, en 2006-2007.

Dans le cadre de cette affaire, M. Takieddine a été auditionné le 15 et le 17 novembre par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, à Nanterre. Lors de ces auditions, il a dit avoir eu tardivement la confirmation de l’existence de versements entre la Libye et la France en vue d’un financement occulte, mais il ne s’était pas impliqué dans des remises de fonds.

« Corruption très étendue »

Ziad Takieddine: «J'ai remis trois valises d'argent libyen à Guéant et Sarkozy»
Durée : 16:30

Les faits allégués par M. Takieddine ont déjà été évoqués en 2012 par l’ancien chef des services de renseignement libyen Abdallah Senoussi, lors d’une audition dans le cadre de poursuites de la Cour pénale internationale (CPI), révélée récemment par Mediapart. M. Senoussi avait affirmé avoir « personnellement supervisé » le transfert de 5 millions d’euros pour la campagne en « 2006-2007 », selon des éléments de l’enquête des juges d’instruction français sur un possible financement libyen.

Les juges ont par ailleurs obtenu la communication de carnets de Choukri Ghanem, ex-ministre du pétrole libyen, qui mentionne un financement. « C’est de la corruption très étendue, très profonde, qui existe en France et qui a fait beaucoup de peine aux Français », affirme M. Takieddine.