Le correspondant de Radio France internationale Ahmed Abba à Yaoundé. | HANDOUT / AFP

« Le 4 janvier, il en sera à plus de 17 mois de prison. Nous le répétons, c’est insupportable pour un innocent », a déploré la direction de RFI, mercredi 7 décembre, à l’issue d’une nouvelle audience devant un tribunal militaire à Yaoundé. « Il », c’est Ahmed Abba, le correspondant de Radio France internationale en langue haoussa au Cameroun, détenu depuis le 30 juillet 2015 et dont le procès devrait reprendre le 4 janvier.

La radio publique française, très écoutée en Afrique, espérait la relaxe de M. Abba, poursuivi pour « complicité » et « non-dénonciation d’actes de terrorisme » dans le cadre de son travail de journaliste sur les jihadistes nigérians de Boko Haram, actifs dans le nord du Cameroun.

Ahmed Abba, qui a toujours clamé son innocence, risque la peine de mort, peine prévue par une loi controversée de lutte contre le terrorisme en vigueur depuis fin 2014. Mercredi, Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangères, lui a apporté son soutien sur les antennes de RFI :

« Nous défendons ce journaliste qui faisait son travail, nous le savons, et qui est détenu dans des conditions que nous n’acceptons pas (…) Nous n’avons pas cessé de multiplier les interventions auprès des autorités camerounaises, nous allons encore le faire ces prochaines heures car nous souhaitons effectivement sa libération ».

Un dossier « vidé de toute substance »

S’il est maintenu en prison, c’est parce que « les experts chargés d’analyser ses ordinateurs et téléphones n’ont pas rendu le rapport que le président du tribunal leur avait commandé le 19 octobre dernier », a déploré la direction de RFI.

Le tribunal avait demandé à deux experts de produire d’ici mercredi un rapport sur le matériel saisi chez le journaliste après son interpellation, mais aucun ne s’est présenté au tribunal, a confirmé l’un des deux avocats de l’accusé.

Le matériel saisi chez le journaliste « ne contient aucune preuve puisque les enquêteurs l’ont déjà largement fouillé », a affirmé la direction de RFI, pour qui le dossier « s’est vidé de toute substance au fil des audiences ».